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Marc Warnod : « Platex A Toujours Fabriqué En France »

Située en Franche-Comté, l’usine Platex comprend une cinquantaine de salariés. Spécialisée dans la fabrication de plateaux, elle perpétue un savoir-faire typique de Franche-Comté. Le président de la société Platex, Marc Warnod, revient sur ses trente ans de carrière. 

Combien de personnes sont employées ? 

Nous employons une cinquantaine de personnes sur deux lieux différents. Dix d’entre elles occupent le siège social à Paris. Quarante employés travaillent en Franche-Comté, dans le Doubs. C’est une PME atypique (rires). L’usine historique est située aux Fourgs. Nous sommes les leaders du marché français, une place que nous n’aurions pas pu atteindre sans des collaborateurs de qualité. Très peu de PME ont décidé de rester, il est facile de délocaliser et de trouver une usine en Chine ou dans un pays où la main d’œuvre est peu coûteuse. D’autant que les charges sociales y sont beaucoup moins importantes qu’en France. Pour les industriels, ces charges sont écrasantes. De surcroît, nous sommes soumis à plus de 400 000 normes, un record mondial ! Quand au droit du travail, sujet sensible s’il en est, sa rigidité n’est pas sans poser problème.  

Vendredi s’ouvre le salon Maison et Objet. Allez-vous y participer ? 

Nous sommes présents sur ce salon professionnel depuis une quarantaine d’années. Platex exposera deux fois, lors de la session de janvier et celle de septembre. Nous renouvelons nos collections de plateaux tous les six mois en y intégrant des nouveautés, ce salon nous donne la possibilité de les exposer et les présenter à la clientèle. Nous rencontrons nos nouveaux clients et nos clients existants. C’est un rendez-vous obligatoire et agréable. 

Maison et Objet est un des salons leaders de son secteur, fortement international et on le ressent dans nos ventes puisque la majorité sont destinées à l’export. Le marché français souffre beaucoup, comme tout le business de la restauration. 

 

 

Quelle direction a pris l’usine à votre arrivée ? 

À mon sens, deux décisions très importantes ont été prises pour l’avenir de Platex.

Nous avons orienté ce marché vers des critères de qualité, alors que le marché était en voie de marginalisation. Développer des produits spécifiques a permis à l’usine de reprendre un second souffle. Le point stratégique fut l’augmentation de l’offre. À une époque où les offres des fabricants se résumaient à deux ou trois gammes, nous en avions déjà dix. Nous avons pris en compte les besoins du client pour pouvoir élargir notre gamme pour mieux cibler notre clientèle. Une cantine de prison ou le siège social de LVMH n’ont pas besoin du même produit.

Notre autre atout a été de comprendre très rapidement que le monde de la restauration et le grand public n’allaient pas tarder à se rencontrer. Nous avons essayé d’insuffler une touche de modernité, de sophistication dans un marché standardisé. Les produits génériques nuisaient considérablement au développement des entreprises parce que personne ne se distinguait d’une quelconque manière que ce soit. Ça aurait pu finir par tuer le marché. 

En fabriquant des produits dans l’air du temps, le décorateur s’arrête pas à la finition de la vaisselle ou du mobilier, il peut aller au delà. On espère que nos produits se renouvelleront non plus tous les dix ans, mais tous les sept ans. En donnant à chacun l’opportunité de créer un produit qui lui ressemble, nous avons étendu notre expertise marketing. Nous avons été précurseurs et très dynamiques dans ce domaine. Chacun souhaite apposer sa marque, son logo et sa présence sur un objet. Aujourd’hui, 50 % de nos ventes sont personnalisées dans le secteur professionnel. Le tournant de la personnalisation des produits nous a permis de nous maintenir sur le marché. 

Qui achètent vos produits ? 

