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Comment faire du métavers une réalité ?

Guillaume de Saint Marc, VP Engineering chez Cisco

Dans cette tribune en exclusivité pour Forbes France, Guillaume de Saint Marc, VP Engineering chez Cisco, nous invite à passer en revue les enjeux et défis restants pour faire du métavers une réalité ancrée dans notre quotidien. Le chemin est encore long et selon ce dernier, cet espace numérique d’un nouveau genre est pour l’heure « au cœur de nombreuses discussions autour des nouvelles expériences visuelles, tactiles et collaboratives qu’il va créer ».

Imaginez-vous en tant qu’ingénieur automobile pour McLaren Racing travaillant avec une équipe d’experts aux quatre coins du monde avec pour mission de réussir la conception rapide d’une pièce cruciale du moteur. Vous travaillez ensemble dans un espace virtuel immersif sous la forme d’hologrammes réalistes capables de toucher, tenir et ressentir des pièces de moteur numériques en 3D. Il ne s’agit pas d’un fantasme lointain mais bien de la façon dont McLaren utilise la technologie pour accélérer le travail de conception.



Les frontières entre les mondes s’estompent

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle transformation. Tout va changer, du réseau à l’edge computing, en passant par les systèmes d’exploitation, les interfaces et la façon dont les applications sont développées, déployées et utilisées. Nous sommes entrés dans une économie de l’expérience qui adopte une nouvelle manière de concevoir les interactions avec des expériences immersives qui traversent les réalités physiques, augmentées et virtuelles. Elle n’en est qu’à ses débuts, mais elle nous mène déjà vers un nouvel univers : le métavers.

Alors qu’il suscite un vif intérêt, il n’y a pas encore de consensus sur ce à quoi le métavers ressemblera mais les évolutions récentes nous apportent déjà quelques réponses. Au cours des deux dernières années, la technologie s’est orientée vers des expériences d’avantage virtuelles et hybrides, brouillant un peu plus la frontière déjà floue entre les mondes physiques et numériques. Récemment, nous avons vu des entités virtuelles devenir des influenceurs et des consommateurs essayer des vêtements en réalité virtuelle.

La technologie des jumeaux numériques, qui permet de faire des simulations à partir de données du monde réel pour prédire les performances d’un produit ou d’un processus, a fait son apparition dans des secteurs aussi variés que les soins de santé, le monde de la finance et la logistique portuaire. Si la présence des jumeaux numériques répondant à des cas d’usage industriels ne date pas d’hier, l’arrivée du métavers a sans aucun doute redonner du souffle à l’émulation autour des expériences 3D.



Un Internet réimaginé

Pour que le métavers devienne réalité, Internet doit être réimaginé et remplir plusieurs conditions. Tout d’abord, il doit être capable de rester performant lorsque les utilisateurs consomment et produisent de grands volumes de données dans des applications telles que la conception virtuelle, la visioconférence en 3D et les jeux interactifs. De plus, il doit se montrer plus efficace en réduisant la latence du réseau et en concentrant la puissance de calcul et le stockage des données à la périphérie du réseau, de sorte que les signaux de retour humains puissent être transmis en temps réel. Enfin, Internet doit répondre à la demande croissante de bande passante qui s’est accrue pendant la pandémie. Les technologies que nous connaissons déjà aujourd’hui, comme le Wi-Fi 6, la 5G et l’accès à la fibre optique, vont jouer un rôle essentiel pour permettre d’atteindre ces objectifs.



Renforcer la durabilité et l’inclusion

Les fournisseurs de télécommunications produisent 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il est primordial que les appareils électroniques réduisent leur impact environnemental en améliorant leur performance. Par ailleurs, une meilleure efficacité permettra une plus grande inclusion. En effet, une meilleure bande passante fait progresser l’inclusion des personnes n’ayant pas accès à Internet notamment grâce à la simplification de l’architecture Internet et à la réduction des coûts de construction et d’exploitation des réseaux. Cependant, l’accélération du déploiement des infrastructures réseau et internet, tels que la fibre optique et les antennes 5G, sera fondamentale afin que les utilisateurs puissent réellement accéder à cette promesse d’une meilleure bande passante.



Toujours plus hybride

Le métavers ne sera pas un univers autonome d’avatars et d’hologrammes isolés de notre monde physique. Il coexistera et s’entrecroisera avec des personnes, des objets et des espaces physiques. Le métavers va par exemple transformer les interactions entre les enseignants et les étudiants et entre les médecins et les patients. Il va également créer des opportunités pour rendre la collaboration encore plus hybride. À bien des égards, le métavers peut être considéré comme la prochaine étape à franchir en matière de connectivité, de collaboration, de technologies de téléprésence immersive et de technologies IoT pour moderniser les entreprises.



Le vol à la tire du portefeuille de cryptomonnaie

Le métavers fait partie d’un mouvement bien plus large appelé « Web3 » qui englobe également de nouvelles transactions décentralisées par le biais de monnaies numériques baptisées « cryptomonnaies ». Et malgré les avantages numériques que le métavers apportera, son manque de réglementation risque de créer de nouvelles menaces de cybercriminalité. Ainsi, les professionnels de la sécurité seront confrontés à de nouvelles formes d’escroqueries par hameçonnage. Par exemple, un criminel qui pirate un portefeuille de cryptomonnaies pourra accéder aux jetons de l’utilisateur mais aussi son identité. Pour sécuriser l’identité des utilisateurs, il faudra trouver des moyens de suivre les portefeuilles au fur et à mesure que leurs avatars se déplacent de métavers en métavers. De plus, les organisations devront prendre des mesures pour protéger la vie privée des individus avec lesquelles elles s’engagent dans le métavers, mais aussi pour se prémunir des vols de marque et de propriété intellectuelle. Par ailleurs, les gouvernements et les entreprises de sécurité devront faire face à de nouvelles menaces telles que le typosquatting (ou détournement d’URL), qui imitent la présence en ligne d’une organisation. Les changements entraînés par le métavers nous donnent l’occasion d’intégrer la sécurité dès le développement d’un produit ou service, une dimension qui sera essentielle pour gagner la confiance des utilisateurs.



Le métavers à l’épreuve du futur

Nous devons développer le métavers en tenant compte des problèmes de sécurité que nous rencontrons déjà dans le monde physique mais aussi tenter d’anticiper les problèmes. Prenons l’exemple des réseaux sociaux. Si nous avions su qu’ils étaient capables de diffuser rapidement des informations erronées, d’exploiter les clivages sociaux et culturels et d’amplifier la cyberintimidation, les aurions-nous conçues différemment ? L’IA éthique et d’autres innovations réalisées dans le domaine de l’observabilité vont nous aider à anticiper de nombreux problèmes de ce type. Ne créons pas le métavers pour nous cacher derrière des avatars et laisser libre cours aux pires comportements. Faisons-en un lieu où les individus du monde réel peuvent se connecter grâce à des expériences numériques multisensorielles et un espace sécurisé et durable pour les économies virtuelles et réelles.

Tribune rédigée par Guillaume de Saint Marc, VP Engineering chez Cisco

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