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« La Révolution Numérique Doit Nous Servir, Non Nous Asservir »

©BigBoss/NonStopProd

Donner du sens à la technologie. A mesure que nos sociétés assimilent – de gré ou à marche forcée – les bouleversements générés par la quatrième révolution industrielle, beaucoup d’acteurs du numérique, et même au-delà, s’interrogent sur le monde que nous façonnons et sur les tendances émergentes. L’expression de ce questionnement prendra prochainement la forme d’un livre blanc rédigé par les stratèges des politiques numériques de grandes entreprises telles que Carrefour, Danone, Orange, HSBC… sous l’impulsion conjointe de Maud Bailly du groupe AccorHotels, qui a rejoint récemment le Conseil national du Numérique (CNNum), et d’Hervé Bloch, fondateur des événements e-commerce les BigBoss. Parce que « la révolution numérique doit nous servir et non nous asservir », l’entrepreneur Hervé Bloch revient sur ce besoin d’inclusion.

Aujourd’hui, une proportion grandissante de personnes prend conscience de l’impact de l’intelligence artificielle, de la blockchain, des objets connectés… pour transformer nos économies, nos sociétés, et nous-mêmes. Comment amener les entreprises à ne pas manquer ce rendez-vous technologique avec l’inclusion, l’éthique et les valeurs humanistes ?

Hervé Bloch : La technologie peut être dévastatrice ou salvatrice… Il faudra toujours veiller à ce que la technologie fasse grandir l’humanité.  A l’heure où le gouvernement parle de nouvel objet social de l’entreprise à travers le Plan d’action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises (PACTE), les sociétés et leurs forces vives doivent capitaliser sur les avancées liées à la technologie sur tous ces sujets. Aujourd’hui une personne à mobilité réduite peut retrouver l’usage de ses jambes et une personne non voyante, l’usage de sa vue… en ce sens, la quatrième révolution industrielle peut être une formidable opportunité. A l’échelle de l’humanité.

« Donner du sens à la technologie » : vous soutenez « eSight », une start-up canadienne qui a mis au point une technologie exclusive de lunettes électroniques permettant aux personnes malvoyantes de voir sans chirurgie grâce notamment à un procédé algorithmique ; pourriez-vous revenir sur cette opération inédite que vous avez dévoilé lors de l’opus anniversaire des BigBoss début juin 2018 ?

H. B : Pour ce 10eme opus des BigBoss, j’ai voulu en effet donner du sens à la technologie en mettant en avant la start-up eSight. Nous avons décidé conjointement avec la société d’offrir deux paires de lunettes à un père et son fils. Nous avons convié le père sur place pour qu’il témoigne de ses premières heures de vision. Avec l’association à but non lucratif Retina, nous lançons une chaîne humaine caritative (www.lesbigbossgivessight.fr) pour financer d’autres paires de lunettes. Si eSight a vocation à changer la vie de millions de personnes, cette technologie reste pour le moment extrêmement coûteuse, la paire s’élève à 12 000 €.

De fait, j’ai souhaité mobiliser la communauté BigBoss en créant une chaîne humaine solidaire. Grandes entreprises du CAC 40 et start-up ayant participé à l’édition de la Summer 2018, sont ainsi mis à contribution pour sensibiliser leurs sociétés respectives, la finalité est double : encourager les dons et générer une dynamique autour de ce projet philanthropique. La somme récoltée sera annoncée lors de la Winter début décembre 2018. Par cet élan altruiste porté par la communauté digitale, nous espérons pouvoir offrir à l’association Retina d’autres paires de lunettes.

Vous militez pour « replacer l’humain au cœur de la relation business », parvenez-vous à trouver des relais pour faire vivre cette philosophie parmi les décideurs des sociétés du CAC 40 que vous côtoyez régulièrement à travers vos événements affinitaires ?

H.B : L’Homme est un mammifère qui a besoin de sentir, entendre, voir son interlocuteur pour valider une relation, ce qui s’avère essentiel dans le monde des affaires. On parle d’intuition, certains parlent de mentalisme mais finalement c’est juste se sentir bien avec une personne comme dans une relation privée ou familiale. La présence grandissante des sociétés du CAC 40 sur nos formats illustre le relais. On a même lancé des récurrences se traduisant par un dîner et une verticale dédiés à ces sociétés qui représentent le fleuron économique de la France. On voit d’ailleurs que toutes ont entamé leur mutation digitale, et nos formats les aident à accélérer sur les sujets.

Quelles sont aujourd’hui les principales problématiques des entreprises en matière de transformation numérique ? Quelles évolutions avez-vous observé ces dernières années ?

H.B : Les entreprises ont comme principales problématiques la data et la privacy, l’intelligence artificielle ou encore l’engagement. Selon moi, nous sommes dans une phase de prise de conscience : les premiers effets se ressentent mais de « mauvaises ondes » planent sur le numérique, souvent d’ailleurs, par peur illégitime liée à la méconnaissance. Les entreprises doivent considérer la transformation numérique comme un projet sociétal qui implique toute l’organisation jusqu’au sommet.

Les membres du jury de cette dernière édition estivale des BigBoss ont été invités à co-rédiger un livre blanc collaboratif sur les nouvelles tendances du digital. Maud Bailly, Chief digital officer d’AccorHotels, fraîchement nommée au Conseil national du Numérique (CNNum), fait notamment partie des rédacteurs : cet ouvrage a-t-il vocation à être présenté aux acteurs publics dont le secrétaire d’Etat en charge du numérique, Mounir Mahjoubi ?

H. B : Les têtes d’affiche du numérique qui ont composé le jury de l’édition estivale 2018 ont abordé des sujets passionnants : le consentement, la transformation culturelle, le « phygital », la disruption sociale, la personnalisation, le contenu, la smart data, le dialogue connecté, l’engagement, la vie privée, la révolution copernicienne ou encore… l’agacement digital. Cette réflexion poussée, documentée et incarnée, augure d’un livre blanc très qualitatif. S’agissant du secrétaire d’Etat en charge du numérique, Mounir Mahjoubi, cela me paraît tout à fait pertinent de lui remettre un exemplaire de l’ouvrage. D’ailleurs, nous l’inviterons à prendre part au prochain événement des BigBoss en fin d’année.

Face à l’offre foisonnante, et toujours plus innovante, des start-up, quelles sont vos recommandations pour que grands groupes et PME puissent s’y retrouver ?

H.B : Les formats comme Vivatech ou lesBigBoss favorisent la rencontre des deux mondes : le cadre dirigeant dans sa tour d’ivoire doit pouvoir rencontrer le startuppeur car tous deux se nourrissent l’un de l’autre. Tandis qu’au sein d’un lieu « hors norme » comme Station F, le coworking et le networking sont exacerbés créant ainsi une forte valeur ajoutée. Tous ces espaces doivent oeuvrer sans relâche à favoriser le dialogue tripartite et les interactions entre grands groupes, PME et start-up innovantes.

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