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Emmanuel Macron Ou « L’Optimisme Béat »

Dans la foulée de l’accession d’Emmanuel Macron à l’Elysée, la place de Paris s’est particulièrement enhardit, permettant notamment au CAC 40 de signer sa meilleure performance hebdomadaire de l’année 2017 durant la semaine suivant le premier tour, les marchés ayant d’ores et déjà entériné sa victoire face à l’épouvantail Marine Le Pen. Un optimisme « un peu béat » pour Christopher Dembik, responsable Groupe de la recherche macroéconomique pour Saxo Bank qui fait le point sur les prochaines échéances.

« En France, c’est un optimisme, un peu béat, qui domine après l’élection d’Emmanuel Macron. C’est un peu comme si, du jour au lendemain, tout avait changé. Fondamentalement, l’économie française va un peu mieux. Mais il faut rendre à César ce qui est à César : l’amélioration économique est liée, en partie, aux mesures prises ces trois dernières années par le précédent gouvernement ». L’analyse, finement ciselé est signée Christopher Dembik, qui déjà, lors d’un précédent entretien pour Forbes France mettait en exergue l’exagération du risque politique par les marchés. « Chouchou » de ces derniers après la « démonétisation » de la candidature Fillon et le repoussoir constitué par les deux représentants des extrêmes – Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen-, la vague « Macron » semble avoir tout emporté sur son passage y compris la mesure, la pondération, et la prudence, vertus cardinales des investisseurs. Avant de rafler avec sa République en Marche ! (LREM) la majorité absolue au Palais Bourbon, comme en atteste les derniers sondages ? Aucun doute pour notre analyste qui fonde son analyse sur quatre points principaux.

  • Depuis la mise en œuvre du quinquennat au début des années 2000, les Français ont toujours fait preuve de cohérence et ont donné au Président de la République une majorité afin qu’il soit en mesure de mener à terme son programme de campagne.
  • Emmanuel Macron et son gouvernement peuvent compter sur l’appui éventuel de parlementaires « macron-compatibles » qui n’ont pas été investis par LREM.
  • La recomposition politique est en marche. Le quinquennat Hollande a détruit l’assise électorale du PS qui était très forte au niveau régional en 2012. Emmanuel Macron a réussi à noyauter LR en nommant à des postes clés des responsables historiques du parti comme le Premier ministre Edouard Philippe.
  • Une partie importante des électeurs redoute que le FN gagne la présidentielle de 2022 si le gouvernement actuel ne réussit pas à résoudre les problèmes de la France.

Un dernier point un « curieux », voire même « irrationnel » selon Christopher Dembik mais qui pourrait, en effet, aboutir à un effet « vote utile » en faveur des aspirants députés auréolés du label « République en Marche! » et assimilés.

Relance de l’économie / Ordonnances

Là aussi, pas de recette miracle, sinon tout aurait déjà été mis en œuvre pour offrir un second souffle à une économie qui peine encore à offrir des résultats tangibles. Même si, comme évoqué en préambule, on sent poindre certaines améliorations. « La reprise économique se confirme bien qu’elle soit poussive. L’investissement a bien tenu au T1 2017 et on observe surtout que la croissance est plus riche en emplois, essentiellement grâce aux mesures de compétitivité prises ces dernières années. L’acquis de croissance au T1 (0,7%) reste toutefois trop faible pour envisager que la croissance pour 2017 atteigne 1,5%, comme escompté par le précédent gouvernement », abonde Christopher Dembik. Autre chantier, la réforme du marché du travail, que le gouvernement souhaite voir aboutir au sortir de l’été, et qui repose sur les ordonnances.

Concrètement, avec une ordonnance, le Parlement délègue son pouvoir de légiférer au gouvernement. Légiférer via ce biais est synonyme de gain de temps et d’efficacité (car cela évite que le projet de loi fasse des allers-retours entre les deux chambres du Parlement). Mais est-ce pour autant synonyme d’efficacité ? Rien n’est moins sûr. « Légiférer par ordonnance n’évite pas une fronde de la part des syndicats, comme c’est courant en France. Afin de l’éviter, le gouvernement pourrait décider d’appliquer la clause du grand-père à la réforme du marché du travail. Cela signifie que les changements décidés ne s’appliqueront qu’aux nouveaux entrants, à partir d’une date prédéfinie, et ne concernera pas ceux déjà en activité », souligne l’analyste.

La productivité en étendard

Concernant les principales réformes « au long cours » à mener pour le gouvernement d’Edouard Philippe, la priorité doit être essentiellement mise sur la productivité, selon Christopher Dembik. « Le vrai défi pour la France n’est pas la compétitivité mais la productivité. Le ralentissement de la productivité du travail pèse sur la croissance potentielle du PIB et sur le niveau de vie. Pour la relancer, il faut notamment miser sur la formation professionnelle. Il n’y a pas de déficit de financement mais un problème réel d’allocation des ressources ». Pour ce faire, une solution, selon l’analyste, un savant mélange entre « tradition et modernité » : « Il faut miser sur les nouvelles technologies, le numérique mais aussi des secteurs traditionnels de l’industrie où il y a un manque réel de main d’œuvre (selon le Medef, 1/3 des entreprises industrielles déclarent faire face à ce problème) ». Exit l’optimisme, place au travail.  

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