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L’aviation mondiale établit un nouveau cadre pour la décarbonisation du transport aérien

aviationSource : Pixabay

AVIATION | Un nouveau cadre pour la décarbonisation du transport aérien mondial est à la base de l’agenda vert de l’industrie aéronautique. L’approvisionnement en carburant durable d’aviation (CDA) et la réduction des coûts sont des éléments essentiels de cette initiative.

 

La semaine dernière, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a annoncé un plan visant à faire progresser l’offre et l’adoption des CDA au niveau mondial lors de la troisième conférence sur les carburants de substitution pour l’aviation qui s’est tenue à Dubaï.

Sommet CAAF/3 : Établir un cadre pour le CDA

Le sommet CAAF/3 a débouché sur plusieurs orientations stratégiques essentielles. D’ici 2030, le secteur vise à réduire de 5 % l’intensité carbonique du carburant d’aviation au niveau mondial par rapport aux références actuelles en matière de combustibles fossiles. Le cadre reconnaît que les capacités varient d’un État à l’autre, certains progressant tandis que d’autres sont confrontés à des difficultés dans le développement des CDA.

Les initiatives proposées comprennent le renforcement des capacités, un « Finvest Hub » pour soutenir le financement du développement des CDA, et le transfert volontaire de technologies pour démocratiser la participation des États au marché mondial des CDA. Il est essentiel d’assurer un équilibre entre les objectifs environnementaux de l’industrie et les capacités régionales de production de CDA.

Les dirigeants de l’Association des compagnies aériennes d’Asie-Pacifique se sont récemment engagés à collaborer pour atteindre un objectif de 5 % d’utilisation de CDA d’ici 2030. Tout en s’engageant à atteindre cet objectif, ils ont souligné que la production de CDA n’en était qu’à ses débuts dans le monde et qu’un approvisionnement suffisant en CDA était essentiel pour réduire efficacement les émissions de CO2 dans le secteur de l’aviation à l’échelle internationale.

Soutien du Conseil mondial du voyage et du tourisme

Alors que les voyageurs d’affaires et de loisirs sont de plus en plus nombreux à tenir compte de leur empreinte carbone lorsqu’ils planifient leurs déplacements, le Conseil mondial du voyage et du tourisme a apporté son soutien au cadre CAAF/3 de l’OACI.

Julia Simpson, présidente-directrice générale du Conseil mondial du voyage et du tourisme, a déclaré : « Il ne s’agit pas seulement d’un défi pour l’aviation. Les gouvernements, les producteurs de CDA, les investisseurs et toutes les parties prenantes doivent collaborer pour accélérer le développement et l’adoption des CDA afin de garantir un secteur plus durable et plus résistant. »

La demande de CDA dépasse l’offre

Il existe un écart considérable entre l’offre et la demande de CDA. L’offre de carburant durable représente environ 0,2 % de la consommation totale de carburéacteur en 2023. Les CDA sont également plus chers que le kérosène d’origine fossile. Les compagnies aériennes ont dépensé 500 millions de dollars supplémentaires en carburant en adoptant les CDA dans leur chaîne d’approvisionnement. En outre, le secteur connaît une tendance croissante à l’intégration des compagnies aériennes dans la chaîne d’approvisionnement par le biais d’investissements et de l’établissement de contrats d’achat à terme pour un montant total d’environ 45 milliards de dollars.

Les actions des compagnies aériennes reflètent leur engagement en faveur des vols durables

La compagnie Emirates, hôte du sommet CAAF/3 de l’OACI, s’est associée à Shell Aviation pour assurer un approvisionnement en carburant durable à sa plateforme de l’aéroport international de Dubaï. L’accord garantit l’approvisionnement de plus de 300 000 gallons de mélange CDA pour Emirates.

