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Once Upon A Time… In Hollywood : Les Controverses Expliquées

Once Upon A TimeGetty Images

Le neuvième film de Quentin Tarantino, Once Upon A Time… In Hollywood, est un succès acclamé par les critiques qui a cependant divisé le public, certains jugeant l’œuvre complaisante, voire insultante. Les discussions portant sur les apparents faux-pas et intentions de Tarantino se sont sans doute avérées plus divertissantes que le film en lui-même.

Voici un bref résumé des moments les plus conflictuels de Once Upon A Time… In Hollywood :

Un curieux hommage à Bruce Lee

Il est clair que Tarantino éprouve une grande admiration pour Bruce Lee, si l’on en juge par ses hommages passés ; mais dans Once Upon A Time… In Hollywood, cette admiration ne s’est pas vraiment traduite par un portrait respectueux de l’acteur.

Une scène de combat entre le personnage interprété par Brad Pitt, Cliff, et la version de Lee imaginée par Tarantino et jouée par un Mike Moh « tiraillé », dépeint la légende des arts martiaux comme un clown arrogant. Jouée sous un angle comique, la scène a été jugée irrespectueuse, citée comme un exemple de stéréotype raciste, et est décriée comme étant une représentation faussée de la personnalité de Lee.

La fille de Bruce Lee, Shannon Lee, a exprimé sa déception à la vue de l’interprétation du personnage de son défunt père :

« Bien que je comprenne que le mécanisme du scénario consiste à rendre le personnage interprété par Brad Pitt tellement redoutable qu’il est capable de tabasser Bruce Lee, l’image de mon père qui est rendue dans ce script, celle d’un sac de frappe arrogant et égoïste, est vraiment navrante – et, je pense, injustifiée. »

Il y a cependant une ambiguïté dans cette scène controversée qui remet en question le fait que le Lee de Tarantino soit aussi scandaleux qu’il en a l’air. Ladite scène fait partie d’un flashback, dans lequel Cliff, le cascadeur vieillissant, se rappelle tendrement son époque sur les plateaux de tournage. Toute la scène pourrait n’être que le fruit de son imagination, ou encore une version exagérée d’un souvenir, un conte déformé par la perception de Cliff.

Mais les commentaires de Tarantino défendant la scène controversée ne prennent pas en compte cette ambiguïté. Au lieu de cela, le réalisateur persiste et signe, déclarant que Lee était « un gars un peu arrogant », et que ses fanfaronnades présentes dans le script sont fidèles à sa personnalité.

« Je l’ai entendu dire des choses de ce genre, sur ce point. Si des gens pensent qu’il n’a jamais dit qu’il pourrait tabasser Mohammed Ali, eh bien si, il l’a dit. Non seulement a-t-il dit cela, mais son épouse, Linda Lee, l’a confirmé dans la première biographie que j’aie jamais lue… C’est exactement ce qu’elle a dit. »

La véritable nature de la scène semble s’expliquer tout d’abord par le personnage d’Al Pacino, qui souligne le concept d’un antagoniste imposant et dur, destiné à perdre un combat contre le héros, dans l’optique de renforcer l’admiration des spectateurs pour ledit héros. À l’évidence, Tarantino a utilisé Bruce Lee dans son film comme un antagoniste « imposant » afin de susciter notre admiration pour Cliff, et en a fait une exécution plutôt bancale.

La présence de Margot Robbie, ou plutôt sa quasi-absence

Lors d’une conférence de presse, un journaliste a demandé à Tarantino pourquoi il avait choisi de limiter les temps de dialogue et d’écran de la talentueuse actrice Margot Robbie :

« C’est une personne possédant un grand talent d’actrice, et pourtant, vous ne lui avez pas accordé beaucoup de répliques dans le film. Je suppose que c’était un choix délibéré de votre part. Et je voulais simplement savoir pour quelle raison nous ne l’entendions pas beaucoup parler. »

Tarantino a semblé s’irriter de la question, la percevant peut-être comme une subtile accusation de sexisme, et il a répondu : « Eh bien, je rejette juste votre hypothèse ». Cela était une réponse absurde à une question légitime ; Tarantino a manifestement pris la décision de présenter le personnage joué par Robbie, Sharon Tate, comme une figure insouciante s’exprimant peu et n’ayant aucun impact sur l’intrigue. Au lieu de voir la question comme une agression, il aurait été intéressant d’entendre le processus de réflexion se trouvant derrière cette décision.

