logo_blanc
Rechercher

Metavers et Controverses… vers l’après-Internet ?

HypergridHypergrid by FrancoGrid / photo on flickr (Attribution-NonCommercial-NoDerivs 2.0 Generic (CC BY-NC-ND 2.0)

Facebook devenu Méta communique sur une dystopie : l’après-Internet !

Si Facebook s’affaire à imposer son nouveau nom « Méta »  –  une tache non négligeable au regard de la notoriété de sa marque : faire « oublier » Facebook ne va pas être une mince affaire et qui plus est cela ne se fait pas sans casse sociale… Pour autant cette rupture indique la volonté de la firme d’une rupture à dimension hautement stratégique, Facebook est en phase d’essoufflement, « vit » sur un quantitatif d’utilisateurs qui seront très difficilement renouvelables, il s’agit pour la firme de survivre et de reprendre la main.

De nombreux Métavers existants ou en développement, le nerf de la guerre pour un après-internet : l’acceptation sociale, l’accessibilité, et l’interopérabilité.

Pour rappel un Métaverse ou Métavers : est un mot-valise composé de Méta et Univers : un réseau de mondes virtuels immersifs et interactifs. Le métavers est un terme utilisé pour désigner un univers hypothétique indépendant du nôtre, où existent des objets, des personnes et des réseaux numériques. Des métavers existent déjà, outre « Horizon World »le Metaverse de Facebook, considérés comme un virage vers le Metavers « raté », et pour cause : depuis son renommage « l’entreprise a perdu 70 % de sa valeur en bourse,  tout en ayant investi plus de 20 milliards dans son projet de métavers« . La plupart de ces méta-univers sont d’abord apparu dans le domaine du gaming, pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus connus : Second Life Decentraland, Fortnite….  Aujourd’hui, outre les entreprises de jeux vidéos qui suivent le mouvement Metaversien comme Epic Games, et Roblox, Microsoft qui a lancé un « Metavers d’entreprise« , Sony… Tencent, le géant chinois des médias sociaux et des jeux vidéo a de son côté créé sa propre division Métavers … Dès  2021 l‘autre géant chinois Alibaba déposait trois marques pour se positionner  : « Ali Metaverse », « Taobao Metaverse » et « DingDing Metaverse », Baidu, le google Chinois propose lui « Xi Rang », si ce Metavers en est encore balbutiant son objectif à terme est de « devenir » un espace similaire à l’Oasis du film Ready Player One, et d’offrir  à ses utilisateurs des zones de travail, de jeux, d’éducation….     

metaverse-xi-rang
Metaverse-xi-rang

 

Les entreprises plus « traditionnelles » commencent également  à s’y intéresser et à franchir le pas à l’instar d’entreprises d’organisation de travail comme VR Education, Branch et Gathe, jusqu’à des enseignes comme Carrefour, Nike, Warner Music Group… Carrefour  fait passer des entretiens d’embauche dans le metavers, Nike a ouvert un espace pour vendre des chaussures virtuelles, le label musical Warner Music  Group s’est associé au jeu en ligne The Sandbox afin de proposer des expériences immersives : Baptisé « Warner Music Group LAND », il propose, entre autres, des concerts et des expériences musicales tout en mettant en vedette des artistes du label » …  Au travers de toutes les réalisations énoncée,  il est un fait non discutable, une constellation de Métavers est en train de naître comme autant d’étoiles à ce jour non reliées ! Je prends la métaphore de la constellation dans la mesure ou une constellation est un « groupe d’étoiles voisines sur la sphère céleste, présentant une figure conventionnelle déterminée, à laquelle on a donné un nom particulier » ; à ce jour et concernant les Métavers sans interopérabilité, il n’est pas de figure réfléchie, seulement des initiatives technologiquement impressionnantes ici et là, mais isolées dans le cyberespace. Or l’après-internet ne sera sans la création d’une constellation de Metavers présentant une harmonie, une complémentarité, une interdépendance.

Pourquoi un tel engouement ?

