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Une randonnée équestre de luxe sur les traces de Lawrence d’Arabie

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Avec le désert comme décor naturel et bivouac de luxe, dans la mouvance du tourisme d’expérience, le raid équestre de luxe se développe avec des passionnés qui souhaitent s’aventurer aux quatre coins du monde. Pour sa quatrième édition, les Gallops of Jordan a emmené ses participants sur les traces de Lawrence d’Arabie en Jordanie. Reportage.


 

cheval Jordanie tourisme Gallops
Cheval Jordanie tourisme Gallops photo @pascalrenaudon

 

Travelling sur de longues chevauchées dans un désert de dunes qui s’étire à l’infini, chauffé à blanc par le soleil et où les déclinaisons de rouge et d’ocre du sable contrastent avec le bleu du ciel… Nous sommes dans le désert de Wadi Rum en Jordanie, un décor de cinéma qui rappelle certaines scènes épiques de « Lawrence d’Arabie » de David Lean. Le désert comme metteur en scène de ce chef-d’œuvre cinématographique est également le décor choisi pour la 4ème édition des Gallops : un raid équestre créé et organisé par Bady Kebir, président des Gallops, et Benoît Perrier, directeur de la communication et manager du Polo Club de Chantilly. Sur les traces de Lawrence d’Arabie mais également d’Indiana Jones jusqu’à la mythique citée perdue nabatéenne de Petra, 133 participants de 15 nationalités différentes ont fait cet hiver l’expérience unique d’une traversée équestre de 200 kilomètres qui mêle sport, compétition, et découverte.

Une course de régularité et d’orientation en 5 étapes par équipe de six cavaliers, qui s’apparente à l’esprit du « Paris Dakar » avec « un rassemblement de passionnés de cheval qui vivent une aventure dans le désert et se retrouvent tous autour du grand bivouac le soir. » explique Bady Kebir. L’amour des chevaux mais également la maîtrise de l’équitation sont recommandés pour faire équipe, voire faire corps, durant les cinq jours de ce périple démesuré. Castés pour supporter la réalité d’un terrain aux multiples reliefs entre vagues de dunes et canyons de grès creusés par l’érosion, les jeunes pur-sang arabes de Jordanie ont le tempérament de feu qui va avec leur réputation. 

« Nous sommes très attentifs au niveau des cavaliers – au moins galop 4 – car ce sont en général des chevaux assez jeunes, pas faciles mais extraordinaires. Chaque édition des Gallops est l’occasion de découvrir différentes races : ce petit cheval arabe est très étonnant et c’est d’ailleurs en Jordanie qu’il faut chercher les derniers représentants du cheval d’Arabie, un animal qui a conquis le monde. » ajoute-t-il.

princesse Jalila bint Ali gallop course cheval Jordanie
princesse Jalila bint Ali gallop photo @christophe Bricot

L’humain au cœur de l’expérience

Une course dans la durée qui ne valorise pas tant les talents équestres que la ténacité, l’esprit de solidarité et l’autodiscipline chez les cavaliers. Mus par l’envie commune de vivre une expérience extraordinaire, les participants – à parité – souvent isolés dans les multiples disciplines équestres (le dressage, la randonnée, le jumping, le Polo, l’endurance…) trouvent ici l’occasion de se réunir, se félicite Benoit Perier : « on a réussi à casser un peu les silos avec des cavaliers qui viennent d’univers de tous bords : du cavalier de manège du week-end en passant par le joueur professionnel de polo. Par exemple, un des plus grands champions de polo a participé à la course. ». Avec cette année sur la ligne de départ une participante extraordinaire : Emeline Parmentier, une Belge de 26 ans amputée des deux jambes après un accident de voiture en 2019, a concouru grâce à une selle adaptée.  « Cette course est aussi l’occasion de montrer qu’à travers l’équitation on peut dépasser de nombreuses barrières, comme celle du handicap avec la leçon de courage et d’humilité que nous a donnée Emeline. On peut entendre que la participation aux Gallops qui représente un coût important est un rendez-vous élitiste, mais c’est avant tout une aventure humaine. » précise ce dernier.

