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Du Sang Neuf Pour Une Politique Utile Et Des Extrêmes Marginaux

L’espace politique, contrairement à l’univers, n’est pas infini. Il y a une place pour chacun et l’essentiel de ce que chacun grignote est pris sur la part de l’autre. Dans ce monde en quête d’avenir, l’essentiel de l’offre politique tend au statu quo, par lâcheté et démagogie et surtout par manque de vision. A défaut de vision du futur chacun promet le retour au passé ou une vague amélioration du présent. Une des raisons de cette paresse intellectuelle doublée d’un manque terrifiant de courage est liée à l’ancienneté de la classe politique et son manque de diversité.

 

Prisonniers, depuis trop longtemps, de schémas établis et fatigués, le courage de quelques-uns échoue inévitablement contre la puissance et la force de blocage des plus anciens. La progression se fait, comme dans la fonction publique, à l’ancienneté et non à la compétence. L’innovation est signe de danger, dans un métier où il est urgent de couper la tête des téméraires qui oseraient montrer la nullité de leurs aînés. Alors les innovateurs meurent ou rompent l’échine et s’adaptent, comme les autres, au système. Dans un premier temps, avec l’utopie de le transformer de l’intérieur, mais très rapidement, le confort des routines et l’inertie du système conduisent les réformateurs à devenir aussi conservateurs que leurs aînés et ils finissent, comme tous, par attendre leur tour. Patiemment et sans remous. La politique de l’eau calme et de l’encéphalogramme. Plat !

L’essentiel de notre classe politique nationale vient du même moule et en prend la forme. Très rapidement. Une formation unique conduit à une pensée du même tonneau, et seules quelques mesures ou virgules très sémantiques, voire marketing, séparent les unes des autres. L’endogamie conduit à la dégénérescence, c’est une loi génétique, et les politiques sont assez prétentieux pour croire qu’ils pouvaient échapper aux lois de la nature en fabriquant les leurs.

La nécessité de se maintenir au pouvoir ou d’y accéder devient la seule obsession de chacun de nos coureurs de fonds de la politique, et il faut durer pour être récompensé du poste tant convoité qui permettra d’avoir quelques temps les caméras du 20H plantées devant son domicile, et l’assurance d’une retraite chapeau et l’accès aux camemberts de la République (qui n’en manque pas) en guise de chômage temporaire. Cette attitude exclut toute innovation, remise en cause et réforme, alors que la situation des peuples occidentaux se dégrade (pauvres et classes moyennes amaigries en sont une preuve quotidienne), et c’est le désespoir de cette classe désormais privilégiée et non productive qui pousse les électeurs à les congédier ou à voter les mesures qui les marginaliseront ou chasseront (Brexit, non à l’Europe, disparition du PS et des LR de la course présidentielle…).

En conséquence, il y a 3 urgentes nécessités :

  • Chasser les « anciens ». Les événements y pourvoient !
  • Reconstruire avec du neuf et d’autres règles. Nous devrions y pourvoir et l’exiger.
  • Redonner à la France des partis dotés de visions complémentaires, voire opposées, qui cristalliseront les votes et excluront les extrêmes.

Chasser les « anciens » n’est pas uniquement un quota d’âge mais d’ancienneté. Je connais des « vieux jeunes », qui a 35 ans ont déjà 18 ans de politiques dans les jambes, mais c’est nous qui en avons des varices… Il faut donc, et cela touche le point 2, mettre une règle de non renouvellement des mandats au-delà de 2. Pour éviter toute sédimentation politique. Il est hors de question que les paléontologues des temps futurs puissent exhumer des mammouths politiques vieux de 30 ans au pouvoir dans la même ville ou région. On le reproche assez aux chefs d’Etat africains ou asiatiques (ou américains du Sud).

