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Football Féminin : Les Risques De Lésion Cérébrale Sont Sous-Évalués

football fémininGetty Images

En 1999, la footballeuse américaine Brandi Chastain marque l’histoire du football féminin à tout jamais. Son but en Coupe du monde féminine fait alors tous les gros titres, et sa contribution à la démocratisation de son sport aura des répercussions bien au-delà du terrain, pour atteindre le domaine des neurosciences.

Les études sur les femmes dans le monde de la santé se font rares. Pendant des décennies, les médicaments et dispositifs médicaux ont été testés sur des sujets masculins, puis ces résultats extrapolés aux femmes. Même dans l’armée, les femmes utilisent des équipements conçus pour des hommes, augmentant ainsi leur risque de blessures. Pourtant, en l’absence d’informations fondamentales spécifiques aux femmes, impossible de fournir à ces dernières un service adapté.

Dans son livre Invisible Women, Caroline Criado-Perez affirme que : « Puisque tant de données ne prennent pas en compte le genre, puisque nous considérons les hommes comme la valeur par défaut et les femmes comme atypiques, alors les préjugés et la discrimination sont ancrés dans notre système ».

Ceci est particulièrement vrai dans le domaine des neurosciences, où les différences entre les genres sont tristement négligées, malgré quelques progrès ces dernières années. Mais à l’avenir, les femmes devraient être prises en considération dans la recherche médicale, notamment grâce aux footballeuses Brandi Chastain et Michelle Akers, qui amènent des changements à la fois sur le terrain et en dehors.

Depuis 1991, la Coupe du monde féminine de football offre une vitrine du succès aux filles et aux femmes du monde entier. Cette compétition ouvre la voie aux débats sur l’égalité salariale, le harcèlement sexuel, les inégalités, et même les lésions cérébrales. En 2019, le premier Colloque du Football Féminin s’est tenu à Paris, rassemblant des leaders du monde du sport et de la politique afin de débattre de l’émancipation des jeunes femmes à travers le football. Il a notamment été décidé que les femmes devraient sensibiliser leurs homologues aux dangers des lésions cérébrales dans le sport, qui sont ignorés par les hommes.

Rianne Shorel, ancienne footballeuse et désormais ambassadrice de la Coupe du monde féminine, est porte-parole des personnes souffrant de lésions cérébrales liées au sport. Depuis 11 ans et la fin de sa carrière, elle subit les séquelles d’une commotion cérébrale. Elle aspire aujourd’hui à sensibiliser le public sur l’importance de la compréhension de la santé cérébrale dans le sport, notamment grâce à son livre My Life With My Concussion.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à jouer sur ce terrain. De plus en plus de témoignages font état de lésions cérébrales causées par le football féminin (mais également le football américain) et de leurs conséquences. Alex Danson, médaille d’or de hockey sur gazon, explique : « J’ai perdu mon identité et je ne pouvais plus lire après ma commotion cérébrale ».

À ce jour, la recherche estime que le taux de commotions cérébrales des footballeuses est similaire, voire plus élevé que chez les autres femmes. Mais grâce à un nouveau programme de l’Université de Boston, intitulé SHINE (Soccer, Head Impacts and Neurological Effects), les chercheurs vont pouvoir se pencher sur le cas d’anciennes joueuses. Cela permettra notamment d’étudier les pertes de mémoire subies par Brandi Chastain et Michelle Akers, puisqu’on ne sait pas encore si elles sont dues au vieillissement ou aux milliers de frappes de la tête effectuées au cours de leur carrière.

Pour mieux comprendre l’impact de ces frappes de la tête, Bob Stern (docteur à l’Université de Boston) s’est penché sur les traumatismes consécutifs aux commotions, qui apparaissent sur le long terme. Son équipe étudiera le cerveau de 20 anciennes footballeuses, aujourd’hui âgées de 40 ans et plus, afin de mieux comprendre les lésions cérébrales, la dégénérescence, et le rôle des sports de contact sur la santé des athlètes.

C’est grâce à la voix de Brandi Chastain et Michelle Akers que les footballeuses peuvent éveiller les consciences. « C’est la première fois que l’on étudie le cerveau de footballeuses, et c’est important de pouvoir en parler. Ce problème doit être étudié à la fois chez les hommes et chez les femmes, et jusqu’à présent ce n’était pas le cas », déclarait récemment Michelle Akers.

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