 

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Gallops avec tourisme Desert Wadi Rum photo @christophebricot

 

Le tourisme où le luxe est réinventé

Le long de ce raid au travers de paysages lunaires et sauvages, les cavaliers ont dû apprivoiser la fatigue, la chaleur et les courbatures. « Il y a dans ce type d’événement un condensé d’émotions car tout est plus fort. On doit se dépasser à cheval mais aussi dans le « vivre ensemble » avec les conditions parfois hostiles, mais ils repartent toujours avec des étoiles dans les yeux. ». Le soir à la nuit tombée, les spectacles traditionnels et la fastueuse « white party » autour du feu ponctuent cette randonnée de rencontres et de moments exceptionnels. Désert, action, et liberté sont les ingrédients d’un tourisme en plein essor, comme l’arrivée à cheval jusqu’aux pieds de la cité perdue de Pétra. « C’est exceptionnel d’entrer à cheval à Pétra normalement interdite d’accès. Nous avons obtenu les autorisations pour créer un parcours différent que ce propose les tours opérateurs : c’est notre signature. » rappelle Bady, spécialiste des randonnées aux quatre coins du monde.

Destinations inexplorées, modes d’hébergements atypiques, activités relatives à leurs passions… Autant d’attentes à satisfaire pour ces touristes en quête de de ce « quelque chose » qui vaut la peine d’être raconté à son retour. Voyager loin mais autrement, tout en poussant le curseur de l’unique, tel est le nouveau pari pour l’industrie du tourisme qui doit monter en gamme pour répondre à cette nouvelle clientèle jeune et active en quête d’émotions. Dans ce marché de luxe qui représente aujourd’hui 14% des revenus du secteur touristique, on constate un taux de croissance en nette progression de 6,4 % selon le rapport Allied Market Research ( 2021 « Voyages de luxe »).
Un changement de paradigme qui pose néanmoins la question de l’interaction culturelle entre ces nouveaux touristes et les locaux. Une position avec laquelle nos organisateurs ne transigent pas « A chaque édition on fait en sorte que le pays participe avec ses cavaliers. Être dans un échange culturel est plus qu’une démarche : un postulat. C’est impensable d’organiser un événement comme celui-là sans associer les locaux. L’objectif est justement que nos cavaliers puissent les rencontrer et échanger leur expérience. ». Avec la participation dans les éditions précédentes de la cavalerie royale au Maroc, du 51e régiment de cavalerie indien mais également de l’équipe omanaise du Sultan, c’est la princesse Jalila bint Ali, de la famille royale jordanienne qui a défendu les couleurs de son pays cette année. Sans oublier le potentiel économique localement – en particulier après deux de pandémie aux retombées catastrophiques – avec un événement qui a mobilisé 80 % des effectifs de la région de Wadi Rum (Hôtel 5 étoiles, convoi de 4X4, guides locaux ou encore propriétaires de chevaux). « Nous sommes régulièrement en pourparlers avec les autorités de pays très intéressés par ce type de promotion  touristique comme ceux du Moyen Orient ( Qatar, Arabie Saoudite,…). ».

 

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Gallops un raid course jordanie tourisme photo@christophebricot

Une aventure avec un itinéraire à chaque fois différent qui attire de plus en plus de candidats. « Même avec notre expérience des 4 éditions précédentes, on repart d’une page blanche : un nouveau lieu où il faudra tout recréer (sourcing, parcours et qualité des chevaux). Il faut en priorité que le pays d’accueil ait de bons chevaux. ».

Entre la Tunisie et la Patagonie, le choix de la cinquième édition est déjà en réflexion pour les deux fondateurs passionnés. « C’est également beaucoup d’émotions pour nous en tant qu’organisateurs. Gérer deux cent personnes d’un bivouac à l’autre nous donne un aperçu de ce qu’était une armée de cavalerie. On a des choses à apprendre du génie militaire de l’époque napoléonienne qui faisait avancer des milliers d’hommes (rires).». La formule connait un vif succès… avec des places limitées et déjà de nombreuses réinscriptions enregistrées. Pour citer Thomas Edward Lawrence alias Lawrence d’Arabie, « Tous les hommes rêvent, mais inégalement. », l’aventure nourrit le rêve de ces nouveaux voyageurs.

 

Petra Jordanie tourisme cheval
Gallops photo@christophebricot

 

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