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Qui Est Rivian, Le Nouveau Rival De Elon Musk ?

rivianDeutschland, Bayern, Irschenberg, Tesla, Elektro-Auto, Tankstelle, Source : Getty Images

Il est huit heures en ce petit matin de janvier, et la température dans la petite ville de Normal, Illinois, juste au sud de Chicago, est bien en dessous de zéro. Le petit étang en face de l’usine d’assemblage de Rivian Automotive’s s’est transformé en glace, l’herbe est gelée et on prévoit de la neige. À l’intérieur de l’usine, il ne fait pas plus chaud dans les 2,6 millions m2 d’atelier de construction qui ont nécessité 750 millions de dollars. A la fin de l’année, des camions à batterie, des fourgons et des SUV en sortiront.

La seule partie fini est le deuxième étage à l’avant du bâtiment avec une vue sur l’usine, où se situait les bureaux de l’ancien propriétaire, Mitsubishi. A l’époque, l’accès était restreint aux personnes en costumes. Désormais, c’est un grand espace de travail ouvert pour tout le monde avec une cafétéria. Le concept des deux bureaux était de fusionner l’esthétique industriel et extérieur qui reflète la marque de l’entreprise. Rivian, fondé en 2009, sort son premier véhicule cette année, mais détient d’autres activités à San José et Irvine en Californie pour développer sa technologie et ses batteries. 

D’après le PDG et le fondateur de Rivian « Quand, on aura fini de nettoyer, peindre et installer l’équipement, on pourra éventuellement produire 250 000 véhicules par an d’ici 2025. »
Lancer une entreprise indépendante de voiture n’est pas une tâche facile. Les deux plus grands échecs du monde de l’industrie automobile sont Preston Tucker, qui voulait rivaliser avec Detroit vers la fin des années 1940, et John DeLorean dans le début des années 1980. Au 21e siècle, produire une gamme de véhicules est encore plus difficile qu’à l’époque de Tucker et DeLorean.

Rivian rentre dans le marché éléctrique 

Avec l’émergence de Rivian, le marché des véhicules électriques n’est plus dominé par Tesla. En effet, 2020 seraient la décennie des voitures électriques. D’après une étude de Oppenheimer, les hybrides électriques rechargeables comptent pour 2,2 % des véhicules du dernier trimestre de 2019. Mais les choses changent rapidement. Alors qu’en 2018, seulement 5,1 millions de voitures étaient vendues dans le monde, ce chiffre va sûrement augmenter au cours de cette décennie. 

Cependant, la construction d’un véhicule électrique nécessite un investissement dans la recherche de composants de batteries et les groupes motopropulseurs. La seule entreprise dans ce domaine à avoir du succès est Tesla et ce fut difficile pour eux aussi. 

« On a passé beaucoup de temps à regarder et à comprendre comment les différents constructeurs d’automobile fonctionnaient. Et aussi pour comprendre les risques associé à la construction d’une entreprise et le capital nécessaire » selon Scaringe. Sur les 13 derniers mois, son équipe a réussi à lever des fonds de 2,85 milliards $ pour l’avenir de Rivian. Amazon et d’autres ont investit 700 millions $ en février 2019. Ford, deux mois plus tard a mis 500 millions $. En septembre, Cox Automotive ont sorti 350 millions $. Et si ce n’était pas assez pour élever les ambitions de ScaringeT.Row Price a investit 1,3 milliards $ juste avant Noël. 

Cette infusion précoce de capitale a permis à Rivian d’avoir une valeur juste au-dessus de 5,5 milliards $. On estime que Scaringe possède plus de 20 % de l’entreprise, ce qui fait de lui le plus récent milliardaire de l’automobile. Les investissements ont aussi permis de tripler la main d’œuvre de l’entreprise, passant de 700 emplois en 2018 à plus de 2000 aujourd’hui.

Mais la question reste : même avec 3 milliards $, est ce que Rivian peut réaliser le rêve électrique de Scaringe ? 

