Fondée en 1961 au Cheylas, en Isère, Winoa a su développer ses activités et s’adapter à l’international pour devenir aujourd’hui le leader mondial de la grenaille abrasive d’acier, et du traitement de surface. L’entreprise fête ses 60 ans cette année. Thierry Fradin, directeur commercial et marketing, répond à nos questions.

 

Votre société opère sur un marché de niche, pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit?

Thierry Fradin : Winoa fabrique de la grenaille abrasive d’acier. Ce sont des minuscules billes de métal, obtenues à partir d’acier recyclé et coulé. Elles sont ensuite utilisées pour le nettoyage de pièces industrielles. Elles servent soit à débarrasser ces pièces de leurs imperfections soit à y créer des rugosités afin que la peinture accroche mieux. C’est un processus peu connu du grand public mais critique pour nos clients. Le premier marché de Winoa est celui de l’industrie automobile ainsi que des autres moyens de transports. Cela représente environ 40% de nos ventes. Pour donner un exemple concret, une voiture compte des milliers de composants, dont certains doivent être grenaillés à la sortie des fonderies. Nous estimons par exemple qu’une voiture avec un moteur diesel consomme, à travers ses différents composants, environ 3.8 kg de grenaille.

 

En quoi la grenaille produite par Winoa est moins polluante ?

Thierry Fradin : La grenaille abrasive d’acier constitue une alternative écologique au grenaillage par des minéraux. Cette seconde technique de nettoyage des pièces industrielles produit des déchets car elle utilise des minéraux  qui ne sont pas recyclables, et finissent donc en décharge. Au contraire, notre «green grenaille» d’acier,  peut  être réutilisée des dizaines de fois, avant d’être récupérée et recyclée, presque à l’infini.  

 

Outre le secteur automobile, dans quels autres domaines travaille Winoa ?

Thierry Fradin : Winoa opère sur de nombreux secteurs industriels : les biens d’équipement comme les engins de chantier ou des équipements électroménagers, la construction lorsqu’il faut par exemple grenailler des poutrelles mécaniques, la métallurgie pour nettoyer des plaques des tôles d’acier, l’aéronautique, un domaine qui implique des contraintes et des normes strictes, les chantiers navals lorsqu’il faut nettoyer les coques des bateaux par exemple ou encore le pipe coating, pour préparer les pipelines avant d’appliquer la peinture de protection. Winoa est une bonne représentation de la dynamique de l’industrie mondiale. Cette diversité nous permet aussi de balancer notre portefeuille, d’équilibrer l’activité en jouant sur le dynamisme de ces différents secteurs, en fonction aussi de leurs positions géographiques.  

 

Quels sont les principaux enjeux de votre secteur ?

Thierry Fradin : Winoa doit innover sans cesse, afin d’optimiser les performances de nos produits et répondre au mieux aux demandes de nos clients. La gamme «premium» regroupe ces innovations. Il s’agit de produits customisés et adaptés aux besoins spécifiques de nos clients, par la sélection  des grenailles choisies parmi 700 références, et mixées ensemble pour obtenir de meilleurs résultats. Winoa fabrique également des produits de spécialité comme la grenaille inox, plus adaptée à certains types d’application, ou comme le fil coupé à haute durabilité qui, là aussi, doit répondre aux besoins très spécifiques de nos clients.

 

Quelle place pour la digitalisation ?

Thierry Fradin : C’est un enjeu primordial pour notre industrie. Winoa développe ainsi des outils digitaux destinés à aider nos clients à optimiser leur consommation de  grenaille. Tous nos commerciaux et supports techniques sont désormais équipés d’application sur leurs smartphones. Ils peuvent ainsi réaliser des simulations pour chaque client. Winoa a également établi des standards pour mieux calibrer la propreté des pièces grenaillées à travers un outil de mesure optique. Enfin, nous déployons des plateformes d’e-commerce dans certains pays pilotes pour vendre nos produits mais aussi des services complémentaires. Nos efforts se concentrent sur la maintenance et la réparation des machines à grenailler. Les besoins de nos clients évoluent vers plus de simplicité, certains souhaitent par exemple sous-traiter leurs opérations de grenaillage et nous devons accompagner ces démarches.

 

Comment Winoa s’adapte-t-elle à la reprise de l’activité suite à la crise sanitaire ?

Thierry Fradin : La principale conséquence de la reprise économique, est l’emballement du prix de l’acier, et de la ferraille qui est notre matière première. Le coût de la ferraille est à des niveaux jamais atteints depuis 2008. Cette inflation touche aussi les alliages, les réfractaires et l’énergie. Nous devons donc revoir les prix de nos produits pour protéger nos marges.

 

Winoa fête ses 60 ans cette année. Comment a évolué l’entreprise depuis sa création ?

Thierry Fradin : Winoa est née d’une joint-venture entre Bell Intercorp et la Société des Hauts Fourneaux & Forges d’Allevard. Elle compte aujourd’hui 800 salariés répartis dans le monde, dont 150 en Isère où se situe son siège historique. La société possède des usines dans 9 pays (Brésil, Espagne Canada, Corée du Sud, Japon, Russie, Slovénie Thaïlande), la plus importante étant installée en France. Nous avons également des bureaux commerciaux en Allemagne, Italie, Angleterre etc… Nous réalisons un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Pour autant, Winoa reste une entreprise de taille intermédiaire, très ancrée dans son territoire. Nos employés sont attachés au groupe, et à ses valeurs. Winoa s’est développée au fil des ans pour aller à la conquête du monde. Aujourd’hui, elle est l’un des exemples de ces sociétés qui constituent la richesse du tissu industriel français et qui contribuent à faire rayonner la France à l’étranger.