Indéniablement, l’effet « follow the ex- leader » est moteur – ici Facebook devenant Méta – suscite nécessairement un intérêt fort, la crainte de ne pas être de la partie qui est supposée se jouer à moyen terme est un élément qui peut s’avérer décisif. Nous pouvons émettre l’hypothèse que les entreprises ayant pris le train Internet en retard se souviennent certainement des difficultés qu’elles ont eues à revenir dans la course, quand elles n’ont pas tout simplement disparu. Par ailleurs le confinement et la crise traversée ne sont sans doute pas, non plus, étrangers à cet engouement des entreprises afin de permettre à leurs clients confinés des expériences partiellement ou totalement immersives. Ces entreprises se font accompagner par des prestataires experts comme Virteem, Retail vr… Un secteur qui ne va pas manquer de se développer pour répondre à une demande qui va s’avérer croissante.

Sciences sans conscience…ces entreprises-nations qui souhaitent imposer leur vision du monde.

«La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme.” La science peut-elle pour autant avoir une éthique qui fait l’unanimité des acteurs concernés et confrontés à des problèmes éthiques ! Rien n’est moins sûr, « La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant », ce qui peut être imaginé par l’homme, c’est là notre point de vue, demeure à terme réalisable. De nombreuses avancées en termes de recherche fondamentale peuvent si l’homme ne s’en empêche initier des expérimentations qui sortent du cadre éthique que la profession leur impose.  Le clonage humain qui pourrait servir demain le transhumanisme est un malheureux exemple « d’esprit méchant ». Par ailleurs une vision idéalisée des technologies, n’anticipe pas toujours, ne peuvent anticiper, le dévoiement de leurs usages au regard de l’utopie originelle lorsqu’elle s’est matérialisée.

L’Internet entre les mains du grand public en fournit de multiples exemples  (cf. Fake News, Astroturfing, Cyberdélinquance multiforme… Phishing, Spoofing, Scamming… ), etc. nous ne les énumérons pas tous, notons  toutefois pour illustrer notre propos que  nombreux sont les pionniers de l’Internet et acteurs majeurs, qui, en constatant les dérives occasionnées combattent aujourd’hui avec détermination leurs propres « inventions », c’est le cas de Justin Rosenstein l’ingénieur de Facebook qui, en 2009, a eu idée de créer le bouton pour aimer les publications, il fait désormais partie d’un groupe qui ne cesse de dénoncer et de pourfendre les dégâts qu’on engendré  les réseaux sociaux, sans  épargner sa  propre contribution ; comme il le dit lui-même avec le recul et les drames que le grand public a pu constater : harcèlement, suicides, ventes de faux likes, etc. : « C’est très commun, pour les êtres humains, de développer des choses avec les meilleures intentions sans se rendre compte de leurs conséquences négatives » les ingénieurs travaillant ici et là sur le Metavers gagneraient à entendre ce sage conseil. Pour, si ce n’est anticiper toutes les conséquences sociologiques de l’édification d’un monde parallèle, ce qui est impossible, tout du moins y songer.

Dans cette approche il est intéressant de constater que les GAFAM, Facebook en l’occurrence et d’autres entreprises nations et donc des hommes Zukerberg, etc. avaient pré-covid  changés avec les « produits » de leurs firmes bon nombre de comportements humains, des changements que la crise traversée a indéniablement confirmé voire accéléré  (télétravail entre autres) souhaiterait poursuivre leur propre définition du monde dans lequel l’humain sera supposé vivre… à cela plusieurs remarques  : Nous ne sommes pas dans la tête d’un Zukerberg,  mais nous partageons ce que souligne 

  • Si nous nous attachons à la communication que fait Méta sur le sujet pour asseoir son positionnement, cette une communication relève de la dystopie, il y est question de lendemains qui chantent dans un Métavers, ultime qui reste à ce jour un pur concept non matérialisé supposé se substituer à l’Internet d’aujourd’hui. Comme nous l’évoquions métaphoriquement des centaines d’étoiles naissent se développent, sans interdépendances et sans interactions, pour autant, l’Internet de demain est décrit par ses promoteurs les plus engagés comme l’avènement d’un monde augmenté meilleur, plus apprenant, formidable… il n’est alors pas question d’en anticiper les dangers et la prudence avec laquelle le sujet se devrait d’être abordé et sur sa faisabilité.

