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Amérique Latine : Une Croissance Économique Dépassant Celle De L’Asie

Amérique LatineGettyImages

Grâce à la Réserve Fédérale qui a maintenu les taux d’intérêts stables pour le reste de l’année et peut-être même tout au long de 2020, les pays d’Amérique latine offrent un terrain propice de croissance pour les investisseurs des marchés émergeants selon Barclays Capital.

Avec une progression de 6%, même le PIB du Venezuela progressera l’an prochain.

Pour les pays qui présentent des marchés boursiers plus matures comme le Brésil, le PIB croît de 2,2% à 2,6%. La Colombie passe de 3,5% à 4%. L’Argentine sort de récession avec une croissance de 2.2% pour l’année prochaine, ce qui équivaut à un essor économique considérable si les prévisions s’annoncent justes. Même le Mexique est en pleine croissance, en dépit d’un ralentissement général de son marché principal, le PIB mexicain des États-Unis devrait passer de 1,8 % cette année à 2 % en 2020. En somme, le PIB de l’Amérique latine s’améliore en 2020 grâce au Mexique, Brésil, à la Colombie et l’Argentine, augmentant de 2,6% au lieu des 2% prévus cette année. Ces chiffres sont d’autant plus prometteurs que les taux de croissance du bloc Asie-Pacifique, qui eux stagnent à 5,3%.

D’autres sociétés d’investissement le reconnaissent également.

« Notre exposition reste limitée sur les marchés émergents, mais le Brésil nous apparaît comme une opportunité, » déclare Bozidar Jovanovic, premier vice-président et stratégiste de porte-feuille pour Bank Leumi à New York.

L’Amérique latine semble attrayante notamment parce qu’elle revient de loin. Toutes ses grandes économies étaient en crise il y a un an, le sont toujours ou sortent d’une récession. Seul le Mexique est resté stable, grâce à son principal partenaire commercial au nord du Rio Grande.

Le seul pays d’Amérique latine qui a été un meilleur investissement que le simple placement de 1000 $ dans le fonds négocié en bourse iShares MSCI Emerging Markets cette année est le Brésil. Au cours des 12 derniers mois, le Brésil et la Colombie ont dépassé l’indice de référence, tel que mesuré par l’indice MSCI Colombie.

Barclays a en fait révisé à la baisse ses perspectives de croissance au Brésil de 300 points de base pour cette année, les risques à la baisse étant liés à l’ampleur de la réforme des retraites. C’est la plus grande histoire économique fondamentale du Brésil à l’heure actuelle, et la confiance des entreprises et des consommateurs pourrait être ébranlée s’il s’avère que ce n’est pas le cas.

L’économie mexicaine a terminé l’année 2018 sur une note plus molle que prévu, mais les analystes de Barclays, dirigés par Marco Oviedo à New York, ont déclaré dans un récent rapport aux clients que le pays présente les conditions favorables « pour un rebond au premier trimestre malgré un climat d’incertitude économique plus faible ».

La consommation pourrait s’améliorer grâce à une croissance stable de l’emploi et à une hausse des salaires réelle dans ce pays également, tandis qu’une réduction de l’incertitude au sujet du sort de l’ALENA pourrait amener les entreprises à réorganiser des projets qui ont été retardés depuis que Trump a remporté la présidence et a menacé de mettre au rebut l’accord commercial vieux de plusieurs décennies.

L’Argentine éprouve encore quelques difficultés mais est en voie de guérison. Barclays s’attend à ce que le PIB atteigne son plus bas niveau en décembre. Les données économiques pour les mois de  janvier et février montrent quelques signes indiquant un regain d’activité.

D’autre part, la hausse de l’inflation en Argentine – plus de 35 % par an – signifie que des taux d’intérêt plus élevés empêcheront la progression de la croissance. L’économie devrait connaître une croissance plus forte au deuxième trimestre grâce à de bons niveaux de récolte et à une meilleure performance de la consommation personnelle grâce à la reprise des salaires dans certains sites.

Les banques centrales de la région devraient garder leurs taux inchangés pendant la majeure partie de l’année, le Brésil restant stable aux dernières nouvelles.