Jusqu’à maintenant, l’aventure est moins périlleuse que celle de Elon Musk avec son premier véhicule. Tesla avait réussit à lever des fonds de 100 millions $ entre 2003 et 2008 pour produire le Roadster, qui fut rapidement abandonné pour le model S et sa construction nécessitait un investissement de 350 millions $. Pour le model 3, ce fut aussi compliqué. Des problèmes liés à la chaîne logistique et la volonté de Musk de perturber le processus de fabrication ont retardé les livraisons pendant plus de deux ans avec une série de problèmes lié au contrôle de la qualité. L’opération leur a coûté plusieurs centaines de millions de dollars et l’entreprise a eu des milliards de dettes alors qu’elle cherchait à augmenter sa production.

Est ce que la sortie du premier véhicule sera un moins gros problème pour Rivian que pour Tesla ? Scaringe ne pense pas : « Les choses tourneront mal ». Mais il est confiant que l’entreprise pourra surmonter les périls et les obstacles qui les opposent. 

L’engouement de Scaringe pour l’automobile

R.J.Scaringe a commencé à rêver de lancer sa propre entreprise de voiture au lycée. Mais contrairement à d’autres étudiants avec la même ambition, il a étudié l’ingénierie. Sa vision a changé en 2007, lorsqu’il a assisté au prestigieux Sloan Automotive Lab à MIT, où il a obtenu son doctorat, « Je devenais de plus en plus conscient des problèmes liés à l’automobile comme la géopolitique, le climat, la qualité de l’air et autre, ces problèmes sont devenu source d’un conflit interne pour moi. » Il a abandonné son idée d’avoir une voiture de sport à gaz pour une voituré alimenté par des batteries, ressemblant à la Roadster de Tesla. 

Après avoir obtenu son doctorat en 2009, Scaringe est retourné chez lui à Melbourne, en Floride, où il a fondé l’entreprise qui est devenu Rivian. Lui et son équipe ont passé quatre ans à développer un type de voiture électrique avant que Scaringe ne se rende compte d’un défaut dans ces véhicules.

Il a aussi passé presque une décennie à développer une plateforme de skateboard innovante, un châssis contenant une batterie, une suspension et un moteur électrique pour la propulsion et un ordinateur pour contrôler le tout. Et, en novembre 2018, Rivian a dévoilé ses deux prototypes au Los Angeles Auto Show : le R1S, un SUV électrique à sept places, et le R1T, une camionnette électrique. 

L’entreprise espère livrer 20 000 unités (camionnettes et SUV) en 2021 et 40 000 en 2022, ce qui pourrait revenir à 1,4 milliards $ et 2,8 milliards $ si tout se déroule comme prévu. En comparaison, Tesla a vendu 25 000 unités du model X en 2016. 

Au-delà des deux premiers véhicules sortis, Scaringe indique qu’il y en aura trois de plus d’ici 2024. Le fondateur de Rivian admet qu’il y aura un des prototypes qui sera plus petit que l’autre et considérablement moins chère. C’est une stratégie similaire à celle de Land Rover avec son Defender. Et Scaringe pourrait donner des maux de tête à Elon Musk s’il arrive à garder son prix en dessous de 50 000 $.  

Tesla domine le marché des véhicules électriques, leurs activités représentent pratiquement 80 % des ventes aux Etats-Unis, et Rivian sera confronté à une forte concurrence dans le secteur des SUV de luxe à batterie. Le SUV R1S sera sur le marché lors du printemps avec le Mercedes-Benz EQC (prix débutant à 67 900 $) et l’Audi e-tron SUV (74 800 $), le Jaguar i-Pace (69 500 $) et le model X de Tesla (84 990 $).

Dans la catégorie des camionnettes, Rivian sera sans réelle compétition, malgré les débuts de la Cybertruck de Tesla, elle ne sera pas produite avant 2022. Ford et General Motors ont promis de sortir des pick-up électriques dans les prochaines années. 

