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ENQUÊTE | Les grandes innovations qui vont changer nos vies : Web3, jumeaux numériques, robotique et IA…

@GettyImages

Certaines sont complexes, voire absconses, comme le Web3, d’autres hyper spectaculaires telles que la voiture volante, mais toutes ces technologies innovantes risquent de bouleverser notre quotidien. Tour d’horizon.

 

Dans un monde qui évolue à un rythme frénétique, anticiper et s’aligner sur les tendances technologiques émergentes est devenu une compétence cruciale pour les dirigeants d’entreprise, entrepreneurs et investisseurs. Nous vivons le début d’une ère où la convergence de multiples innovations façonne notre réalité quotidienne et ouvre sans cesse des voies jusqu’alors inexplorées.

 

Si l’émergence de ChatGPT a eu l’effet d’une claque pour beaucoup, les applications, les incidences et les conséquences des développements de l’intelligence artificielle n’en sont qu’à leurs balbutiements. Parallèlement, nous nous tenons à l’intersection d’une révolution digitale où les frontières entre le monde physique et le monde numérique s’estompent de plus en plus, de sorte que les grandes innovations disruptives n’ont jamais paru aussi nombreuses et puissantes. De l’intégration omniprésente de l’intelligence artificielle dans nos organisations, marquant une évolution vers des achats et des livraisons autonomes et sans contact, à l’essor du métavers offrant des environnements de travail et de loisirs immersifs, tour d’horizon des innovations qui nous emmènent vers un futur imprévisible.

 

Ne pas enterrer le métavers

Bien que son arrivée à maturité prenne du temps, le métavers conserve tout son potentiel. Les progrès technologiques récents et à venir devraient faciliter l’éclosion de ce mélange hypnotique de réalité virtuelle (RV) et de réalité augmentée (RA) pour des applications qui dépasseront la simple distraction numérique. Il est notamment une promesse de renouveaux des interactions sociales, professionnelles et créatives grâce auxquels nous pourrons bientôt assister à une conférence internationale, flâner dans une galerie d’art exotique ou vivre des aventures pleines de sensations fortes sans même quitter le confort de notre canapé. Un croisement entre les jeux vidéo et les réseaux sociaux qui érigerait le film Ready Player One en œuvre d’anticipation.

 

Le Web3, pilier de la révolution digitale

Ces technologies, qui ont d’abord été adoptées dans l’industrie du jeu, ont le potentiel de révolutionner divers secteurs de la société, inaugurant une nouvelle ère numérique centrée sur l’autonomie et la gouvernance des utilisateurs sur leurs données. Le Web3 pourra impacter significativement des domaines tels que les médias sociaux en offrant aux utilisateurs un contrôle et une monétisation directe de leurs contenus, en facilitant l’accès aux services financiers à travers les applications de finance décentralisée (DeFi), et en garantissant une transparence et une traçabilité inégalées concernant la gestion de la chaîne d’approvisionnement. En outre, Web3 pourrait révolutionner la gouvernance à travers les Organisations autonomes décentralisées (DAOs), le secteur éducatif, en démocratisant l’accès et la vérification des titres de compétences, ainsi que les secteurs de la santé, de l’immobilier et de l’énergie, en apportant efficacité, sécurité et durabilité.

 

Les jumeaux numériques

La fusion s’accroît entre les mondes numérique et physique, principalement grâce à deux technologies : les jumeaux numériques et l’impression 3D. Les jumeaux numériques permettent de simuler virtuellement des processus, des opérations ou des produits du monde réel, ce qui offre un espace sécurisé pour reproduire, simuler, tester de nouvelles idées avec une précision et une flexibilité inédites sans les coûts élevés associés aux expériences réelles. Après les tests virtuels, les ingénieurs peuvent ajuster et modifier les composants avant de les réaliser concrètement à l’aide de la technologie d’impression 3D. À titre d’exemple, les équipes de Formule 1 utilisent actuellement cette approche pour ajuster la conception des voitures en temps réel pendant les courses, en combinant les données des capteurs et les jumeaux numériques des moteurs et composants des voitures, puis en imprimant en 3D des pièces de voiture basées sur les résultats des tests. Les applications des jumeaux numériques vont pouvoir accélérer le champ des connaissances dans tous les domaines des industries lourdes, des transports ou encore de l’aménagement des villes.

