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Le numérique, c’est pas automatique ! Apprenons à déconnecter !

Pour contrer les effets de la pandémie de la Covid-19, les outils numériques ont été spontanément et massivement mobilisés. Ce fut salvateur. Mais cela m’a aussi amenée à réfléchir sur la notion de frugalité digitale.


Depuis peu, le débat écologique s’attarde sur la question numérique. L’aspect éthéré de nos activités digitales ne doit en effet pas nous faire oublier que l’ensemble de notre réseau d’appareillage informatique pollue plus que la circulation aérienne. Aujourd’hui, il représente 4% des émissions de gaz à effet de serre…plus que l’aviation civile à 2,5 % !

C’est aussi pour cette raison que la loi du 15 Novembre 2021 entend faire converger transition numérique et transition écologique. Elle vise à responsabiliser tous les acteurs du numérique : consommateurs, professionnels du secteur et acteurs publics.

 

Aujourd’hui, il existe deux approches principales pour essayer de résoudre ce problème.

  • L’innovation (IT for Green): cette stratégie vise à protéger l’environnement grâce à l’apport de créations technologiques
  • Le concept de Sobriété numérique (Green IT) :  qui consiste à optimiser les outils numériques dans l’optique réduire leurs impacts négatifs ( amélioration de leur efficacité énergétique et de la biodégradabilité des produits conçus)

 

Il existe peut-être une troisième voie : la frugalité numérique ou sobriété numérique, une conception selon laquelle une mobilisation minimaliste des outils informatiques peut aboutir à des résultats plus que satisfaisants voire meilleurs tout en contribuant à la cause écologique.

Ce n’est donc pas une solution technique centrée autour d’avancées techniques révolutionnaires ; il faut plutôt percevoir la frugalité numérique comme une méthode voire un changement de mentalité. C’est une voie résolument humaine, basée sur la prise de conscience de chacun.

Dans ce cadre, la supervision de cette initiative au sein de l’entreprise est bien une affaire de Gestion des Ressources Humaines, et ce, à plusieurs titres : 

 

Nos jeunes talents recherchent des employeurs qui respectent leurs principes éthiques et moraux

 

La frugalité numérique en support des politiques de Bien-être au travail

Ce point peut sembler contre-intuitif. En effet, malgré la pollution qu’elle engendre, la digitalisation reste dans de nombreux cas un formidable outil d’inclusivité. Elle permet par exemple de réduire les fractures géographiques en décentralisant les lieux d’activité (grâce au télétravail par exemple, voir mon article sur le Cloud). En outre, le numérique permet souvent de diminuer la pénibilité du travail.

Cependant, une analyse globale de ce phénomène nous pousse à considérer les répercussions négatives du numérique sur nos collaborateurs. Le travail constant sur ordinateur comporte des effets délétères bien connus et répertoriés par l’OMS , par exemple :

  • troubles de la vision
  • fatigue mentale
  • stress ( notifications intempestives, disparition des frontières travail-domicile…)
  • troubles de la mémoire
  • baisse des capacités cognitives dans certains cas

La frugalité numérique peut donc devenir un pilier des politiques de Bien-être et de protection de la Santé Mentale de nos collaborateurs.

 

La frugalité numérique pour améliorer l’Image Employeur et attirer des Talents

Nos jeunes talents recherchent des employeurs qui respectent leurs principes éthiques et moraux. Ils sont aussi très sensibles (à juste titre) aux enjeux environnementaux. Sur un marché du travail très tendu, la mise en place d’une politique de frugalité digitale constitue une valeur ajoutée non-négligeable. Le caractère innovant de cette approche peut aussi permettre de mobiliser des collaborateurs en interne autour d’un projet qui fait sens et pour lequel chacun peut facilement contribuer.

 

La frugalité digitale : un positionnement stratégique

Le numérique a révolutionné les entreprises et les organisations à un rythme effréné. Il est porteur d’innovation et de progrès à condition qu’il respecte des valeurs éthiques et durables au bénéfice des sociétés et des environnements. Loin de s’inscrire dans une logique de décroissance, la frugalité digitale est en fait un positionnement stratégique, au service de la politique RH. Les premières entreprises à  saisir ce sujet, auront certainement la prime à l’innovation. Comme l’a dit Laurence Boone, cheffe économiste de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : « Le numérique et le climat sont au cœur de tout » (La Croix26 octobre 2021) 

Ces deux sujets sont aussi au cœur des politiques RH. Les DRH ont un rôle à jouer dans la mise en place de cette politique de frugalité en permettant une prise de conscience des comités de Direction, et en ouvrant le dialogue avec les partenaires sociaux et les employés.

 Cette prise de conscience permettra d’intégrer l’impact du numérique comme critère de décision dans toutes les politiques d’utilisation des équipements électroniques, de nos façons de travailler et de nos politiques RH. Les critères d’utilité sociale et économique doivent être remis en avant, et qui mieux que nos DRH peuvent le faire ?

 

 Image : James Wheeler – Unsplash

Article écrit en collaboration avec Irfane Soubret.

 

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