Mal connu, le crédit hypothécaire fait peur à certains en France car il est bien souvent associé à la notion de dette. Pourtant, un prêt hypothécaire peut être un véritable sésame pour donner vie à un projet professionnel ou personnel en mobilisant un bien ou un patrimoine immobilier. Véronique Bougardier, dirigeante du cabinet éponyme, spécialiste du crédit hypothécaire depuis 1970, fait le point et lève un certain nombre d’idées reçues.

 

En tant que spécialiste reconnue du crédit hypothécaire depuis plusieurs décennies, pouvez-vous revenir sur son évolution et son image en France ?

Quand on est propriétaire en France, il est mal perçu de dire qu’on va hypothéquer son bien immobilier car l’amalgame entre hypothèque et dette est tenace. C’est une question de culture et de mentalités. La situation est très différente dans les pays anglo-saxons ou en Suisse.  Hypothéquer est un effet de levier dans ces pays. Et c’est vrai dans les faits. Un crédit hypothécaire est un crédit d’enrichissement qui permet de dégager de la trésorerie pour mener à bien un projet personnel ou professionnel. Les cas de figure sont vraiment multiples : développer son activité professionnelle via un investissement, financer des études prestigieuses pour ses enfants, acheter une œuvre d’art, s’acquitter d’une dette fiscale, ou encore, pourquoi pas, faire un tour du monde… Ce ne sont que des exemples, je ne suis bien entendu pas exhaustive. D’ailleurs, la terminologie remet d’elle-même les points sur les i puisqu’on parle communément de crédit hypothécaire de projet.

 

Vous avez été la première structure à proposer des prêts de trésorerie avec garantie hypothécaire en France, comment définissez-vous cette solution et ses contours ?

Depuis plus de quarante ans, le Cabinet Bougardier obtient des financements à partir de biens immobiliers. Nous avons été la première société à proposer des prêts de trésorerie avec garantie hypothécaire en France.

Le prêt hypothécaire est un moyen d’obtenir un financement à partir de biens immobiliers et s’adresse donc aux propriétaires d’un patrimoine immobilier. Je tiens à préciser et à insister sur le fait que le propriétaire qui obtient un crédit hypothécaire n’est pas dépossédé de son bien – ça fait partie des principales idées reçues à combattre – puisque le bien ou les biens immobiliers de départ sont juste « adossés » en garantie du crédit hypothécaire. Concrètement, un notaire inscrit l’hypothèque sur le bien immobilier. La prise de risque est extrêmement limitée car, comme pour tout crédit, une étude du dossier est effectuée en amont pour vérifier si l’emprunteur est en mesure d’assumer les échéances. Il y a eu une période où les crédits hypothécaires étaient moins réglementés. Avec le taux d’endettement limité à 33 %, la capacité de remboursement liée aux revenus est devenue plus importante. C’est une évolution qui a permis de réduire encore les risques.

 

Quel est l’intérêt d’avoir recours à un crédit hypothécaire plutôt qu’à un crédit immobilier bancaire ?

Les banques françaises sont réticentes en matière de crédit hypothécaire. En cas de souci de remboursement de l’emprunteur, le processus pour faire vendre un bien immobilier est long. Les banques préfèrent effectuer des prêts immobiliers avec caution et assurance car ils récupèrent plus vite leurs créances le cas échéant. De toute façon, pour un crédit hypothécaire ou un prêt immobilier bancaire, il faut pouvoir payer ses échéances.

Un crédit hypothécaire et un crédit immobilier bancaire sont en fait deux dispositifs différents de par leur nature, leur destination et leur finalité. Le crédit hypothécaire nécessite d’être déjà propriétaire – le bien ou les biens sont d’ailleurs mis en garantie – et vise quasi-toujours à dégager de la trésorerie en vue de financer un projet de développement professionnel ou personnel. C’est l’essence même du crédit hypothécaire. Ce type de projet ne correspond pas aux critères des banques de réseau.

Le crédit immobilier réalisé par une banque, quant à lui, ne nécessite pas d’être déjà propriétaire et vise à le devenir ou à agrandir son patrimoine. On peut toujours financer une acquisition via un crédit hypothécaire mais cela doit être exceptionnel car ce n’est pas le plus intéressant.

Il n’existe pas de limite d’âge pour avoir recours à un crédit hypothécaire, notamment parce que la garantie est assurée par l’hypothèque d’un bien et non pas par une assurance. L’hypothèque est donc un financement idéal pour les seniors.

 

Quelle est la singularité de votre démarche et de votre cabinet ? Comment voyez-vous l’avenir du crédit hypothécaire en France ?

En tant que cabinet de courtage en prêt hypothécaire, nous proposons des solutions sur mesure et les plus concurrentielles possibles. Le Cabinet Bougardier offre la possibilité de mixer projet personnel et professionnel en proposant un crédit hypothécaire à double usage en une seule démarche. Il est donc possible d’investir simultanément dans son entreprise afin de la développer et de s’offrir une voiture de collection, un piano à queue, un cheval de course ou tout autre source de plaisir. Il s’agit d’une spécificité et d’une performance financière rarissime proposée par le cabinet Bougardier.

Comme nous l’avons vu, le crédit hypothécaire est un bel outil mais il reste encore un produit de niche car les préjugés à son encontre subsistent. Il y a encore du chemin mais nous sommes sur la bonne voie.

 

Propos recueillis par Laurent Jacotey