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La start-up Zanskar souhaite mettre l’IA au service de l’énergie géothermique

ZanskarÉnergie géothermique. | Source : Pixabay

L’une des principales difficultés liées à l’énergie géothermique consiste à trouver le bon endroit pour creuser. La société Zanskar, basée dans l’Utah, pense que sa plateforme de big data et d’apprentissage automatique pourrait aider à surmonter cet obstacle.

Article d’Alex Knapp pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

L’essor récent des modèles d’IA générative repose sur des ressources informatiques intenses, construites sur des puces gourmandes en énergie dans des fermes de serveurs du monde entier. Cette demande pourrait doubler d’ici 2026, aggravant les besoins croissants en électricité qui pèsent déjà sur le réseau.

Cependant, si l’IA nécessite une immense quantité d’électricité, une start-up pense qu’elle pourrait aussi faire partie de la solution en débloquant une forme d’énergie renouvelable largement inutilisée : l’énergie géothermique, qui utilise la chaleur générée naturellement sous la surface terrestre pour fournir à la fois de l’électricité et du chauffage.

 

Un modèle d’IA pour savoir où forer

La start-up Zanskar, basée dans l’Utah, a mis au point des modèles d’apprentissage automatique pour résoudre l’un des plus gros problèmes de la géothermie : trouver les emplacements idéaux pour les forages. Le coût exorbitant du forage a largement empêché la géothermie de rivaliser avec d’autres technologies telles que l’éolien et le solaire, à tel point que moins de 1 % de l’électricité américaine est produite à partir de cette énergie. Cependant, les modèles de Zanskar analysent d’énormes quantités de données pour trouver les meilleurs endroits où creuser pour produire de l’électricité, et la start-up espère que ses modèles réduiront considérablement le capital nécessaire à la construction de nouvelles centrales.

« Nous avons découvert plus de ressources géothermiques cachées au cours des 18 derniers mois que l’ensemble du secteur au cours de la décennie précédente », a déclaré Carl Hoiland, PDG de Zanskar, à Forbes.

Aujourd’hui, la start-up a annoncé qu’elle avait levé 30 millions de dollars dans le cadre d’un cycle de financement de série B mené par Obvious Ventures, la valorisation de la start-up étant désormais de 115 millions de dollars. Ce tour de table porte l’investissement total de Zanskar à 45 millions de dollars. Les fonds permettront à la start-up de poursuivre son exploration et de commencer à développer ses premières centrales électriques. Zanskar prévoit de construire des centrales pour ses clients et de s’associer à des acteurs déjà bien présents dans le secteur de la géothermie pour codévelopper des sites.

Andrew Beebe, d’Obvious Ventures, a déclaré à Forbes que la capacité de Zanskar à réduire les coûts d’exploration était un élément clé de différenciation. « Nous sommes persuadés qu’ils vont systématiquement réduire le coût de la recherche de ressources géothermiques dans le monde entier », a-t-il déclaré. « Vous pourrez alors avoir accès à de vastes quantités d’électricité propre 24/7. »

L’énergie géothermique est prometteuse parce qu’elle s’appuie sur la chaleur des sols, une ressource théoriquement renouvelable à l’infini. Pour l’exploiter, il faut forer un trou très profond, puis remonter de l’eau chaude sous pression qui se transforme en vapeur à mesure qu’elle s’élève, alimentant ainsi la centrale.

 

Une technologie qui va permettre de réduire les coûts

Le forage est la dépense la plus importante pour ce type d’énergie, et son intensité capitalistique est telle qu’elle a largement empêché l’énergie géothermique d’être compétitive par rapport à d’autres nouvelles sources d’énergie telles que l’énergie éolienne. Par exemple, un projet éolien coûte environ 1,8 million de dollars par mégawatt, selon un rapport de Pitchbook. Un projet géothermique coûte près de cinq fois plus cher, soit environ 8,7 millions de dollars par mégawatt. Selon Roland Horne, directeur de l’Institut Precourt pour l’énergie à Stanford, le forage représente « environ la moitié du coût de la plupart des projets ».

Les dépenses sont d’autant plus importantes qu’au cours du processus d’exploration, les foreurs n’atteignent pas toujours le bon endroit. En effet, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour déterminer l’emplacement idéal, de la composition minérale à l’accessibilité de l’eau, en passant par la nécessité d’éviter la présence d’une trop grande quantité de gaz naturel. « C’est la partie exploration qui est la plus difficile », a déclaré à Forbes Maria Richards, coordinatrice du laboratoire de géothermie de la Southern Methodist University. « Combien de fois pouvez-vous tirer ce levier et le manquer avant d’être à court d’argent ? Si vous pouviez tirer ce levier et réussir à chaque fois, tout le monde le ferait. »

« La technologie de Zanskar vise à accroître la certitude de forer au bon endroit », a déclaré Joel Edwards, directeur technique. Elle utilise des données provenant d’un certain nombre de sources (satellites, études géologiques, voire informations recueillies à partir des ondes qui se déplacent dans le sol après un tremblement de terre) et recourt à divers modèles d’apprentissage automatique pour prédire les meilleurs endroits où forer. L’entreprise valide ses modèles par ses propres forages exploratoires, dont les données sont réinjectées pour affiner le processus d’IA.

« Ce qui nous différencie des autres groupes, c’est que nous disposons d’un vaste programme de terrain qui est mis en œuvre au quotidien tout au long de l’année, qu’il pleuve ou qu’il vente, dans l’ensemble de l’ouest des États-Unis », explique Joel Edwards. Selon lui, la précision du modèle varie en fonction de la région, principalement en raison de la quantité de données disponibles.

 

Plusieurs start-up misent sur la géothermie

La start-up tire son nom de la région du Zanskar, dans l’Himalaya, où les cofondateurs Carl Hoiland, 38 ans, et Joel Edwards, 37 ans, se sont rencontrés il y a 15 ans, alors qu’ils étudiaient tous deux la géologie. Ils sont restés en contact au fil des ans et, en se familiarisant avec les défis liés à l’exploration géothermique, ils ont été convaincus qu’il était possible d’améliorer le taux de réussite. Ils ont fondé la start-up en 2018. Depuis, cette dernière s’efforce d’affiner ses modèles et d’identifier les emplacements idéaux pour les centrales électriques.

Zanskar n’est pas la seule start-up en compétition dans cet espace. Depuis 2019, les investisseurs en capital-risque ont injecté plus de 1,5 milliard de dollars dans les start-up géothermiques. Par exemple, Fervo Energy, qui a développé des techniques de forage améliorées pour l’énergie géothermique, a levé 244 millions de dollars en février de cette année.

Grâce à ce nouveau capital, Zanskar prévoit d’agrandir son équipe dans le but de mettre en service sa première installation dans environ quatre ans, si tout se passe bien. « Nous avons l’intention de mettre des électrons sur le réseau », a déclaré Joel Edwards. « Cette technologie nous donne un avantage concurrentiel. »

 


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