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Emmanuel Macron Nouveau Roi D’Europe ?

© Getty Images

Le Président de la République, Emmanuel Macron, a défendu cet après-midi à la Sorbonne sa vision de l’Europe et distillé quelques pistes de réflexion et autres propositions concrètes pour refonder une « Europe souveraine, unie et démocratique ». A l’heure où Angela Merkel est empêtrée dans ses turpitudes domestiques,  le chef de l’Etat peut-il être en mesure de lui contester le leadership sur le Vieux Continent ?

Depuis dimanche soir, Angela Merkel doit se triturer les méninges afin de pouvoir réussir, sans trop de dommages, le périlleux exercice de la constitution de sa nouvelle coalition gouvernementale. Chose certaine : celle-ci sera désertée par les sociaux-démocrates qui, sans doute vexés par le plus cinglant revers électoral de leur histoire, ont décidé de ne pas intégrer le nouveau gouvernement au sein duquel devront cohabiter les libéraux du FDP et les écologistes. Sans compter l’entrée en force de l’extrême-droite (AfD) au parlement allemand. Une première depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui fragilise encore davantage la chancelière qui va devoir composer avec le Bundestag le moins conciliant depuis son arrivée à la tête du pays en 2005.  De quoi mettre sous pression Angela Merkel et peser sur la relation franco-allemande ?

Pour rappel, le FDP libéral a des positions peu ou prou similaires à l’AfD sur la question européenne et refuse toutes nouvelles mesures favorables à l’intégration de l’Allemagne au niveau européen, à la différence des écologistes partisans d’une « Europe plus forte ». « Il va y avoir un parti du non (FDP, libéraux), un parti du oui (écologistes), et une chancelière progressiste. Ce ne sont pas les conditions idéales pour un grand accord franco-allemand », affirme Thomas Kleine-Brockoff, directeur du Fonds Marshall allemand à Berlin. Une épine dans le pied d’une Angela Merkel contrainte de ronger son frein lorsque, dans le même temps, son « homologue » et voisin d’outre-Rhin, Emmanuel Macron, fidèle à sa sacro-sainte devise « En Marche ! » avançait ses pions et exposait, ce mardi après-midi à la Sorbonne, sa vision de l’Europe. Laissant la chancelière se dépêtrer de ses turpitudes domestiques. Dans un grand discours, le chef de l’Etat a esquissé ses grandes priorités en la matière.

Budget de la zone euro et Europe de la défense

Comme attendu, Emmanuel Macron a notamment réitéré sa proposition de mettre en place un budget de la zone euro « sous contrôle démocratique » et piloté par un ministre des Finances. Ledit budget aurait vocation à financer des investissements et assurer une stabilisation face aux chocs économiques. En outre, les ressources de ce budget pourraient venir de la taxation du secteur du numérique, de taxes environnementales et un jour d’un impôt, par exemple l’impôt sur les sociétés une fois l’harmonisation achevée, selon les propos du président de la République. « L’enjeu fondamental, ce n’est pas un mécanisme qui par magie résoudrait tous nos problèmes », a appuyé le chef de l’Etat.

Toujours en matière de budget, Emmanuel Macron a également jeté les bases d’une « force commune d’intervention » sous l’égide d’un budget de Défense commun.  « En matière de Défense, notre objectif doit être la capacité d’action autonome de l’Europe, en complément de l’Otan. Ce qui manque le plus à l’Europe aujourd’hui, à cette Europe de la Défense, c’est une culture stratégique commune ». Trois occurrences « Europe » en seulement deux phrases. C’est dire la volonté d’Emmanuel Macron d’imposer sa vision.  Le chef de l’Etat a également dit souhaiter que le Fonds européen de défense et la coopération structurée permanente, deux idées approuvées en juin dernier par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, voient bien le jour.

Les GAFA dans le collimateur

Autre thématique abordée – pour ne pas dire martelée en d’autres occasions par le président de la République –, la position préférentielle, en matière fiscale, des multinationales du numérique regroupées sous l’acronyme « GAFA » pour Google, Apple, Facebook et Amazon. « Nous ne pouvons pas accepter d’avoir des acteurs européens qui sont taxés et des acteurs internationaux qui ne le sont pas, des acteurs du numérique qui n’ont aucune taxe et qui viennent concurrencer des acteurs de l’économie traditionnelle qui, eux, la paient », a souligné Emmanuel Macron. Ce dernier plaide pour une taxation de ces mastodontes du numérique sur la base du chiffre d’affaires réalisé dans chaque pays, et non plus en fonction des bénéfices perçus dans des Etats à faible fiscalité. « Cela nous permettra de revoir profondément nos systèmes fiscaux, de taxer sans complaisance les entreprises qui s’implantent hors d’Europe dans le seul but d’échapper à l’impôt ».  Une proposition qui a déjà reçu l’onction de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne. Les « prémices » d’une France à l’initiative et à la manœuvre en Europe ? Attention néanmoins au « réveil » d’Angela Merkel…

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