Le monde de l’assurance connaît de profondes mutations et les acteurs subissent une forte pression concurrentielle dans un contexte réglementaire de plus en plus pesant. Les leaders du secteur constatent l’émergence de la « French Assurtech », avec de fortes levées de fonds pour soutenir le développement de « start up » et redéfinir l’assurance de demain. Pour en savoir plus, nous avons échangé avec François Reibell, Président de Strada Conseil, spécialiste depuis 20 ans de l’assurance et de la réassurance et dont la raison d’être est de sécuriser et faciliter les transformations de ses clients via l’humain et le digital.

 

Quels sont les enjeux dans les métiers de l’assurance aujourd’hui ?

François Reibell : L’assurance connaît, comme la finance et la banque, de profondes mutations. Nous assistons à l’arrivée de nouveaux acteurs, à l’image du secteur bancaire avec l’essor des banques en ligne il y a quelques années. Des levées de fonds conséquentes font naître de nouvelles « start up » en pointe sur les nouvelles technologies (IA, Data) ou des nouveaux produits d’assurance. Elles obligent les acteurs traditionnels à se redéfinir et revoir leurs méthodes de travail pour gagner en efficience, tout en devant se conformer à des contraintes réglementaires fortes. Ils doivent désormais travailler avec des profils pluridisciplinaires et de nombreux experts (experts du risque, de la finance, des nouvelles technologies, des transformations). Nous intervenons chez Strada Conseil sur cette conduite du changement. Il s’agit surtout de d’accompagner nos clients dans leurs transformations, les nouveaux outils changeant le rythme et la transmission des informations de façon profonde, ainsi que l’expérience utilisateur. Notre mission est de faire gagner en agilité nos clients qui doivent concilier un patrimoine existant important avec des nouvelles technologies et des nouveaux produits.

 

Le modèle de vente de l’assurance a-t-il évolué avec la digitalisation ?

François Reibell : L’assureur, l’agent, le courtier, le banquier ne sont plus les seuls à proposer de l’assurance. On assiste à la naissance de nouveaux canaux de distribution. Les grands acteurs du digital ou les grandes enseignes possèdent des bases de données utilisateurs très précises, ils sont experts dans la gestion de données complexes. En lien avec leurs produits, ces enseignes du e-commerce peuvent facilement proposer une assurance spécifique et des produits innovants, le dernier exemple en date est Ornikar (l’auto-école devenue insurtech pour vendre des nouveaux produits d’assurance Auto). Elles adressent directement leurs clients via leur canal de distribution alors que pour un assureur traditionnel, acquérir un nouveau client via les canaux usuels reste onéreux. Ce nouveau modèle va certainement se développer : un acteur ayant une plateforme de vente et des données structurées sur ses clients peut potentiellement devenir courtier et proposer ce service complémentaire. Les acteurs traditionnels sont déjà en train de se mobiliser pour réagir et conserver leurs parts de marché. 

 

La donnée « assuré » semble devenir une information stratégique, qu’en pensez-vous ?

François Reibell : Nos clients ont besoin d’avoir une connaissance fine de leurs assurés et de leurs risques pour mieux répondre à leurs attentes et, dans le même temps, Optimiser leurs portefeuilles, prévenir les sinistres et donc gagner en rentabilité. Les nouvelles technologies répondent précisément à ce besoin et permettent en outre d’apporter du conseil complémentaire et des services plus personnalisés (prévention, paiement des sinistres). Pour accélérer leurs transformations, les sociétés d’assurance font appel à nos missions d’accompagnement, celles-ci pouvant être ponctuelles ou sur des durées plus longues.

 

Quel est le cœur de votre métier de conseil ?

François Reibell : 60 % de notre métier consiste à parler les différents langages de nos clients (ceux des équipes métiers, des équipes techniques, informatiques ou digitales) et assurer l’adéquation de leurs besoins avec les solutions mises en œuvre. Nous pensons que c’est un facteur clé de succès pour sécuriser et faciliter leurs transformations opérationnelles (optimisation des organisations et des flux d’information, digitalisation). Notre métier consiste à être mobilisés sur la réussite des projets de nos clients. La connaissance de leur métier, leur écosystème ainsi que l’expérience acquise depuis 20 ans sont autant d’atouts pour y parvenir.

 

Quels sont vos défis chez Strada Conseil, en tant que conseil en assurance et réassurance ?

Le premier des défis est de répondre aux besoins de nos clients avec des consultants possédant plusieurs compétences, capables d’appréhender le métier complexe de l’assurance et de savoir parler à des Directions Informatiques. Le capital humain est donc essentiel au développement de notre activité, c’est d’autant plus vrai concernant le domaine de la réassurance, qui requiert des expertises particulières. Nous recherchons en permanence des profils à double compétence (métier, technique). Notre métier a besoin de tempéraments assertifs, de concepteurs-créateurs. Le consultant d’aujourd’hui doit en effet amener une valeur ajoutée, faire une proposition solide et être proactif. Nous recrutons des personnes expérimentées et curieuses qui souhaitent évoluer sur des projets passionnants et accompagner les changements de nos clients. Nous développons des formations, de la veille technologique, nous mettons à disposition des bases de connaissance dans notre intranet pour aider nos consultants à anticiper les besoins clients. Ils sont nourris, inspirés et toujours en lien avec Strada Conseil pour rester en avance de phase. Par exemple, en matière de prospective, nous nous intéressons à la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), aux nouvelles contraintes, aux réglementations, aux nouveaux produits… Les assureurs sont en effet de plus en plus concernés par l’impact de la RSE dans leur domaine, notamment sur l’impact de l’évolution climatique sur la sinistralité et donc la tarification des risques. C’est un enjeu fort sur lequel nous pouvons les accompagner également.

 

Comment définissez-vous votre culture d’entreprise ?

François Reibell : Notre culture d’entreprise est avant tout centrée sur le partage de la connaissance et l’esprit d’équipe où chacun peut jouer sa partition. Nous cherchons à favoriser l’esprit d’initiative, permettant à chacun de porter un sujet, et d’acquérir au fur et à mesure une expertise sur un de nos domaines de prestations. Ces initiatives nous ont conduit à créer des activités complémentaires. Par exemple, nous avons ouvert un bureau test à Londres, nous avons investi dans une « start up » spécialisée dans la prévention des risques assurantiels, ou développé un centre d’expertise sur les sujets de réassurance