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Trump au G7 : Les Deux Visages De La Mondialisation

@GettyImages

L’ouverture des frontières aux produits, aux services et à la libre circulation des individus est un aspect de la mondialisation. L’uniformisation des systèmes politiques, juridiques et réglementaires en est un autre. La première mondialisation est souhaitable, la seconde est néfaste. On parle beaucoup de « guerre commerciale » ces derniers temps, Donald Trump étant présenté dans les médias francophones comme l’agresseur. 

La guerre commerciale consiste pour un gouvernement à mettre en place des mesures protectionnistes pour pénaliser l’importation des produits étrangers.

Trump a finalement refusé de signer l’accord final du G7, accusant le Canadien Trudeau de fausses déclarations sur les taxes douanières que son pays appliquait à l’égard des produits américains.

« Désolé, nous ne pouvons plus laisser nos amis, ou ennemis, prendre l’avantage sur nous dans le commerce. Nous devons nous occuper d’abord des travailleurs américains ! » a-t-il justifié.

Trump n’était pas l’agresseur dans cette affaire. Il avait en réalité demandé au G7 d’officialiser une zone de libre-échange. Il a essuyé un refus unanime. 

Voici ce que rapporte le Financial Times (1) sur ce sujet :

« Trump, qui s’était rangé contre la mondialisation durant sa campagne électorale, a dit qu’il voulait que l’ensemble des nations du G7 suppriment toutes taxes à l’importation, subventions et autres barrières commerciales. »

Le libre-échange est la seule politique loyale d’un gouvernement

Le libre-échange permet à chacun de se procurer au meilleur prix ce qu’il veut. Si quelqu’un d’autre que vous fait à l’étranger quelque chose de mieux que vous, au nom de quoi un gouvernement voudrait-il vous en priver ?

La réponse politicienne à cette question est en général pour défendre « les travailleurs » ou encore l’industrie locale ; c’est d’ailleurs la justification donnée par Trump. 

C’est une réponse injuste. Pourquoi favoriser une minorité des travailleurs œuvrant sur la valeur ajoutée d’un produit donné aux détriments d’un plus grand nombre encore, les clients du produit en question qui s’acquitteront des taxes ? Ces mêmes clients, dont le pouvoir d’achat sera pénalisé, sont d’ailleurs des « travailleurs » dans un autre domaine.

En réalité, il s’agit de clientélisme, du jeu classique des taxations, subventions, distributions de faveurs et privilèges en direction de tel ou tel lobby et d’achat de voix…

Même si les contribuables d’un pays étranger subventionnent leur industrie exportatrice, pourquoi ne pas profiter de leurs impôts ? Parce que l’industrie nationale concurrente serait mise en péril ? Les filets sociaux ont été mis en place justement à ces fins pour limiter les effets brutaux de la « destruction créatrice ». Barrières douanières plus filets sociaux : c’est en réalité la double peine pour les contribuables.

La preuve par l’expérience des bienfaits du libre-échange

L’un des charmes de notre époque c’est que l’accès aux données statistiques permet à quiconque de vérifier le bien-fondé d’une hypothèse.

Si vous regardez le classement des pays en fonction de la hauteur de leurs barrières douanières, vous constatez aisément une corrélation inverse avec la prospérité : ceux qui taxent le plus sont les plus pauvres et ceux qui taxent le moins, les plus riches.

En Europe, la Suisse pratique le libre-échange unilatéral. En Asie, c’est Singapour et Hong-Kong. Ces pays font partie des plus riches de la planète.

 

Quel est le pays le plus riche par tête d’habitant, où le chômage est le plus faible ? La France qui taxe ses importations à 2% en moyenne où la Suisse qui laisse tout rentrer ?

Si vous laissez les gens s’approvisionner au meilleur rapport qualité prix, ils vont investir leur temps et leur énergie à apporter de la valeur ajoutée et se consacrer à ce qu’ils font de mieux par ailleurs. Les ressources sont ainsi utilisées de façon optimale, vous dirait un économiste.

La mondialisation, qui a conduit à baisser les barrières douanières, a permis à un milliard de personnes de sortir de la pauvreté. Là encore, les statistiques le prouvent. Selon la Banque mondiale, en 1981, 44,3 % de la population mondiale (près de 2 milliards d’individus) vivait dans une situation d’extrême pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1,90 $ par jour et par personne. En 2015, ce taux tombé à 9,6 % (moins de 1 milliard d’individus).

D’où vient ce « miracle » ? De la concurrence qui stimule l’intelligence industrieuse, qui veut faire plus et mieux avec moins. En fabricant des T-shirts à 1 $, des Indiens et des Chinois se sont enrichis sans appauvrir les Occidentaux dont le niveau de vie s’est en moyenne élevé.

« Détruire la concurrence, c’est détruire l’intelligence » disait l’économiste du XIXème siècle, Frédéric Bastiat.

L’autre visage – beaucoup moins aimable – de la mondialisation

La concurrence est bonne en tout, y compris pour les systèmes politiques et législatifs. L’aspect détestable de la mondialisation est le souhait exprimé par une certaine élite d’instaurer un gouvernement mondial, une gouvernance mondiale, une monnaie mondiale, un impôt mondial et autres sornettes qui nous conduiront probablement vers l’imbécillité mondiale.

Les politiques sociales, fiscales et monétaires doivent aussi pouvoir être mises en concurrence, sinon comment pourrions-nous éliminer les moins bonnes ou, au contraire, améliorer les meilleures ? Ce sont les frontières et les juridictions qui ont permis de constater que le communisme était haïssable.

Là encore, les données historiques tendent à démontrer que, pour bien fonctionner, la démocratie doit rester un système de proximité, ne pas devenir un système centralisé où des décideurs lointains et de grands planificateurs omniscients imposent leurs règles. Ceux qui prennent les décisions doivent aussi être exposés à leurs conséquences désagréables. Un fonctionnaire international qui vit en franchise totale d’impôt n’a pas à en préconiser.

« Trop nombreux sont ceux qui dirigent le monde sans mettre leur peau en jeu.  (…) A aucun moment de l’histoire, autant de preneurs de non-risques – tous ceux qui ne s’exposent pas personnellement – n’ont exercé une telle emprise. 

(…) Avoir quelque chose à perdre, vouloir accepter le risque, y voir une question de justice d’honneur, et de sacrifice, est pour les héros, les saints et bon nombre d’êtres humains épanouis… une essentielle règle du jeu », Nassim Nicholas Taleb (1)

Des mondialistes veulent nous soumettre à une uniformisation et une centralisation néfaste. Avant de les écouter, répondez honnêtement : connaissez-vous le nom de votre député européen ? Connaîtrez-vous le nom de votre député mondial ? Où lui écrirez-vous pour lui signaler qu’il soutient une imbécillité mondiale ?

 

(1) Jouer sa peau – Asymétries cachées dans la vie quotidienne

 

 

Simone Wapler

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