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Le luxe, premier secteur d’excellence européen

Le luxe représente un des fleurons de l’industrie européenne. Souvent décrié, il emploie des centaines de milliers de salariés et fait vivre de dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises. Il représente une source de croissance majeure pour le Vieux Continent, et l’un des derniers secteurs dans lequel ni l’Amérique, ni l’Asie n’ont réussi, pour l’instant, à concurrencer l’Europe. Quelles leçons tirer de cette réussite ?

La nouvelle vient de tomber : selon le magazine américain « Forbes », l’homme et la femme les plus riches du monde sont, pour la première fois dans l’histoire, tous les deux français. Bernard Arnault, PDG du premier groupe de luxe au monde LVMH et Françoise Bettencourt Meyers, PDG de L’Oréal. Leurs fortunes cumulées s’élèvent à 291,5 milliards d’euros.

Ce résultat souligne l’excellente santé du secteur du luxe qui devance ceux de l’industrie automobile ou encore de la high-tech. En France, les groupes de luxe ont dépassé la capitalisation boursière de sociétés historiques telles que Total ou Renault.

En Italie, même si les groupes sont bien loin d’avoir une telle dimension, on trouve la plus importante filière de production d’habillement et d’accessoires au monde, et le nombre le plus élevé de marques de luxe au chiffre d’affaires d’un milliard d’euros ou plus. En France comme en Italie, le secteur du luxe est devenu au fil des années un des actifs parmi les plus importants du système économique.

Ces deux pays représentent deux tiers du marché mondial du luxe. Ils détiennent les plus grands noms de la planète. Les deux pays sont directement et intrinsèquement liés par une culture similaire, un savoir-faire et une certaine conception du goût qui, comme la gastronomie, est représentatif de l’identité d’un pays. S’il y a bien un secteur économique qui peut revendiquer une certaine « souveraineté » économique et culturelle, c’est bien le secteur du luxe. Un secteur qui a le mérite de ne pas se laisser affecter par la crise. 

Le luxe représente le véritable thermomètre de la bonne santé de l’économie mondiale. Si le secteur se porte mal, c’est un mauvais signe pour l’économie, alors que le contraire n’est pas toujours vrai. Pour preuve, le luxe est le secteur qui a le moins souffert de la crise économique que nous traversons. En d’autres termes, il représente l’effet visible de l’enrichissement d’une partie de la population mondiale comme en Chine ou en Inde. 

Le luxe incarne certes le miroir d’une réussite financière, la façon de mesurer sa valeur sociale et de signaler son appartenance à une certaine classe socioéconomique, mais aussi une certaine conception de l’élégance, de ce qui est beau et s’inscrit dans l’art de vivre des Européens. Cet aspect est fondamental pour comprendre la différence entre les Européens et les Américains … Rappelons au passage qu’en matière de luxe ces derniers ont tout importé d’Europe.

Dans un monde de plus en plus rapide où la technologie occupe davantage d’espace dans nos vies, le secteur du luxe porte toujours une attention particulière à des éléments déterminants tels que la place centrale de l’humain, avec sa capacité d’inventer, son savoir-faire, son innovation et sa créativité… Les industriels du luxe s’appuient sur ces valeurs dont ils se nourrissent pour la recherche de la perfection, de la qualité et l’attention aux micro-détails. Enfin, le caractère sacré du produit et sa capacité d’exaltation, à travers des histoires liées au territoire et à la tradition jouent un rôle fondamental.

Au-delà des performances financières des groupes français et italiens, l’écosystème du luxe s’inscrit dans l’économie réelle. Il est composé de centaines de milliers de salariés, de dizaines de milliers d’entreprises souvent artisanales, de designers, de couturiers et de fabricants, mais aussi d’autres dizaines de milliers d’employés dans le secteur du marketing et de la communication. Autre aspect important, l’industrie du luxe française et italienne produit localement pour vendre en Chine ou aux États-Unis à l’instar d’autres industries qui produisent en Chine pour vendre en Europe. Si on compare le secteur avec la High-Tech, on se rend compte que le luxe crée des emplois alors que la technologie a plutôt tendance à en détruire. Pour la seule année 2022, les GAFAM ont licencié des dizaines de milliers de salariés alors que le luxe en a embauché. Ce n’est pas anodin dans le contexte actuel où l’IA est la dernière innovation qui risque de déstabiliser l’emploi de centaines de milliers de personnes dans le monde.

Pour toutes ces raisons, l’Europe se doit de protéger ce secteur hautement stratégique, garant d’une part non négligeable de sa prospérité, mais aussi de son histoire et son identité.

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