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Jao Tsung-I, Quand La Peinture Explique La Pensée Chinoise

Un peintre, un poète, un sinologue et un calligraphe. Voilà quelques-uns des nombreux qualificatifs de Jao Tsung-I, un érudit chinois dont les estampes se sont vendues récemment plusieurs centaines de milliers d’euros chez Christie’s.  Alors qu’Emmanuel Macron vient d’inaugurer une nouvelle branche du centre Pompidou à Shanghai, la fille de Jao Tsung-I revient pour Forbes France sur l’œuvre de son père.

Un sinologue chinois profondément francophile

À l’instar de Yan Pei-Ming qui vit actuellement à Dijon, Jao Tsung-I entretenait une relation très particulière avec la France. Il a notamment écrit les “poèmes du lac noir”, traduits en français pour son ami sinologue Paul Demiéville. Il devint aussi en 1993 docteur honoris causa de l’École Pratique des Hautes Études. Le nom de l’institution à Hong-kong destinée à pérenniser son enseignement porte d’ailleurs un nom français : “la Petite École”, en souvenir d’une école jésuite visitée lors d’un séjour en France. “Un nom qui souligne l’humilité du Grand homme”, explique le Professeur Lee Chack-fan qui l’a côtoyé pendant de nombreuses années. Sa fille Angeline nous explique que son père était un bourreau de travail : “lors de son séjour parisien, sa chambre était toujours allumée.” Selon lui, “le succès n’était pas le fruit du hasard mais d’un travail acharné. Des réussites dans ses travaux qui lui valurent finalement le surnom de “fierté de Hong-kong”.

Variations autour du Lotus – Le bonheur Eternel présenté lors de la rétrospective de Jao Tsung-I en 2018

Ses peintures avec des fleurs de Lotus s’arrachent aujourd’hui à prix d’or

Mais Jao Tsung-I est plus qu’un simple sinologue. Il est aussi un artiste reconnu. Plusieurs centaines de milliers d’euros pour une estampe selon les dernières ventes de Christie’s. Jao Tsung-I fut donc extrêmement prolifique : par l’étude de l’histoire des caractères, Jao Tsung-I a permis une meilleure compréhension des racines de la Chine. « En Chine, la calligraphie est un art à part entière. Le geste du poignet, la façon de tenir le pinceau et la manière de déposer l’encre ont une dimension quasiment philosophique pour l’artiste » nous explique sa fille Angeline. Par sa création artistique et son érudition, le sinologue a fait œuvre de sa pensée afin d’offrir aux contemporains sa vision de la Chine. Le professeur Jao savait enfin faire œuvre de charité : il a souvent fait don de tableaux et calligraphies à des ONG ou à des universités — en 2018, un de ses panneaux s’est par exemple vendu à plus de 2 millions d’euros !

« Jao Tsung-I permet de mieux comprendre la dimension intellectuelle de la peinture chinoise »

« Jao Tsung-I permet de mieux comprendre la dimension intellectuelle de la peinture chinoise », souligne enfin sa fille. Celle-ci a ses théoriciens, ses génies et ses canons. Des canons qui ont notamment évolué au cours de l’histoire comme en témoigne les « fats ladies » de la période Tang (618–906) – voir photo. Ces statues, qui valent plusieurs dizaines de milliers d’euros et qui participaient aux rites funéraires traditionnels, sont très loin de nos standards de beauté de nos mannequins émaciés. La richesse de l’œuvre de Jao Tsung-I permet donc de découvrir que la peinture chinoise est un travail intellectuel complexe.

Statue communément appelée « Fat Lady » – Période Tang (618–906). Un canon de beauté féminin très différent de nos standards d’aujourd’hui

C’est toute la richesse de la pensée chinoise qui transparaît dans les œuvres de Jao Tsung-I. Une peinture nourrie par des lectures et une érudition avancée.  L’artiste donnait des conférences au Japon, en France et aux États-Unis et a écrit plus de 80 ouvrages et 539 articles académiques, soit un total de plus de 12 000 000 mots. Afin de pérenniser son enseignement, une Académie Jao Tsung-I vient de voir le jour dans un bâtiment historique de l’Université de Hong-kong.  

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