 

L’aviation propre

Face aux défis climatiques, des secteurs traditionnels comme l’aviation sont également poussés à innover. L’aviation propre constitue de belles promesses, même si la route semble encore longue.

 

Le projet du jet Overture de Boom Supersonic quiviseàrelierNewYorkàParisen3h30 seulement a marqué les esprits. Le développement de carburants d’aviation durable devrait également connaître des étapes décisives prochainement. L’industrie aéronautique est responsable de 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2. Contrairement à de nombreuses autres industries, le rapport poids/puissance des batteries rend l’électrification complexe. Les carburants synthétiques, fabriqués à partir de sources biologiques telles que la biomasse ou de sources non biologiques comme le CO2, sont compatibles avec les infrastructures et équipements aéronautiques existants. Ils couvrent environ 1 % de la demande en carburant de l’industrie aéronautique actuellement, mais devraient atteindre 15 % d’ici 2040 afin d’aider le secteur à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

 

L’informatique quantique

Capitalisant sur les propriétés uniques de la mécanique quantique, l’informatique quantique s’apprête à révolutionner divers secteurs comme l’aérospatiale, la finance et l’industrie pharmaceutique, grâce à des calculs ultra-rapides et des capteurs à sensibilité accrue. Sa force de calcul est si performante qu’elle rend obsolète la cybersécurité traditionnelle. L’adoption de ces technologies reste toutefois incertaine, avec des questions persistantes sur leur disponibilité à grande échelle, leur coût/efficacité et leur potentiel disruptif.

Le projet de jet Overture de Boom Supersonic

Les technologies biologiques comme la cartographie moléculaire

La spatial omics est une technique qui est sur le point de révolutionner la compréhension de la biologie en combinant imagerie et séquençage de l’ADN pour explorer les processus biologiques au niveau cellulaire. Cette technique a aidé les scientifiques à étudier des phénomènes tels que la régénération du cerveau chez l’axolotl et les mécanismes de maladies. Bien que son marché se développe rapidement, des défis techniques subsistent. Les interfaces cerveau-machine (ICM) ont gagné en notoriété pour leur capacité à traduire les signaux cérébraux en commandes pour les machines. Récemment, des chercheurs ont conçu des circuits flexibles et biocompatibles qui épousent la forme du cerveau, offrant une meilleure connexion sans les inconvénients des systèmes précédents. Ces ICM flexibles promettent des avancées médicales et une meilleure interface homme- machine. Les défis que posent les interfaces entre le cerveau et la machine sont vertigineux et les potentiels paraissent illimités.

 

La convergence des progrès de la robotique et de l’IA

Le prototype de robot humanoïde Figure 01 de la start-up Figure

 

Se basant sur des technologies existantes telles que l’IA appliquée, l’IA générative a vu son intérêt multiplié par trois entre 2021 et 2022 et poursuit sa tendance. Elle pourrait générer jusqu’à 4,4 milliards de dollars de recettes selon McKinsey, grâce à des utilisations spécifiques et diffuses, mais c’est du potentiel des technologies IA sous-jacentes et de son industrialisation que vont venir les bouleversements. L’IA générative est une technologie avancée capable de créer du contenu original en s’inspirant des données. Elle a des applications variées allant de la conception de médicaments à l’architecture. Par exemple, elle a aidé à réduire considérablement le temps de développement d’instruments spatiaux à la Nasa. ChatGPT en est un produit et ses prochaines versions et concurrents perceront à très court terme. Son développement évolue à un rythme effréné, notamment grâce aux avancées des programmes des LLM (large language model) et à des investissements massifs de la part des géants de la tech (les investissements en capital risque dans la seule IA générative ont augmenté de 425 % depuis 2020 !).

 

L’industrie de la robotique est en train de vivre une ère de progrès sans précédent, notamment grâce à l’incorporation d’avancées significatives dans le domaine de l’intelligence artificielle.

 

Des prototypes de robots humanoïdes tels que Figure 01 de la start-up Figure et Optimus de Tesla incarnent la nouvelle génération de robots qui combinent une force et une agilité phénoménales. Bien que ces robots puissent déjà exécuter une variété de tâches physiques avec une précision remarquable, le développement de leurs capacités cognitives reste un travail en cours. Des entreprises telles que Xiaomi cherchent à affiner les interactions homme-robot, en développant des systèmes capables de reconnaître un large éventail d’émotions humaines.