Le Metavers « ultime »  re:mplaçant l’Internet / le défi improbable de l’interopérabilité !

Selon Matthew Ball, conseiller en stratégie et grand promoteur du concept, le métavers « réel » dont il donnait une définition le 29 juin 2021 dans un article  « Framework for the Metaverse », consistera à terme en :

« Un gigantesque réseau interopérable de mondes virtuels affichés en 3D en temps réel, qui peut être vécu de manière synchrone et persistante par un nombre illimité d’utilisateurs, avec une sensation de présence individuelle et une continuité de données, comme l’identité, l’histoire, les droits, objets, communications et paiements. » 

Pour faire simple, la finalité – pour ceux qui y voient et anticipent la fin de l’Internet – est au fur et à mesure de son développement et des apports des entreprises, des États g, des administrations, etc.  De reconstruire en s’appuyant sur l’interopérabilité de cette myriade de métavers un monde que nous évoquions, à côté de notre monde réel et ce dans tous les domaines constitutifs de la vie humaine….  Où chacun et chacune pourra naturellement se « réinventer » une personnalité, une vie… En passant d’un univers à un autre, de la galerie marchande à l’école, dans une administration…  Pour le reste la question qui se pose par-delà une identité falsifiable quel intérêt de poser un monde virtuel pour grande partie similaire au monde réel ?

Notons qu’à ce jour les Metavers sont « cloisonnés, on peut imaginer que dans l’esprit de ceux et celles qui voient/vendent à  l’opinion publique l’avènement prochain d’un après Internet, celui-ci sera  constitué d’une myriade  de méta-univers enfin interconnectés et à l’instar de l’univers,  en perpétuelle évolution, au rythme des apports des prestataires, des usagers, et  pourquoi pas d’une  IA  adapté. Ce Metaverse holistique   permettrait alors à un individu d’évoluer selon ses désidératas dans ce monde parallèle, dans les mêmes conditions que dans le monde réel,  toutefois par-delà le monde idyllique qui est vendu (fantasmé), la particularité des Métavers, à la différence de l’Internet originel,  étant qu’ils s’inscrivent d’emblée dans une dynamique commerciale : ce marché du Metavers bien qu’encore encore naissant « pesait déjà près de 500 milliards de dollars en 2020 et devrait atteindre 800 milliards à l’horizon 2024 ».

Pour conclure, anticiper les Méta-Travers :

Les « Meta-travers », avant même toute idéation d’interopérabilité, s’inscrivant, comme je l’ai déjà évoqué, immédiatement dans le monde marchand (contrairement à Internet) ne manqueront pas d’être immédiatement investis (infestés) par les travers de l’Internet auquel est confronté l’usager : harcèlement, arnaque, violence, spam…. Pour ce qui est d’un nouvel Internet en approche, je serai plus réservé que ses afficionados, rien n’est moins sur, les choses ne sont pas si simple. En soi le Metavers n’est pas une innovation mais un agrégat de technologie préexistantes (blockchain, la RA, la RV…) et les freins prévisibles nombreux (exemple : entente entre les innombrables firmes impliquées, les États..)…. comme le fait remarquer L’informaticien Michel Beaudouin-Lafon à juste titre, Facebook  en phase d’essoufflement avait besoin de se réinventer pour susciter de nouveau de l’intérêt (Ndla un pari à ce jour en échec, si ce n’est initier un mouvement) et l’informaticien de prédire à moyen terme non pas  un nouvel internet mais  « une explosion du métavers, puis le soufflé retombera, comme on l’a vu aussi pour les films en 3D. Il ne disparaîtra pas, mais trouvera sa niche. »

 

 

Photo credit: FrancoGrid on Visualhunt.com

 

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC