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Rebranding : Un « Nouveau Nom » Pour Sauver Le Parti Socialiste ?

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Technique marketing usitée – avec plus ou moins de réussite – dans le but de tenter de repositionner commercialement une marque et lui donner un second souffre tout en essayant d’éloigner les démons du passé, le « rebranding » a, depuis quelques années, fait son entrée en politique. Un procédé qui  revient sur le devant de la scène en cette fin d’été avec, comme figure de proue, le Parti socialiste, laminée lors des dernières échéances électorales qui se cherche désespérément un avenir.

Un ravalement de façade salvateur ou simplement cosmétique ? C’est le dilemme qui agite en ce moment les plus éminents membres d’un Parti socialiste sous respiration artificielle après les deux débâcles électorales – présidentielle et législatives- de la fin du printemps. Ejectée sans ménagement et piteusement du premier tour de l’élection présidentielle, disposant d’un groupe parlementaire réduit à portion congrue, la formation de la rue de Solférino vit des heures sombres. D’ailleurs ce dernier vocable pourrait bientôt ne plus être d’actualité puisque le parti à la rose devrait prochainement annoncer officiellement la mise en vente de son siège historique du 7e arrondissement à cause de finances dans le rouge, conséquences des deux catastrophes électorales susnommées. En effet, la dotation publique du Parti socialiste va être divisée par trois passant de 25 millions d’euros à 7 millions. Dans ce contexte, plusieurs membres de la nouvelle direction collégiale du parti sont favorables à la vente du siège historique, dont le PS est propriétaire depuis 1980, et qui pourrait rapporter près de 40 millions dans les caisses de l’ancienne majorité présidentielle.

Une manière de « boucler la boucle » et de créer une nouvelle histoire ? Un déménagement assorti à un changement d’appellation pour ce nouveau chapitre ? Stéphane Le Foll, ancien porte-parole du gouvernement et ex-ministre de l’Agriculture a remis le débat sur la table ce vendredi matin. « Je propose qu’on change le nom PS en un nom plus simple, plus clair: Les Socialistes ». Et d’ajouter. « Il y a Les Républicains, les Insoumis, les Verts, etc. Je pense que s’appeler Les Socialistes, ce sera aussi une manière d’être présents, d’exister parce que ce nom est important, et avoir un changement qui permet d’ouvrir ce parti ».  Mais est-ce que cela sera suffisant de simplement changer la façade – d’autant que la proposition de Stéphane Le Foll ne tranche pas singulièrement avec la dénomination originale- sans faire son aggiornamento idéologique ? De nombreux responsables socialistes ont des doutes et l’ont fait savoir dans une tribune à Libération réclamant « une véritable clarification tant sur le fond que sur la forme du parti, avec pour ligne le rassemblement de la gauche responsable, de la gauche de gouvernement, de la gauche fière de ses valeurs : une gauche sociale-démocrate, européenne et écologiste ».

Efficace dans le monde des affaires, moins en politique

Une manière de dire que le changement de nom pur et simple ne réussira pas à lui seul à masquer les vicissitudes d’un parti en déconfiture. Car si cette technique a un certain succès dans la sphère économique, les stigmates sont parfois plus compliqués à effacer en politique. Si Orange a superbement pris le relais de France Telecom, ou encore Airbus Group a permis d’estomper le parfum de scandale autour de EADS, en politique, les choses sont un peu plus compliquées. L’exemple le plus marquant est à aller chercher du côté du RPR qui avait changé d’appellation en 2002 pour devenir l’UMP, mettant ainsi un terme aux différentes affaires ayant empoisonné la vie du parti et irrémédiablement abîmé son image… Avant que l’UMP, ébranlée, à son tour,  par le scandale Bygmalion, ne soit contrainte de « tirer sa révérence », pour laisser la place aux Républicains.

En outre, le Front national – dont l’image semble également ad vitam aeternam  associé à Jean-Marie Le Pen – envisageraient également un changement de dénomination pour « lisser » son image et apparaître plus fréquentable aux yeux de l’opinion et ainsi conquérir de nouveaux électeurs encore réservés à l’idée de rejoindre un parti, dans sa forme actuelle, mis en branle par Jean-Marie Le Pen. Un « nouveau nom » pourrait rendre le parti plus attractif. Mais là-aussi, la formation frontiste ne pourra guère s’affranchir d’une remise à plat de son logiciel. C’est d’ailleurs tout l’enjeu actuel avec les partisans de Florian Philippot soutenant mordicus le maintien de l’abandon de l’euro dans le programme économique du Front national quand ses opposants réclament la suppression de cette mention considérée à leurs yeux comme un repoussoir à électeurs. Ou quand le ravalement de façade doit impérativement s’accompagner d’un nettoyage en profondeur de l’arrière-boutique. La renaissance du Parti socialiste est à ce prix.

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