 

Actuellement, des acteurs de la tech comme Hanson Robotics et Engineered Arts se concentrent sur l’interaction humain-robot, tandis que la start-up Figure souhaite introduire des humanoïdes dans la main-d’œuvre et que leur prototype, Figure 01, possède des capacités impressionnantes en termes de mouvement et de manipulation. OpenAI, connu pour le modèle GPT, réoriente ses efforts vers les humanoïdes en investissant dans la société norvégienne 1X, avec le développement du robot bipède Neo tandis que Tesla, fort de ses expériences dans la compréhension du monde avec ses véhicules autonomes, est également entré dans la course aux humanoïdes avec son prometteur robot Optimus. Des projets qui devront non seulement interagir de manière fluide avec les humains, mais aussi comprendre et interpréter le monde qui les entoure.

 

Pour le docteur Laurent Alexandre, auteur du récent La Guerre des intelligences à l’heure de ChatGPT, l’émergence de robots humanoïdes ne nécessitera pas forcément une IA forte, mais plutôt l’émergence de robots domestiques qui seront équipés de ChatGPT 6 mais qui seront dotés d’une meilleure compréhension du monde physique pour bien exécuter des tâches domestiques dans un premier temps. Une fois cette évolution franchie, « les conséquences seront justes démentielles, cela constituera une rupture massive, prévient-il. Un robot domestique nettoyeur de vitres qui aura “le QI de Leibniz” n’est plus du domaine de la science- fiction et va soulever de nombreuses questions sociales et humaines. »

 

Le 30 août 2023, une collaboration entre l’université de Zürich et Intel a vu naître Swift, un drone autonome qui vient de signer une première mondiale historique puisque, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un robot a battu un champion humain dans un sport physique, la course de drone. Swift, qui utilise notamment un réseau de neurones pour interpréter en temps réel l’environnement autour de lui, choisissant les itinéraires les plus rapides et efficaces, a été perfectionné grâce à l’apprentissage, s’entraînant dans des simulations jusqu’à la maîtrise et est parvenu à établir le record du tour le plus rapide, devançant le champion humain d’une demi- seconde.

 

Le taxi volant Volocity, partenariat entre la firme germanique Volocopter et le groupe français ADP

Les taxis volants autonomes

Le futur du transport urbain s’écrit au-dessus de nos têtes. Les taxis volants, ces véhicules futuristes évoqués depuis des décennies dans la science-fiction, sont sur le point de devenir réalité. Appelés aussi eVTOL pour « aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux », ces taxis sont conçus pour être plus rapides qu’une voiture, moins polluants qu’un hélicoptère et, idéalement, plus sûrs que les deux.

 

Le paysage des taxis volants est déjà dominé par des acteurs majeurs. Volocopter, une start-up allemande, en partenariat avec le groupe ADP, prépare le terrain pour lancer un service expérimental lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. Leur taxi, le VoloCity, peut transporter deux personnes à une vitesse maximale de 110 km/h grâce à ses 18 rotors alimentés par neuf batteries électriques. Les premiers passagers auront l’opportunité de voler entre différents « vertiports », avec notamment un trajet entre l’héliport d’Issy-les-Moulineaux et l’aérodrome de Saint-Cyr-l’École. Une barge flottante sur la Seine sera également mise à disposition pour servir de vertiport.

 

La course au meilleur taxi volant ne se limite pas à Volocopter. Des entreprises comme l’Américain Lilium, qui vient de lever 192 millions de dollars, Eve d’American Airlines, le Chinois EHang, Archer qui vient de conclure un partenariat de 142 millions de dollars avec l’US Air Force pour ses taxis volants, ou encore Wisk sont tous en lice pour obtenir une part de ce marché dynamique. La start-up ePlane, soutenue par l’Indian Institute of Technology Madras, a notamment attiré l’attention avec un taxi volant capable de parcourir jusqu’à 200 kilomètres en une seule charge. Wisk, la start-up de Boeing, se focalise sur des liaisons entre les villes et leurs aéroports respectifs, avec un investissement initial impressionnant de 450 millions de dollars.

 

L’avenir de ces nouveaux véhicules ne se limite pas à des utilisations de taxis, mais devrait s’étendre aux missions logistiques, médicales, à la mobilité urbaine, au tourisme, au désenclavement ou à la défense. Les investissements sont nombreux et souvent très stratégiques. Les JO de Paris 2024 semblent déjà historiques !

 

Cet article a été écrit par : Michael Migueres

 

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