Gage de réussite : 80% de nos ventes grand public se font à l’étranger. Nous vendons dans une trentaine de pays, nos clients se situent majoritairement au Moyen-Orient et en Europe. Les pays du Golfe sont très demandeurs en produits haut-de-gamme.  L’atout phare de notre société, c’est notre capacité à  moduler nos volumes de production. Nos commandes sont éparses, de quinze à plus de mille plateaux à livrer.

Nous travaillons beaucoup en sous-traitance. Nous sommes distribués par Chomette, peu connu du grand public, le premier distributeur de matériel de restauration en Europe. Il s’implante à présent en Australie, après le rachat d’un intervenant majeur sur ce marché-là. 

Comment l’usine a-t-elle fait face à la crise ? 

Lorsque nous avons décidé de nous lancer en 1985, il y avait 25 fabricants de plateaux. En France, il y en avait au moins quatre. Actuellement, il reste trois fabricants en Europe. Les pays à main d’œuvre peu coûteuse ont décimé nos industries et s’ils avaient pu décimer notre métier, ils l’auraient fait. Je crois que Platex a su développer des produits en instaurant une importante flexibilité pour avoir une offre très large, ce qui rend évidemment compliquée la pénétration sur le marché des pays à la main d’œuvre peu coûteuse. Lorsque vous avez une offre, dans une gamme de produits sur des dizaines de dimensions, des dizaines de couleurs et que vous personnalisez, le tout en étant capable de livrer en 15 jours, vous vous imposez facilement. C’est une équation compliquée que les pays à main d’œuvre peu coûteuse n’ont pas su résoudre, mais c’est en cela que réside notre protection. 

Le marché est très éparpillé, la production en masse n’est pas nécessaire puisque chaque client veut un produit unique. La demande n’est pas adaptée à leur mode de production massive. Je crois que c’est cela qui a su nous préserver et c’est ce que nous cultivons puisque c’est une qualité industrielle. On cultive notre protection.

 

 

Pourquoi produire en France ? 

C’est lié à deux raisons principales. Platex a toujours été produit en France et ce, depuis 1985. Pour des raisons historiques, nous avons choisi de rester en France. Par ailleurs, notre entreprise nécessite une main d’œuvre qualifiée, ce n’est pas réalisable par n’importe qui. Le savoir-faire unique dont nous disposons n’est pas maîtrisé partout. 

Le made in France est reconnu comme une « espèce de gage de qualité ». Je dis « espèce de gage de qualité » parce que selon le métier, c’est associé à différentes caractéristiques, ça varie énormément. Dans le métier des arts de la table, de la décoration, c’est gage de goût, de qualité et de tradition. Cette association nous distingue grâce à cette valeur ajoutée. 

 

 

 

Vous maîtrisez tout le processus de fabrication ? 

Oui, nous sommes de vrais industriels. Actuellement, beaucoup se prétendent industriels, cette affirmation ne coûte rien et peut rapporter beaucoup. Nous sommes de véritables industriels, avec à notre disposition une usine, un parc machines important, plusieurs technologies, un équipement qui nous permet de partir de la matière première et d’arriver au produit fini. Nous achetons simplement la matière première, différente selon le public visé. Nous destinons l’acrylique au grand public, les professionnels choisissent le stratifié ou le polyester. Suivant la matière, le traitement est différent. 

 

 

Pourquoi l’usine est située dans le Doubs ? 

L’histoire de l’usine est liée à ce lieu. Au départ, Platex est une entreprise suisse travaillant le bois. Ils ont ouvert en France à 2 kilomètres de la frontière et ont commencé à commercialiser leurs produits sur le marché français.  Les années 80 ont apporté un tournant majeur. L’usine suisse se spécialise dans les boîtes à musique grâce à des mécaniques sophistiquées et du bois précieux. Lorsque l’entreprise dépose le bilan en 1985, elle est reprise par l’équipe actuelle qui en fera un leader sur son marché.

 

Article réalisé par Dominique Busso et Emmanuelle Lacheny

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