Comment les entreprises peuvent-elles absorber une demande croissante tout en réduisant leur impact environnemental ? Face aux évolutions réglementaires, aux nouvelles exigences sociétales et à l’urgence climatique, les industriels s’efforcent de trouver des solutions. Mais est-il vraiment possible d’atteindre la neutralité carbone tout en restant compétitif ? Une équation complexe et passionnante qu’Alfa Laval, fournisseur de solutions d’ingénierie innovantes, s’efforce de résoudre depuis sa création, en 1883.

 

Alfa Laval est spécialisé dans l’échange thermique, le transfert, et la séparation de fluides. Quelles sont les industries qui utilisent ces procédés ?

C’est très large, puisque nos équipements jouent, le plus souvent, un rôle central pour un grand nombre d’industries : la production de biocarburants, de produits agroalimentaires et pharmaceutiques, les biotechnologies, le travail des métaux, de la pulpe et du papier, la production d’électricité et d’énergie en général, le raffinage, le pétrole et le gaz, la production d’eau chaude, de chauffage et de climatisation, de froid industriel, mais aussi le traitement des eaux usées municipales ou industrielles, le transport maritime… Nos technologies, qui sont les échangeurs thermiques, les séparateurs haute vitesse, les décanteurs centrifuges et les équipements de transfert de fluide (pompes et vannes hygiéniques, équipements de cuves…) sont donc partout les mêmes, mais elles peuvent s’adapter selon les marchés pour répondre à des besoins très différents.

 

Y’a-t-il des défis communs à ces trois secteurs ?

Tout à fait. La population mondiale ne cessant de croître, on assiste à une augmentation des besoins en énergie, en eau potable, en produits alimentaires et pharmaceutiques, en transport maritime… Ce qui rassemble ces secteurs, c’est la nécessité de produire plus et mieux avec moins, c’est-à-dire absorber cette demande croissante tout en maîtrisant l’impact environnemental. Imaginez un monde dans lequel nous pouvons tirer le meilleur des ressources naturelles tout en les préservant ! Le défi consiste d’abord à trouver des solutions pour améliorer et transformer les processus de fabrication existants. Cela passe notamment par la réduction des consommations énergétiques, la revalorisation des déchets ou encore la récupération de chaleur. Alfa Laval accompagne les industries dans leurs réflexions et propose des échangeurs, séparateurs ou décanteurs centrifuges capables de répondre à ces problématiques. Mais ce n’est pas suffisant. Le but ultime pour toutes ces industries, c’est d’atteindre la neutralité carbone. Les évolutions réglementaires apportent également leur lot de défis aux industriels. Le marché de la marine a, par exemple, été très secoué au cours des dernières années, avec de nouvelles réglementations internationales sur le traitement des eaux de ballast et sur les rejets de polluants liés à la combustion des moteurs à propulsion. Les flottes se tournent désormais vers des fiouls à basse teneur en soufre ou même des biocombustibles, mais cela implique d’adapter la ligne de carburant en conséquence. Les navires doivent s’équiper d’épurateur intelligent et de filtre compatible avec les viscosités de ces nouveaux carburants. Cela représente des investissements massifs pour cette industrie. 

 

Est-il possible de concilier neutralité carbone et compétitivité ?

C’est un vrai défi ! Mais ce n’est pas de la science-fiction, et il existe des solutions pour s’en approcher. Chez Alfa Laval, nous sommes d’ailleurs engagés à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2030. Nos usines de fabrications, autant que les sociétés de vente à travers le monde, sont engagées dans une démarche environnementale forte. L’objectif est de réduire drastiquement nos consommations d’eau, d’énergie, ainsi que nos émissions de CO²… En France, par exemple, nous achetons depuis 2017 de l’électricité issue des énergies renouvelables et une réflexion est ouverte pour passer nos flottes de véhicules à l’hybride ou l’électrique. Pour parvenir à la neutralité carbone, les entreprises doivent travailler sur plusieurs volets. A commencer par la modernisation de leur outil de production existant pour améliorer l’efficience énergétique. Concernant la marine, sur une flotte de bateaux, nous développons des technologies de turbines ORC ou de piles à combustibles qui vont permettre de réduire considérablement la consommation de carburant. 
Cela passe aussi par la récupération et la revalorisation des déchets. Si l’on prend l’exemple d’une station de traitement des eaux usées, nos décanteurs assèchent les boues d’épuration, ce qui permet de récupérer de l’eau. Les boues seront aussi moins lourdes à transporter au moment de les évacuer et vont pouvoir être réutilisées sous forme de combustible ou pour faire de l’épandage. La boucle est bouclée.
Pour aller plus loin, il faut aussi préparer le futur et rester attentifs aux opportunités que nous apportent les nouvelles technologies. Les biocarburants, la cogénération d’énergie, la captation du CO², la production d’hydrogène vert, sont autant de nouveaux terrains de jeux à explorer et sur lesquels Alfa Laval est déjà prêt pour accompagner les industriels. C’est la raison pour laquelle nous réinvestissons 2,3% du chiffre d’affaires dans la R&D. Les résultats suivent, puisque nous avons à ce jour déposé plus de 3 700 brevets.

 

Le digital ouvre-t-il de nouvelles perspectives en matière d’économies d’énergie et d’optimisation des processus industriels ?

La connectivité des équipements industriels, le fameux « Internet des objets » (IoT), ajoute de nouvelles possibilités comme l’assistance ou la surveillance à distance de l’état de nos équipements installés chez les clients. Ainsi, en tant que société de service, nous pouvons désormais réaliser certaines de nos interventions techniques à distance avec une simple interface digitale : devant sa machine, le client se connecte en visio avec son smartphone ou sa tablette et notre technicien le guide devant son écran d’ordinateur. En quelque sorte, nous sommes les « yeux du client », il est « nos mains », et ensemble nous opérons les dépannages simples à distance. Dans un futur très proche, cette offre de service sera très largement généralisée et deviendra le standard. Au final, tout cela se traduit, pour les industriels, par des coûts d’entretien réduits, une fiabilité de fonctionnement maximale, une plus grande efficacité des processus et un temps de disponibilité plus important des machines. C’est quelque chose que nos clients nous demandent de plus en plus souvent, parce que derrière il y a un impact direct sur le plan économique.