Rivian affirme que les modèles R1S et R1T offriront une performance extraordinaire avec une portée d’un peu plus 650 kilomètres, soit disant presque 120 kilomètres de plus que n’importe quel autre véhicule électrique. Les deux modèles pourront sprinter de 0 à 100 km/h en trois secondes. Et surtout, Rivian promet une possibilité de conduire les véhicules hors des routes, contrairement à Tesla. L’entreprise va aussi construire une infrastructure de chargement comme le SuperCharger de Tesla. En terme de prix, le pick-up de Rivian coûterai autour de 69 700 $ et le SUV à 72 500 $. 

Les partenaires du projet 

Construire une armoire de guerre de 3 milliards $ d’Amazon Ford et Cox en si peu de temps est impressionnant, mais ce ne sera pas assez pour produire à grande échelle et rivaliser avec Musk. Les partenariats forgés par Scaringe ne sont pas juste des histoires d’argent. Dans le cas de Ford, les deux entreprises vont construire ensemble une voiture électrique. Même si Scaringe est réticent d’en parler, le véhicule sera un SUV avec la marque de Ford’s Lincoln. 

Rivian espère que l’alliance avec Ford va permettre à l’entreprise de grandir au-delà de ses propres offres de véhicules électriques. Pour Ford, l’objectif est de garder les options de l’entreprise ouverte et poursuivre avec la meilleure option pour atteindre ses objectifs électriques : 40 véhicules électriques d’ici 2022. 

Pendant ce temps, Amazon cherche à développer une camionnette de livraison à piles pour son objectif zéro carbone dans toutes ses activités d’ici 2040 et utilisait que des énergies 100 % renouvelables d’ici 2030. En conséquence, Amazon a commandé 100 000 fourgons. Au moins 10 000 devraient être sur la route d’ici 2022 et le tout en 2024. 

Mais c’est le partenariat avec Cox qui pourrait causer le plus de problèmes pour Musk. Alors que Tesla avait plus de 100 services dans 30 états, Cox a généré plus de 55 millions de services en 2019. Si quelque chose va mal avec un R1T ou R1S, l’idée est qu’un client pourrait aller emmener son véhicule dans un service de Cox pour le faire réparer assez rapidement, quelque chose que Tesla a du mal à faire. 

R.J.Scaringe : un homme simple 

Le nom de la ville d’Illinois d’où vient Rivian est un adjectif parfait pour décrire Scaringe : Normal. Alors que Musk est plus un homme qui se concentre sur son image, Scaringe est plutôt discret. On voit Musk être pris en photo avec les stars et les mannequins. Mais Scaringe est un homme de famille même s’il la voit plus rarement en ce moment. Sa femme, Meagan, et ses trois fils ne le voient que du vendredi au dimanche soir à Irvine en Californie. Le dimanche soir, il prend un avion pour Michigan et répète le processus chaque weekend. 

Quand l’usine à Mitsubishi a fermé en juillet 2015, l’ambiance à Normal était sombre. Même quand l’usine à été vendu pour 16 millions, les habitants étaient sceptique du nouveau propriétaire. Mais ce sentiment est vite parti d’après le maire Koos : « Rivian a montré son intérêt pour la vie de la communauté, la qualité de l’éducation, le prix du logement et l’accès aux transports. » L’été dernier, l’entreprise a eu une journée d’avant-première pour répondre aux questions des habitants. Cet événement a eu un grand impact sur la perception de la ville sur Rivian et est devenu important lors du recrutement des employés. 

Avec la ville de son côté, Scaringe est désormais sur une mission pour mener Rivian à son premier cycle de production et élargir sa gamme. Néanmoins, il est trop tôt pour savoir qui va gagner la guerre des véhicules électriques, mais Rivian est une des quelques entreprises avec une grande chance de prospérer, d’après Sam Abuelsamid de Navigant. Il pense même que Rivian pourrait être dans une meilleure position que Tesla à l’avenir : « Si on parle de qui potentiellement pourrait avoir le plus grand volume, le plus de véhicule sur le marché au moyen terme, je dirais Tesla, mais Rivian est en meilleure position pour réussir grâce à la nature des produits qu’ils ont. »

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