Les élections récentes sont une occasion de souhaiter une retraite bien méritée aux Aubry, Sarkozy, Jupé, Fillon, Copé… Continuons ainsi. Mais n’oublions pas la couche intermédiaire, les faux jeunes, comme Barouin, Solère, Valls, Hamon et tant d’autres. Il faut donc voter, y compris contre vos convictions pour des hommes et des femmes de valeur, qui ont prouvé leur volonté de faire et de faire bien. D’innover. Y compris au détriment de leur intérêt électoral. Ce sont ces soldats Ryan là dont nous avons besoin. Les Axelle Lemaire, Corinne Narassiguin, Laurent Grandguillaume, NKM, Christophe Béchu, etc… Et parmi les plus anciens gardons en tête les iconoclastes, ou les visions globales, les Borloo ou Christine Lagarde.

En clair, il faut changer les hommes. Mais les hommes ne font qu’épouser le système qui les encadre. Si le système est vicieux, l’homme y sera absorbé comme l’encre par le buvard. Changer les hommes sans modifier le système ne servira que le court terme. L’avenir ne se construit pas sur un sparadrap, il a besoin de fondations solides. Offrons-nous ce socle et laissons l’imagination faire le reste.

Imaginez un pays doté d’un système tout neuf, peuplé d’hommes et de femmes surtout, brillants par leur diversité et leur ouverture, et la France retrouverait une perspective d’avenir. Un avenir radieux à la mesure du génie français. Un pays neuf pourrait se permettre de grands mouvements sans craindre de faire sauter les coutures de costumes usés par le temps. La diversité du personnel politique, son renouvellement permanent, sa capacité à remettre le courage au centre de l’action politique permettrait les réformes nécessaires sans opposition du citoyen. Une fois qu’on aura la sensation, à nouveau, qu’il y a plus à attendre du futur que du passé, chaque réforme sera vécue comme un accélérateur d’avenir.

Et surtout, nous ferons disparaître la menace populiste. Non que les partis d’extrême-droite ou gauche soient illégitimes ou immoraux. Le décider serait (si l’on s’en tient aux dernières élections) cracher sur près de 40% des électeurs qui se sont déplacés aux présidentielles. Si ces partis existent, c’est autant pour faire sauter un système qui ne leur convient plus, que parce que ces partis se font l’écho attentif des angoisses, des peurs, des représentations que se font ces électeurs du monde dans lequel nous vivons. Un monde qui a, sous bien des aspects, des allures de fin de règne, il faut l’avouer. Et, s’il est critiquable de prospérer sur le désespoir, cela n’enlève en rien le désespoir lui même. Balayer ces partis sur ce seul prétexte, c’est refuser de voir la réalité en face, d’accepter le doute, voire le dégoût, que leur inspire notre société. Nous devons impérativement les écouter, car ils sont de plus en plus nombreux dans le monde entier. Entre les déclassés et ceux qui sentent que leur tour approche. Il est arrogant et paresseux de détourner le regard sur le seul prétexte que les partis qui exploitent leurs doutes seraient infréquentables. Trop facile et immédiatement puni dans les urnes.

La réhabilitation de partis traditionnels, mais innovants, peuplés d’hommes neufs dans un cadre revisité, sera la meilleure garantie d’offrir une vision d’avenir, d’y proposer une place pour chacun et d’occuper un espace fini, comme nous le disions en préambule, qui leur tend les bras. Si ils l’occupent avec brillance et efficacité, courage et vision, avec des résultats probants, il n’y aura plus besoin de grands moulinets inutiles et de gesticulations pathétiques pour s’opposer au FN ou à d’autres, le « marché » le fera tout seul.

C’est la raison pour laquelle, à l’occasion de ces élections législatives, nous devons nous offrir un panel de 20 ou 30 hommes et femmes de talents, politiques ou société civile,  du PS ou des LR, qu’il faut mettre aux manettes pour mieux guider notre démocratie, tout en donnant pour le reste au nouveau Président, une majorité lui permettant de gouverner. Car nous n’avons plus les moyens de perdre 5 ans. 5 années longues comme l’éternité que les « anciens » aimeraient pourtant nous faire perdre en se lançant dans une campagne de guérilla politique de type « barbouze », dans le seul but de faire échouer Macron pour satisfaire leur désir d’alternance. Sans réaliser que faire perdre la France pendant 5 années supplémentaires conduira une seule force au pouvoir. Non pas la leur, mais celle des extrêmes, qui ont bien compris qu’en cas d’échec, la prochaine fois sera la leur !

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