À l’heure où la crise sanitaire a perturbé le monde et en particulier le monde du travail, la généralisation du télétravail a eu un impact fort sur le secteur de l’architecture d’intérieur et du design de bureau. Soraya Belhadia, directrice d’Atelier Oz, nous explique en quoi les enjeux de son secteur d’activité ont été perturbés et où en sont les réflexions des chefs d’entreprise concernant les évolutions à venir de leurs locaux de bureaux.

 

Pouvez-vous décrire les activités d’Atelier Oz, architecte d’intérieur et de design de bureau ?

Soraya BelhadiaAtelier Oz est avant tout la fusion entre 2 entités : une entité de design, spécialisée dans l’aménagement d’espaces tertiaires et l’autre entité spécialisée dans l’architecture d’intérieur. Ce double bagage nous confère une vision transversale et globale qui part de l’architecture et de l’environnement du bâtiment jusqu’aux aménagements intérieurs, en tenant compte de la culture d’entreprise. Atelier Oz est un bureau d’études avec une équipe pluridisciplinaire : des ingénieurs, des architectes, des architectes d’intérieur, des économistes mais aussi des designers… Son expérience de plus de 17 ans dans l’aménagement des espaces de travail et des lieux de vie, réunit des missions de conseil et de conception, intégrant toutes les phases d’un projet : audit technique, programmation, accompagnement au changement, space-planning, architecture d’intérieur, design, conception et pilotage de chantier. De nombreux projets sont livrés clés en main, respectent la réalité économique du projet, et fournissent aux clients une ambiance, un lieu de vie, jusqu’à la mise à disposition du mobilier et de la décoration. Même si 99,8 % de nos projets concernent des immeubles de bureaux, notre spécialité, nous fournissons également le même type de service d’aménagement de lieux de vie aux particuliers, notamment des maisons de retraite haut de gamme.

 

Comment la crise sanitaire a-t-elle influencé les activités de votre cabinet d’architecture d’intérieur ?

Soraya Belhadia : Tous les projets se sont arrêtés immédiatement. La crise sanitaire a complètement bouleversé les environnements de travail. La priorité de nos clients s’est immédiatement transformée ; la gestion des flux au niveau des bâtiments et de la protection du personnel est devenue la priorité absolue. L’avènement du télétravail, brutalement imposé par la pandémie, a amené les entreprises à se poser de nouvelles questions : comment réduire les coûts d’entretien des bâtiments inoccupés pendant le confinement ? Le télétravail va-t-il perdurer et comment les entreprises vont-elles travailler après la crise ? Nos bâtiments sont-ils suffisamment résilients pour l’après Covid-19 ou le terrorisme ? La crise nous a projetés à l’aube d’une nouvelle ère dont les enjeux consistent à comprendre et observer afin de créer les lieux de vie et de travail de demain. Atelier Oz a créé dans ce but un laboratoire de réflexion qui se réunit toutes les semaines pour observer les tendances d’évolution.
La pandémie amène à de nouveaux défis pour les entreprises :

  • Redonner l’envie de revenir au bureau ;
  • Créer des bâtiments résilients, des espaces de travail collaboratifs, faire du site un véritable amiral à l’image de l’entreprise ;
  • Créer des espaces plus cocooning, respectueux de l’environnement, où la nature reprend sa place et où l’humain est au cœur des réflexions ;
  • Réussir à adapter les bâtiments existants aux nouveaux usages.

Les réflexions portent donc sur différentes thématiques :

  • Une éventuelle diminution des surfaces de travail, en ne conservant qu’un vaisseau amiral et des satellites en région ;
  • Pour certaines entreprises dont les collaborateurs ont décidé de vivre très loin de Paris, l’accès à des espaces tiers ou de coworking, éventuellement partagés avec d’autres entreprises.

Notre mission est donc de réfléchir aux futurs aménagements, qui changent de visage et doivent devenir extrêmement agiles quant à la typologie d’espaces de travail : un bâtiment avec des services intégrés, pensé pour accueillir les collaborateurs dans des lieux où ils s’installent en fonction de l’usage qu’ils souhaitent (se retrouver, partager, se former), un bâtiment tertiaire ou mixte (habitation + tertiaire), voire même réversible, avec un mix de tertiaire et de commerces intégrés, voire un restaurant d’entreprise intégré dans l’immeuble qui permet de créer un lien social entre l’entreprise elle-même et la ville.

 

Dans ce contexte de généralisation du télétravail qui met un frein au développement de votre activité, quelles sont les tendances d’évolution de votre marché ?

Soraya Belhadia : Cette crise sanitaire a permis aux entreprises de comprendre à quel point les facteurs humains, sanitaires, de sécurité et d’environnement sont des éléments clés lors de la réflexion de nouveaux aménagements. La préoccupation de gagner des m2 est passée au second plan. Aujourd’hui, les préoccupations sont plus sociétales, environnementales et responsables. Notre mission évolue dans l’accompagnement des entreprises plus en amont pour dessiner ensemble leur organisation de travail : la réflexion passe d’abord par le choix du type de bâtiment (structure horizontale, avec des extérieurs, voire l’utilisation des toitures), puis sur leur aménagement, mais aussi sur la valorisation de bâtiments qui ne sont pas résilients grâce à l’adjonction de services (espaces bien-être et détente, services de livraison…).

 

Quelles sont les valeurs de votre entreprise et quels sont ses engagements ?

Soraya Belhadia : Remettre l’humain au cœur des préoccupations et transformer les lieux de travail en lieux de vie est notre leitmotiv, au travers d’un comportement responsable et écologique. À titre d’exemple, nous favorisons dans nos projets de maisons de retraite ou de maisons sociales le relooking du mobilier, pour éviter de générer des déchets et perpétuer l’histoire d’une famille ou d’une entreprise. Atelier Oz privilégie l’écoute et le travail collaboratif pour créer des espaces de travail d’abord et avant tout comme des lieux de vies. Ses collaborateurs sont en recherche et en réflexion constante sur la résilience des bâtiments, sur la nécessaire adéquation entre le bâtiment et son environnement, ainsi que sa place et son rôle au sein de la ville.