SNAM apporte la preuve qu’il est possible de recycler en France des batteries de véhicules électriques à la fois performantes et de haute qualité. Les explications d’Eric Nottez, président de la société. 

 

Un débat sur la qualité écologique des batteries de véhicules électriques oppose deux écoles. Les uns y voient une réelle solution à la crise environnementale. Les autres estiment qu’il s’agit d’un non-sens puisque la production de telles batteries est elle-même polluante…

Eric Nottez : Les deux visions peuvent se défendre parce qu’elles ne se basent pas sur le même horizon temporel. Quand on fabrique pour la première fois un produit, on consomme beaucoup de ressources et énormément d’énergie. C’était donc aussi le cas pour la toute première batterie de puissance nécessaire au véhicule électrique. Mais, positionnons-nous disons 10 ans plus tard. Le bien en question, dont la fabrication est maîtrisée, devient un bien de consommation plus courant, avec des taux de recyclage conséquents et respectueux de la réglementation. Dans ce contexte, le produit en question n’est plus polluant. 

 

Quel taux d’efficacité global peut-on atteindre dans le domaine des batteries de véhicules ?

Eric Nottez : Chez SNAM, le taux de recyclage compris en efficacité globale sur la batterie est de 70 % à 90 %. Avec de tels niveaux, nous n’avons plus besoin d’extraire que les matériaux ou les ressources qui représentent les compléments (ou les suppléments) par rapport à un usage en réutilisation infinie. D’où également la mise en place de notre projet Phenix Batteries qui vise à fabriquer en France de nouvelles batteries composées à 80 % d’éléments recyclés De plus, cela veut dire que SNAM est déjà conforme à ce que prévoit la future réglementation européenne. J’ajouterai à ce sujet que nous pensons que la législation doit d’abord être de nature incitative et surtout ne pas tomber dans le travers du tout punitif. 

 

Le projet Phenix Batteries est celui pour lequel vous avez reçu en 2021 le prix EnterPrize dans la catégorie Environnement délivré par le Groupe Generali ?

Eric Nottez : Effectivement. Nous sommes la première entreprise à atteindre dans le domaine de la fabrication de batteries de tels taux de réutilisation et de recyclage. Atteindre les 80 % est un résultat éminemment significatif. 

 

Les produits recyclés sont encore perçus comme des produits de moindre valeur alors que ce n’est pas le cas. Ce qui peut poser d’énormes problèmes économiques pour le recycleur d’autant que ce dernier engage souvent des capitaux importants dans le cadre de son activité. Dans ce contexte, est-il nécessaire d’inventer un nouveau business model ?

Eric Nottez : Chez SNAM, nous avons souhaité sortir de l’équation quelque peu suicidaire suivante : « Faire du recyclage pour le moins cher possible en vendant le moins cher possible ». Il s’agit, au contraire, de proposer au marché des produits plus qualitatifs, plus purs, plus complexes, et plus diversifiés. Cela nous a permis d’étendre nos marchés et de vendre à des prix supérieurs. Nous sommes donc dans un schéma où nous créons de la valeur et pouvons concurrencer les acteurs internationaux, en particulier asiatiques, qui vendent à bas prix des produits souvent moins performants (les batteries japonaises sont, quant à elles, très performantes). 

 

A quel rythme devrait évoluer le marché de la batterie dans les prochaines années ? 

Eric Nottez : Le marché de la batterie devrait croître de l’ordre de 2000 % dans les 6 prochaines années selon les estimations les plus modestes de la Commission européenne. Cela fait donc déjà beaucoup. Mais lorsqu’on prend en compte dans le calcul la conversion de l’industrie automobile et ses conséquences en matière de production, on obtient un effet boule de neige. C’est pourquoi l’industrie automobile estime que son taux de croissance, grâce au passage à l’électrique, sera de 5 000 % dans les toutes prochaines années.