« La banque centrale brésilienne a commencé à ouvrir la voie à une éventuelle baisse des taux à la fin de cette année « , déclare James Barrineau, gestionnaire de fonds obligataires pour Schroders à New York. Il pense qu’ils sont susceptibles d’adopter une attitude attentiste à l’égard de la réforme des pensions. « Si cette réforme est adoptée, elle fera pencher la balance en faveur d’une baisse des taux en renforçant le sentiment à l’égard du Brésil « , affirme-t-il.

La tendance au retrait de la Fed devrait donner aux banques centrales d’Amérique Latine un sentiment de sécurité dû à un scénario de dollard plus faible. Entre autres, ces tendances pourront donner aux banques centrales plus de marge de manœuvre et de temps pour ajuster leurs politiques monétaires en réponse à des questions d’ordre intérieur.

Sur le front du risque politique, le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro semble perdre un certain soutien populaire, ce qui pourrait l’obliger à dissoudre son plan initial de réforme des pensions.

Un sauvetage financier pour Pemex, la société pétrolière contrôlée par l’État au Mexique, et des mesures fiscales supplémentaires devraient être annoncées prochainement par le nouveau président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador. Il ne faudrait pas s’étonner de l’annonce d’un abaissement de la cote de crédit. Les investisseurs avertis dans le domaine des titres à revenu fixe attendront la réaction réflexe habituelle du mouvement d’adhésion en moins d’une journée.

Pendant ce temps, l’Argentine se prépare pour ses élections présidentielles au mois d’octobre. Les chances de succès du Président Mauricio Macri reposent sur un peso stable et une économie oscillant entre stabilité et croissance. La croissance de l’Argentine sera tout de même négative, mais une croissance à -2,1% est mieux qu’à -3%. Les marchés surveillent le peso et les adversaires de Macri, à savoir Cristina Kirchner. Jusqu’à maintenant, elle n’a fait aucune promesse de renoncer au plan de sauvetage de 56 milliards de dollars du Fonds monétaire international. Mais si elle se positionne au second tour de scrutin avec Macri en automne, les investisseurs ne tiendront pas immédiatement rigueur à un autre défaut de Kirchner.

« La compétitivité électorale de Macri pourrait s’améliorer par rapport aux sondages d’aujourd’hui si le peso se stabilise et si l’inflation commence à baisser. En fait, l’amélioration de l’environnement des marchés émergents devrait aider le peso « , dit M. Oviedo.

Enfin, au Venezuela, les conditions sont favorables à la possibilité d’une fracture au sein du parti au pouvoir, le Parti socialiste uni, dirigé par le président Nicolas Maduro.  Avec l’argent qui s’épuise continuellement, la crainte d’un manque de trésorerie pourrait ouvrir la porte à des changements politiques, avec un possible retrait de Maduro et la mise en place d’un gouvernement intérimaire dirigé par l’armée qui prendrait la relève et appelerait à des élections anticipées.

La forte baisse de la production pétrolière du Venezuela ainsi que son soutien financier à Cuba ont atteint des niveaux critiques qui dépassent la part des ressources financières disponibles pour la consommation du pays. Il s’agit, entre autres, du financement des infrastructures comme l’électricité et du paiement du soutien des officiers de niveau intermédiaire de l’armée. Si la crise vénézuélienne se prolonge, la capacité de redressement de son économie sera compromise. Cependant le pays est tellement isolé qu’il n’y aurait pas d’autres retombées autres qu’en Colombie.

La Colombie est le pays le plus durement touché par la crise vénézuélienne, abritant plus d’un million de migrants.

La guerre commerciale a en grande partie maintenu l’Asie intacte, mais en pause. La croissance ralentit en Chine, mais Richard Turnill, stratège chez BlackRock, pense qu’elle a touché le fond. Si tel est le cas, cela pourrait aider la Chine à rester un point chaud pour les investisseurs. De même que pour les petits pays de l’Asie du Sud-Est comme la Thaïlande et le Vietnam, qui peuvent tous deux être négociés en produits ETF, ce qui ressemble davantage à une opportunité que ces quatre pays d’Amérique latine.

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