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La découverte des dossiers de la police du Xinjiang devrait inciter les pays à agir contre le génocide des Ouïghours

OuïghoursManifestation à Londres en marge des JO de Pékin 2022. | Source : Getty Images

Les dossiers de la police du Xinjiang permettent enfin de mettre un visage sur les milliers d’Ouïghours détenus dans les camps chinois.

 

Parcourir les photos des 2884 détenus ouïghours trouvées dans les dossiers de la police du Xinjiang n’est pas pour les âmes sensibles. Les visages défilent un à un, symbole d’un peuple injustement détenu par le gouvernement chinois pour la seule raison d’appartenir à la communauté ouïghoure.

L’une des premières choses que l’on remarque sur les photos, ce sont les yeux de ces détenus. Certains ont l’air déconcerté, d’autres déterminés, d’autres remplis de tristesse, et d’autres encore complètement vides.

Il semble surréaliste de disposer de preuves photographiques des victimes de la campagne génocidaire de Pékin, connue depuis longtemps par nombre de journalistes qui ont écouté les témoignages des survivants et analysé les images satellites des camps. Pour eux, nul besoin d’être convaincus : ils n’avaient et n’ont toujours aucun doute sur les atrocités commises.

Néanmoins, ces photos apportent un nouvel évènement. En regardant ces visages, il est impossible de nier l’humanité de chaque Ouïghour, et il est impossible de nier ce que le Parti communiste chinois leur fait subir actuellement.

En plus de fournir des preuves photographiques de l’internement de masse des Ouïghours, les dossiers de la police du Xinjiang comprennent également des discours de dirigeants chinois concernant les plans de rééducation et d’internement de masse des Ouïghours. Plusieurs fichiers PowerPoint présentent les protocoles de sécurité, notamment les ordres de tirer pour tuer afin de s’assurer que personne ne s’échappe. Par ailleurs, il existe une analyse détaillée de la composition de la population des camps de rééducation politique.

Les discours sont à eux seuls accablants, car ils montrent un lien direct entre les hauts dirigeants du gouvernement chinois et les atrocités commises. Le discours de Zhao Kezhi, ministre chinois de la Sécurité publique, comporte des révélations particulièrement frappantes. En effet, il implique directement Xi Jinping dans l’internement massif des Ouïghours.

Même si certains gouvernements, notamment les États-Unis, ont déjà affirmé l’existence d’un génocide et de crimes contre l’humanité à l’encontre des Ouïghours, il faut démontrer que les dirigeants chinois ont « l’intention de détruire, ou tout ou en partie » d’un groupe de personnes. Les discours contenus dans les dossiers de la police du Xinjiang contribuent largement à prouver cette intention et à remontrer directement aux coupables. Incontestablement, ces derniers devraient faire face aux conséquences de leurs actes.

Les dirigeants du monde entier n’ont désormais plus aucune excuse pour leur inaction. Les informations révélées dans ces dossiers devraient amener les gouvernements du monde entier à renforcer leurs efforts pour tenir la Chine responsable de ses crimes à l’encontre des Ouïghours.

De nouvelles sanctions contre les responsables identifiés dans les dossiers de la police du Xinjiang sont, évidemment, nécessaires. Néanmoins, les gouvernements devraient entreprendre de se concerter pour offrir un refuge aux Ouïghours en les désignant comme un groupe de personnes constituant des cas humanitaires spéciaux et en leur accordant le statut de réfugié prioritaire.

Les pays du monde entier devraient s’unir pour offrir un abri contre les violations des droits humains commises par le Parti communiste chinois. Pour commencer, les pays ne devraient plus accepter de rapatrier les Ouïghours à la demande de Pékin. Ensuite, ils devraient redoubler d’efforts pour lutter contre le recours (bien documenté) au travail forcé des Ouïghours. Des mesures supplémentaires s’inspirant du Uyghur Forced Labord Prevention Act (loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours), promulgué l’année dernière par les États-Unis, devraient être mises en œuvre dans le monde entier afin de garantir qu’aucun produit issu du travail forcé ne se retrouver sur un quelconque marché.

Il ne devrait pas se passer un jour sans que les États-Unis et le reste du monde ne défendent le peuple ouïghour, en faisant pression sur le Parti communiste chinois pour qu’il ferme les camps et en appelant à la libération de tous les Ouïghours détenus dans ces camps.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Olivia Enos

<<< À lire également : Ouïghours : les États-Unis, l’UE, le Canada et le Royaume-Uni sanctionnent la Chine >>>

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