On pourrait supposer que Sharon Tate n’était pas destinée à être un personnage, mais plutôt un concept, un archétype de la « princesse » innocente, clin d’œil à la nature de conte de fée de l’histoire. Mais il aurait été tout de même plaisant d’entendre les intentions du réalisateur.

La violence envers les femmes

Tarantino a toujours suscité la controverse, mais avant la sortie de Once Upon A Time… In Hollywood, le Guardian avait anticipé celle-ci en publiant un article au titre audacieusement présomptueux : « Pourquoi il est temps d’annuler Quentin Tarantino ».

L’auteur de cet article ne semble pas comprendre le fonctionnement de la « culture de l’annulation », autrement dit de la censure compulsive, et propose « d’annuler » Tarantino sur la supposition que Once Upon A Time… In Hollywood mettrait en scène l’horrible meurtre de Sharon Tate.

Ceci était une mauvaise prédiction. Cependant, la scène finale, qui dépeint le violent passage à tabac des meurtriers potentiels de Tate (dont deux femmes), a tout de même suscité de nombreuses critiques. La justification sous-entendue de la violence montrée dans le film est que cette dernière serait morale, que ces personnes avaient l’intention de commettre un meurtre indicible, et qu’elles l’avaient donc bien cherché.

Que cette scène soit problématique ou non dépend de l’opinion du spectateur ; la violence caricaturiste servant de marque de fabrique à Tarantino est de toute façon attendue. Cela ferait même peut-être plus polémique si elle ne faisait aucune apparition.

Brad Pitt, le tueur de dames 

Cliff, interprété par Brad Pitt dans Once Upon A Time… In Hollywood, est un homme aimable et confiant qui finit par « sauver » la situation. Il est également sous-entendu qu’il a assassiné sa femme et s’en est tiré impunément.

À nouveau, ce fait a suscité la controverse à cause de l’approche décomplexée de Tarantino concernant la violence envers les femmes (bien qu’il soit nécessaire de rappeler que la plupart des personnages de Tarantino sont victimes d’affreux actes de violence, et ce peu importe leur genre). Il a été sous-entendu, mais jamais confirmé, que Cliff était en fait responsable de la mort de son épouse. Dans une interview pour le Los Angeles Times, Brad Pitt a révélé qu’il avait parfaitement connaissance des tenants et aboutissants de cette histoire, puisque cela lui était nécessaire à la construction de son personnage, mais qu’il ne « dirait jamais rien ». Pitt a ajouté qu’il préférerait que les spectateurs se fassent leur propre avis sur la question.

Cela reste très ouvert à l’interprétation, mais l’enthousiasme inquiétant de Cliff à fracasser de façon répétée le crâne de l’une des filles entrées par effraction dans son domicile pourrait être perçu comme un indice de son passé sombre. Après tout, Cliff ne partage pas la même perception de l’intrigue que le public ; il ne sait certainement pas que le trio qui pénètre dans sa maison a pour but d’assassiner une femme enceinte au cours de la même nuit. Mais il violente tout de même ces femmes. Sommes-nous supposés apprécier le calme et composé Cliff après avoir été témoins de cette manifestation psychotique de barbarie ? 

La violence de Tarantino ne manque jamais de s’attirer les critiques, mais sa soif de sang caractéristique n’est pas si éloignée des actes du héros typique des films d’action d’Hollywood. Même nos super-héros les plus aimés et bienveillants ont recours à une vile violence lorsque cela est nécessaire, et l’évitement de la violence envers les femmes et les enfants offre un bouclier de Vibranium contre les critiques.

On pourrait finalement arguer que la violence de Tarantino, bien qu’inconfortable, est un spectacle plus honnête que les coups de poing et les meurtres sans effusion de sang que nous avons l’habitude de voir à l’écran.

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