Le marché des ERP évolue rapidement. Les innovations techniques ainsi que la transformation des usages ont profondément changé les façons de concevoir cet outil central dans la vie d’une entreprise. Aujourd’hui, celui-ci se voit doter de fonctions d’hyperautomatisation à l’image de l’utilisation de la RPA (solutions d’automatisation robotisée des processus), qui permet de diminuer drastiquement les coûts fixes liés aux métiers, tandis que les évolutions technologiques contribuent à modifier le profil des DAF. Sur ces enjeux, l’éclairage de Jonathan Lascaux, PDG de FiveForty, cabinet de conseil spécialisé en finance et en informatique ERP Microsoft Dynamics 365 For Finance & AX.

 

Quelle est l’influence du développement des services cloud sur l’offre ERP ?

La montée en puissance du cloud (à l’image des solutions Microsoft) apporte toute la souplesse d’une plateforme numérique qui peut être comparée, toute chose égale par ailleurs à un Apple Store. Elle offre de très nombreuses applications qu’il faut savoir interconnecter. L’un des enjeux du cloud est donc la maîtrise des technologies désormais proposées. Auparavant, l’installation d’un ERP chez un client demandait la connaissance de deux à trois technologies. Aujourd’hui, l’on parle de plusieurs dizaines, voire plus qui, de plus, évoluent ou changent à un rythme soutenu. C’est donc un enjeu d’importance tant pour les clients que pour les prestataires qui doivent posséder les connaissances adéquates. Pour autant, grâce à la souplesse offerte par le cloud, il est possible de mener des projets informatiques beaucoup plus rapidement.

 

De quoi accélérer la transformation numérique des entreprises ?

Incontestablement. Dans le même temps, il faut avoir à l’esprit que le défi de la transformation numérique et les éventuels obstacles que l’on peut constater tiennent moins à la technologie proprement dite que dans la capacité des métiers à l’adopter. Il s’agit donc davantage d’un enjeu humain que technique.

 

L’installation d’un ERP s’est parfois transformée en véritable casse-tête pour certaines entreprises, notamment les PME sans donner les résultats escomptés (voire pire). Comment mener à bien, concrètement, un projet ERP gagnant ?

FiveForty tient son nom de la vision que nous développons et que nous proposons à nos clients. Une vision non pas à 360°, mais à 540°. Ces 180° supplémentaires peuvent se traduire par l’écoute et le partage qui représentent les valeurs de notre entreprise. La réussite d’un projet ERP, sa mise en place par une direction générale, nécessite de se recentrer sur l’humain. L’ERP va permettre de casser les silos. Les équipes vont devoir se parler. Si elles n’y parviennent pas, le projet sera voué à l’échec.

 

Quelles conséquences sont à attendre de l’automatisation des tâches, notamment par la généralisation des RPA sur les départements finance des entreprises ?

Il s’agit d’une question essentielle et de l’un des enjeux actuels des directions financières. C’est d’ailleurs l’objet d’un article que nous avons produit avec un ancien directeur financier du groupe Geodis. Aujourd’hui, dans les pays à économie développée comme la France, il s’agit de gérer du service, c’est-à-dire des équipes qui implémentent des processus et les gèrent. D’où toute l’importance de l’automatisation des étapes grâce à la RPA. Si rien dans ce sens n’est mené, ces services seront dans l’incapacité de tenir en termes de montée en charge comme en termes de flexibilité. Au final, c’est bien la question des coûts qui est ici posée. L’emploi de la RPA, de l’automatisation des tâches, va permettre de diminuer drastiquement les coûts fixes liés à l’activité au profit des coûts variables qui doivent être élastiques et s’ajuster à la demande. Cela a été tout le problème des banques. Ces dernières ont souffert du Covid car leur architecture est ainsi faite que le coût est le même qu’elles soient amenées à traiter une transaction ou des dizaines de millions.

 

Et qu’en est-il du profil des DAF eux-mêmes. Leur métier est-il en train de changer poussé par les évolutions technologiques ?

La partie qui ne change pas concerne la fiscalité à gérer, les audits à mettre en place, la comptabilité à tenir… Là où cela change, c’est dans la connaissance des technologies. Aujourd’hui, un DAF doit avoir dans sa palette une « touche » de techno et posséder un esprit ouvert au changement pour assurer la performance de son département.

 

On espère rapidement passer en phase de post-crise Covid. Que vont chercher les entreprises en matière de conseil ?

Ce que souhaitent les entreprises est de pouvoir compter sur des équipes simples, efficaces, qui avancent vite et proposent de la visibilité sur ce qu’on va leur mettre en place. Les organisations veulent le moins d’administratif possible et savoir combien elles vont devoir payer. Exemple : avant le Covid on nous commandait 400 jours de prestation sans se poser vraiment la question de l’emploi concret de ces journées. Aujourd’hui, les clients veulent des réponses précises à toutes leurs demandes, quelle que soit la taille du projet. Chez FiveForty, c’est ainsi que nous procédons. Avec des résultats concrets. Si, au plus fort de la crise, nous avons accusé jusqu’à –60 % du chiffre d’affaires, nous sommes actuellement à +30 %. Preuve que cela fonctionne.