JetBlue a été l’un des premiers à adopter le CDA en 2016 en signant un accord d’achat de CDA avec la société de bioénergie SG Preston. À l’époque, cet accord sur dix ans constituait l’engagement à long terme le plus important pris par une compagnie aérienne en faveur d’un carburéacteur renouvelable, utilisant des esters et des acides gras hydrotraités produits à partir d’huiles végétales. La compagnie JetBlue s’est engagée à acheter 33 millions de gallons de carburéacteur mélangé par an.

Certains groupes écologistes s’opposent à l’utilisation de carburéacteur dérivé de sources végétales. Ils affirment que les compagnies aériennes s’appuieront sur des matières premières non durables pour s’approvisionner en CDA, mais les compagnies aériennes affirment le contraire. Elles expliquent que leur plan à long terme consiste uniquement à s’approvisionner en CDA à partir de sources durables. Les efforts récents de l’industrie, y compris la recherche de CDA dérivés du dioxyde de carbone, vont dans ce sens.

Récemment, United Airlines a signé un accord avec Cemvita Corporation pour fournir jusqu’à un milliard de gallons de CDA à partir de l’usine de CDA à grande échelle de Cemvita. La société Cemvita s’est engagée à fournir à United Airlines jusqu’à 50 millions de gallons de CDA, dérivé du CO2, chaque année pendant les deux prochaines décennies.

Lufthansa Airlines, le Centre aérospatial allemand, Airbus, Flughafen München GmbH et MTU Aero Engines ont signé une lettre d’intention pour faire avancer la recherche et le développement des carburants aviation Power-to-Liquid PtL, la prochaine génération de CDA, qui, selon certains, aurait l’impact le plus positif sur la réduction des émissions de carbone de l’aviation.

L’Association du transport aérien international (IATA) demande au gouvernement d’agir pour encourager l’investissement privé

Le directeur général de l’IATA, Willie Walsh, a déclaré : « Nous devons voir les gouvernements donner suite au cadre CAAF/3 en adoptant des politiques qui développent la production de CDA sous toutes ses formes. Malgré des signaux de demande sans équivoque, le marché de la production de CDA ne se développe pas assez rapidement. Nous avons besoin de CDA partout dans le monde et, à cette fin, les bonnes politiques de soutien, c’est-à-dire des politiques qui peuvent stimuler la production, promouvoir la concurrence, favoriser l’innovation et attirer des financements, doivent être mises en place dès aujourd’hui. »

L’IATA s’attend à ce que les gouvernements agissent rapidement pour mettre en œuvre des politiques solides afin de favoriser le plein potentiel du marché des CDA et d’encourager une augmentation significative de la production.

L’association des compagnies aériennes suggère aux gouvernements de permettre aux producteurs d’exploiter pleinement les ressources locales en matières premières et d’offrir des incitations positives plutôt que des mesures punitives. L’association encourage également les gouvernements à harmoniser leur soutien aux différentes sources d’énergie, en donnant la priorité aux énergies renouvelables et en garantissant une part équitable aux CDA.

Le cadre CAAF/3 réaffirme que la réduction à zéro des émissions de carbone dans l’aviation nécessite la collaboration de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, les fonds publics ouvrant la voie à l’investissement privé : « L’objectif est de maximiser la production de CDA partout grâce à des mesures politiques positives et non punitives. Les compagnies aériennes sont prêtes à accueillir à bras ouverts la production de CDA qui en résultera. Si les compagnies aériennes sont à l’avant-garde de la décarbonisation, elles ne peuvent pas en supporter seules le fardeau. Le cadre CAAF/3 a de nouveau clairement indiqué que la décarbonisation de l’aviation nécessitera les efforts sincères et concertés de l’ensemble de la chaîne de valeur et des gouvernements, alors que nous nous concentrons tous sur l’objectif du zéro net d’ici 2050. Pour être tout à fait clair, là où il y aura un financement gouvernemental, un financement privé suivra. Il est absolument essentiel que les gouvernements jouent leur rôle, et nous ne manquerons pas de jouer le nôtre. »

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Marisa Garcia

<<< À lire également : Comment l’aviation peut-elle réduire ses émissions d’ici 2035 grâce au carburant durable et aux technologies existantes ? >>>

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