Depuis le Grenelle de l’environnement et de la construction « Durable » des bâtiments, les entreprises doivent établir une fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) détaillant notamment le Cycle de vie de leur produit et l’impact carbone de leur fabrication. Ces nouvelles exigences et prises de conscience écologiques, impulsent un plus fort engagement des entreprises du bâtiment dans la cause environnementale et l’information de l’acheteur. Nous avons interrogé Emmanuel Le Coz, DG de Minco, fabricant de La Fenêtre Hybride qui intègre dans son usine à Nantes,  le critère de l’impact carbone en vue de transformer l’habitat conventionnel en habitat durable.

 

Quelle est la tendance dans la construction « bio-sourcée » c’est-à-dire à partir de matériaux provenant de la « biomasse » ?

Cette tendance dans l’habitat existe depuis 4 ou 5 ans, elle est bien représentée dans le domaine du bois (escaliers, fenêtres, construction bois). Des matières de niche, comme la paille utilisée surtout par une minorité très investie dans l’écologie, sont en train de prendre une place importante dans de nombreuses constructions et même des commandes publiques. Par exemple, nous travaillons sur la réalisation d’un Lycée avec EIFFAGE en bois et paille. Ce n’est plus marginal. On est loin de l’image de la maison en paille des 3 petits cochons ! Il existe maintenant, une vraie filière professionnelle, avec des avis techniques experts, des assurances décennales… La filière bois au niveau national et régional est également bien structurée. La prise en compte de l’impact carbone est aujourd’hui heureusement très partagée, c’est une évolution essentielle pour l’amélioration de notre environnement. En prévision des JO d’été à Paris en 2024, les pouvoirs publics veulent donner l’exemple.

 

Quels sont les enjeux des métiers de la construction face aux défis environnementaux ?

Notre vocation chez Minco est de participer à « décarbonner » la filière construction, c’est-à-dire construire plus intelligent, en prenant en compte également le principe de l’économie circulaire et l’approvisionnement des matériaux de proximité. Car il faut savoir que l’habitat représente 30 % des émissions de Carbonne (en prenant en compte la construction, l’isolation, le chauffage…). A notre échelle, nous souhaitons participer à l’effort national et international pour répondre aux enjeux écologiques.

 

Quelles sont les tendances et les évolutions de votre marché ?

Nous sommes sur un marché de niche : nous fabriquons des fenêtres hybrides, mêlant deux matériaux, un bâti bois et un extérieur aluminium qui résiste aux intempéries.

Nous avons travaillé pour que l’énergie nécessaire à la fabrication de notre produit soit minimale. Le CO2 nécessaire est actuellement de 61kg (KG CO² eq/UF, soit pour 1 m²).

L’avantage du bois, c’est qu’il est un soutien à la biodiversité et qu’il peut être trouvé à proximité. Implantés à Nantes, nous nous approvisionnons exclusivement en France dans les Landes, en Bourgogne et dans les Pays de Loire. L’équipe Minco compte 260 personnes réalise 500 fenêtres par jour pour un CA annuel de 52 M d’euros en 2019.

 

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

L’innovation et le respect de l’environnement sont vraiment dans nos gènes.

Nous devons inventer sans cesse pour développer et renouveler notre marché. Pendant le confinement, nous en avons profité pour créer des rendez-vous innovation, les « OUI à l’INNO » qui ont été très créatifs puisque 12 innovations et nouveautés sont nées pour anticiper les deux prochaines années !

L’une d’entre elle, unique, est la menuiserie en « Bois Brûlé Ssoleil » (BBS). Un produit très atypique orienté vers le marché de la montagne. Cela a été très complexe à réaliser, tout le monde a été mis à contribution, nous n’avons rien lâché. Au final, c’est en portant un projet collaboratif que les équipes terrain ont débloqué le procédé. Une autre valeur centrale est la persévérance et enfin l’audace, dans tous les domaines.

 

Quels sont vos engagements pour l’environnement ?

Nous sommes engagés naturellement de par de notre produit, même si nous n’avons pas encore de label normatif.

Nous avons travaillé à réduire les déchets, en optimisant les consommations, le recyclage mais aussi en prenant en compte ce critère dés la conception des produits. Pour 1 heure de production, nous générons 2.8 kg de déchets (dont 5% de déchets banals hors filière de recyclage). Nous récupérons les copeaux de bois pour chauffer entièrement notre usine.

Notre démarche va jusqu’au bout en faveur de la construction passive, par exemple pour concevoir notre produit Lumia, nous avons migré de la mousse polyuréthane vers la fibre de bois. Nous sommes associés depuis novembre dernier à « Time for the planet », un projet non mercantile qui vise à accélérer les ruptures technologiques en faveur de la planète.

 

Comment contribuez-vous à cet avenir « Bas Carbone » ?

Nous faisons à l’interne beaucoup d’opérations d’éducation à l’environnement.
Nous avons créé un Collectif Gaïa de 6 salariés qui mène une action locale solidaire avec un apiculteur à la retraite. Nous avons implanté 10 ruches sur nos terrains, le produit de ces ruches est revendu au profit du retraité qui complète ainsi ses revenus, d’autres pots sont offerts à nos clients et l’apiculteur mène un projet éducatif sur les abeilles pour les enfants des salariés. Nous avons également lancé à Noël un concours de nichoir à l’interne, en donnant un plan pour que les enfants le construisent eux -même et le décorent pour ensuite les installer pour les mésanges sur notre site. Des petites actions, certes, mais qui sensibilisent nos équipes ! Nous avons lancé un challenge pour faire réfléchir chacun à son impact carbone. Actuellement en France, nous sommes à 10,5 tonnes d’équivalent CO2/habitant, et il faut passer à 2 tonnes en 2050 et réduire de 40% d’ici 2030

Enfin, parce que nous utilisons le bois, nous pensons aux générations futures et nous sommes accompagnés (action labellisée Bas Carbone) pour une plantation d’arbres sur 3 hectares avec un agriculteur à 30 minutes du site. On contribue à notre niveau à la reforestation.

 

Quelle est l’actualité Minco ?

Nos fenêtres sont recherchées pour les grands projets de logement, le tertiaire, mais restent peu connues auprès des particuliers. Nous avons fait une mutation de notre communication depuis 2 ans pour mieux parler aux consommateurs. Nous allons lancer une campagne nationale TV pour gagner en notoriété et éveiller la curiosité du grand public sur La Fenêtre Hybride. Un petit pas pour l’entreprise, un bond de géant pour la marque !