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Un An Après, Qui Pour Incarner L’Opposition À Emmanuel Macron ?

© Getty Images

Alors que le chef de l’Etat va prochainement fêter son premier anniversaire sous les ors de l’Elysée, les opposants sont légion…mais parfaitement inaudibles. Avec un Parti socialiste et des Républicains en pleine reconstruction, des fantassins de la « France Insoumise » volontaires mais peu efficaces sur la durée, et un Front national qui panse encore ses plaies de la présidentielle…Qui pour incarner une véritable alternative à la politique d’Emmanuel Macron ?

16 mai 2017. 20H. Sans surprise, ni le moindre suspense –hormis peut-être celui relatif à l’écart le séparant de son adversaire Marine Le Pen- Emmanuel Macron est élu président de la République avec 66% des suffrages. Un coup d’essai qui s’est mué en coup de maître pour celui qui ne s’était jamais frotté au suffrage universel avant de se lancer dans le grand bain de la présidentielle. Car, en effet, Emmanuel Macron, et on peut le mettre à son crédit, n’a rien de l’apparatchik, familier des tambouilles partisanes. Hormis un passage à Bercy et au secrétariat général de l’Elysée – deux nominations – le « néo-président » n’avait jamais arpenté les marchés, multiplié les visites thématiques, rempli des salles et électrisé les foules par ses laïus enflammés. Si « cette première fois » s’est avérée être une réussite, cette campagne électorale n’a pas été de tout repos pour le nouveau président élu.

Peu rompue à l’exercice mais particulièrement bien huilée, la « mécanique Macron », si elle a parfois donné l’impression de s’enrayer – notamment durant l’entre-deux tours – s’est finalement avérée payante dans les urnes. Au point de recomposer (enfin) le paysage politique français. Avec une droite qui, pour la première fois sous la Ve République, n’est pas parvenu à hisser son représentant (François Fillon) au second tour, et un PS laminé (6,3% des voix pour Benoît Hamon au ), la reconstruction des deux anciennes puissances régnantes  de la vie politique française s’apparente à un long chemin de croix. Premier de cordée – pour reprendre l’expression chère à Emmanuel Macron- l’ancienne majorité, incarnée par le Parti socialiste.

Parti Socialiste

En déconfiture totale lors de l’élection présidentielle, la majorité sortante a assisté, impuissante, au lendemain des élections législatives, à la fuite «  des cerveaux » Benoît Hamon et Manuel Valls en tête, eux qui ferraillaient pourtant quelques mois auparavant pour porter l’étendard du parti à la rose et conquérir la magistrature suprême. Avec 28 députés + 3 apparentés, le PS est devenu quantité négligeable au Palais Bourbon, alors ils étaient 295 parlementaires socialistes dans la mandature précédente. Outre Benoît Hamon et Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian a également quitté le navire tandis que d’anciens ténors comme Martine Aubry ou Ségolène Royal ont pris du « recul ». Visiblement consciente de l’ampleur de la tâche, Najat Vallaud-Belkacem n’a, de son côté, même pas tenté de se lancer à la conquête du parti, préférant se réfugier dans le privé, en attendant des jours meilleurs. Aujourd’hui dirigé par Oliver Faure, le PS va prochainement prendre ses nouveaux quartiers à Ivry-sur-Seine et œuvrer à sa longue convalescence. Il semble en l’état trop faible (troupes, personnalités, moyens financiers) pour espérer donner de la voix face à la République en Marche!

Les Républicains

La problématique est peu ou prou similaire à celle de l’ancien « meilleur ennemi » socialiste, avec néanmoins des troupes plus importantes dans les travées du Palais Bourbon (le deuxième groupe en termes d’effectifs derrière LaRem). Mais la question reste la même : à savoir comment se détacher de l’étiquette « ancien monde » et revêtir les habits de premier opposant à la politique gouvernementale ?  Avec un nouveau capitaine à sa tête, Laurent Wauquiez, Les Républicains qui ont vu trois des leurs (Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérard Darmanin) céder aux sirènes de la Macronie, cherchent encore le bon tempo. Mais la nature clivante de leur nouveau chef n’est pas de nature à les porter au pinacle pour le moment (dans un sondage récent Ifop-Fiducial pour Paris Match, Sud Radio et CNEWS,, dans l’hypothèse d’une candidature de Laurent Wauquiez pour représenter Les Républicains à la présidentielle, Emmanuel Macron obtiendrait 36% des suffrages exprimés, devant Marine Le Pen, 23% tandis que le patron des Républicains ne remporterait que 8% des suffrages exprimés).  Si la « jeune génération » incarnée par Lydia Guirous ou encore Guillaume Peltier n’hésite pas à porter l’estocade sur les plateaux télé et radio, cela demeure encore un peu juste (en nombre et en impact) pour faire trembler la République en Marche !

Les Insoumis

Bonne surprise de ce début de quinquennat après leur entrée triomphale à l’Assemblée nationale, les « Insoumis » de Jean-Luc Mélenchon » sont progressivement rentrés dans le rang. Toutefois, cette « nouvelle offre politique » a permis à de jeunes députés, notamment Adrien Quatennens, d’émerger et de battre le fer, avec un certain talent, avec les parlementaires de « LaRem ». Particulièrement impliqués, n’hésitant pas à donner de la voix, lors du débat sur les APL avec le « panier de provisions à 5 euros » brandi par Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbière, les « Insoumis » se sont avérés un peu « juste » sur la distance, étouffés par une majorité difficile à saisir, dans tous les sens du terme. Malgré un contexte social particulièrement favorable à leurs idées, la France Insoumise, là-aussi, peine à se faire entendre, malgré le talent de bateleur hors-pair de Jean-Luc Mélenchon.  Elu député de Marseille, il a, enfin, semblé s’intéresser à son « nouveau territoire » la semaine dernière en postant une photo de lui en direct du Stade Vélodrome où se disputait la demi-finale d’Europa League, OM-Salzbourg. Se feignant d’un tweet « Aux Armes ! Allez l’OM », il est devenu la risée des réseaux sociaux…lui qui déclarait, en 2010, « trouver choquant de voir des RMIstes applaudir des millionnaires ». Pas l’idéal pour se détacher de son image de parachuté dans la cité phocéenne.

Front national

Pourtant finaliste de la dernière présidentielle , le Front national n’est pas parvenu à incarner la première force d’opposition que ce « statut » pouvait lui conférer. Marine Le Pen a semblé longtemps porter sur ses épaules ce débat télévisé d’entre-deux tours catastrophique (et sa malaisante punchline : « ils sont dans les villes, dans les campagnes, ils sont sur les réseaux sociaux »). Admettant elle-même une certaine forme de « blues » post-élection, la présidente frontiste a également dû faire face au départ de son lieutenant Florian Philippot, parti volé de ses propres ailes. Privée de ses conseils et de sa présence médiatique, le Front national est comme entré en hibernation, avant le retour sur le devant de la scène médiatique de Marine Le Pen à l’Emission Politique, la grand-messe de France 2. Juste le temps de signer la pire audience de l’histoire de l’émission. Réélue sans tambours ni trompettes à la tête du FN en mars dernier, certains, en interne, réclament même le retour de Marion-Maréchal Le Pen, seule capable à leurs yeux de « briser le plafond de verre » et réussir la fameuse « union des droites ». Mais pour le moment, le statut quo prédomine du côté de Nanterre.

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