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IA : L’Âge De Maturité

IAPar Getty Images

En 2018, l’intelligence artificielle n’aura pas tenu ses promesses. Ou plus exactement, n’aura pas tenu les immenses promesses – apocalyptiques comme utopiques – que les annonces et débats de 2017 auront placées en elle. Où sont passés les exploits prométhéens à l’image d’AlphaGo ? Les assistants personnels capables de répondre – correctement – à n’importe quelle question ? Tous les secteurs chamboulés par l’exploitation adroite de volumes gigantesques de données ? Les destructions massives d’emplois ?

Rien de cela ne s’est produit. Au contraire, j’ai comme une impression de ralentissement, voire de piétinement. L’intérêt pour les déclinaisons les plus récentes de l’IA, le machine learning et le deep learning, semble avoir atteint son pic à la mi-2018. L’investissement dans l’IA a commencé à refluer au dernier trimestre de l’année. Et les chercheurs eux-mêmes, confrontés aux limites du deep learning, réfléchissent aux solutions qui pourraient revigorer la discipline et ses applications.

Doit-on s’inquiéter de ce ralentissement ? Pas le moins du monde. Car c’est pour moi le signe que l’IA atteint l’âge de maturité : on laisse de côté les espérances bodybuildées pour mieux se concentrer sur les applications qui marchent – qu’elles fassent rêver ou pas. C’est ce que suggèrent les principales levées de fonds de l’année écoulée : 4 Mds$ pour les voitures autonomes de Cruise, 400 M$ pour la recherche de nouveaux matériaux chez Zymergen, 300 M$ pour les offres de RPA (Robotic Process Automation, l’automatisation de tâches simples sur ordinateur) de UiPath ou encore 200 M$ pour les solutions de cybersécurité de Tanium.

Allons un cran plus loin : on peut même avancer que l’IA est en train de disparaître… et que c’est une excellente nouvelle. Une technologie peut connaître 2 types de disparition. D’un côté, l’extinction – avez-vous croisé des lecteurs MiniDisc récemment ? De l’autre, la banalisation – l’écran tactile a beau être une innovation d’à peine 10 ans, plus aucun fabricant de smartphones ne l’utilise comme argument de vente. Dans ce second cas, la technologie en question a en fait gagné la partie.

C’est précisément ce que nous vivons de plus en plus : nous sommes les Mr. Jourdain du 21e siècle, car nous utilisons l’IA sans le savoir. Que ce soit en suivant une recommandation de nouveaux produits sur Amazon, en ordonnant à Alexa de lire le best-of d’Emile et Images ou en débloquant notre smartphone avec la reconnaissance faciale.

L’existence d’applications concrètes et utiles est ce qui protège aujourd’hui l’IA d’un nouvel « hiver », ces périodes où l’intérêt pour la discipline – et le financement qui va avec – ont pu quasiment disparaître. Laissons le fin mot de l’histoire à Geoff Hinton, l’un des chercheurs à l’origine de la récente renaissance de l’IA : « In the old AI winters, AI wasn’t actually part of your everyday life. Now it is. »

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