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Emmanuel Macron, « Le Choix De Raison » De Manuel Valls

L’ancien premier ministre a mis un terme ce matin au « faux suspens » entourant son soutien à Emmanuel Macron. Après François Bayrou et Jean-Yves Le Drian, c’est au tour de Manuel Valls d’inscrire ses pas dans ceux du fondateur d’En Marche! pour « l’intérêt supérieur de la nation », enfonçant encore un peu plus la candidature de Benoît Hamon.

Emmanuel Macron continue d’engranger les soutiens. Après Jean-Yves Le Drian – et auparavant François Bayrou -, le fondateur d’En Marche! a vu Manuel Valls se rallier à son panache blanc, levant ainsi un secret de polichinelle. Un « énième » soutien accueilli du bout des lèvres par le principal intéressé, « je le remercie », ajoutant tout de go que la politique avait besoin d’un « renouvellement des visages ». Difficile dans ce contexte d’apparaître comme un mouvement désireux de renouveler – à juste titre – la vie publique en étant désormais soutenu par une quinzaine d’anciens ministres de droite comme de gauche. Si Emmanuel Macron avait déclaré, lorsque la rumeur d’un ralliement de Manuel Valls bruissait, il y a de cela quelques semaines, ne pas avoir fondé une « maison d’hôtes », ou encore si Richard Ferrand, secrétaire général d’En Marche! avait réaffirmé que son mouvement n’était pas une « recyclerie », force est de constater que cela commence néanmoins à y ressembler sérieusement. Une « perception » qui mettrait en péril tout l’axe du renouvellement prôné dès le 6 avril dernier, date de la fondation du parti. Un risque que l’état-major d’En Marche! refuse de courir, d’où ces nombreuses prises de distance face aux « déclarations d’amour » d’anciens ministres en déshérence.

Toutefois, concernant spécifiquement le « cas Valls », les accointances idéologiques entre l’ancien locataire de Matignon et celui qui fut son turbulent et impétueux ministre de l’Economie sont légion. Beaucoup plus – doux euphémisme – qu’avec les propositions de Benoît Hamon que Manuel Valls a combattu mordicus durant la primaire et qui essuie un énième revers durant cette campagne décidément très éprouvante pour lui. Pomme de discorde et symbole des crispations entre les deux hommes : le revenu universel porté tel un étendard par Benoît Hamon mais voué aux gémonies par Manuel Valls, ce dernier faisant du premier le chantre de « la société de l’assistanat et du farniente ». Quand Benoît Hamonqui, selon plusieurs sources, n’a pas parlé  à Manuel Valls depuis le soir des primaires –  déplorait la politique « trop libérale » menée par l’ancien maire d’Evry du temps où il officiait à Matignon.

De véritables convergences idéologiques et programmatiques   

Exemple le plus marquant : la défiscalisation des heures supplémentaires qui fut l’une des premières mesures, ainsi que leur exonération de charges (côté salarial et non patronal), mesure défendue en son temps par Nicolas Sarkozy qui avait instauré ce dispositif dès les premiers mois de son quinquennat en 2007. Une dernière mesure que n’aurait pas reniée Emmanuel Macron qui, à quelques nuances près – il est opposé à la défiscalisation mais favorable à l’exonération de charges (côté salarial et patronal) –, défend cette proposition dans son programme.

Il ne fait guère de mystère que le corpus idéologique de l’ancien Premier ministre est bien plus proche de celui du candidat d’En Marche! que de celui de Benoît Hamon. Sur ce point précis, l’abrogation pure et simple de cette proposition – en lieu et place de son aménagement – dès l’arrivée de la gauche aux affaires fut une erreur aussi bien aux yeux de Manuel Valls que d’Emmanuel Macron qui a, semble-t-il, bien retenu la leçon puisque, comme évoqué plus haut, l’exonération des cotisations sociales et patronales figure en bonne place dans son programme présidentiel.

Et maintenant ?

En outre, les deux hommes, du temps où Manuel Valls pilotait le gouvernement tandis qu’Emmanuel Macron s’affairait en coulisses, ont mené bien des projets de conserve. Le plus emblématique d’entre eux : le pacte de responsabilité, symbole d’une mécanique (déjà) bien huilée entre les deux hommes. A Manuel Valls, la mise en œuvre et la pédagogie quand Emmanuel Macron œuvrait patiemment et savamment à sa conception dans les coulisses du pouvoir du temps où il murmurait à l’oreille de François Hollande. Même si l’ancien locataire de Bercy a reconnu très vite – dès décembre 2014 – que le pacte de responsabilité était un « échec » au regard du peu d’accords de branche signés.

Et maintenant ? Quelle place va occuper Manuel Valls dans le dispositif ? Aucune « opérationnelle » a priori. Mais on pourrait assister à un renversement des rôles avec un Manuel Valls à la manœuvre « en coulisses » pour tenter de participer à la constitution d’une future majorité présidentielle cohérente et totalement dévolue au fondateur d’En Marche! si celui-ci accédait aux plus hautes fonctions. Au regard du passif de Manuel Valls en la matière durant un quinquennat marqué par les turpitudes et le coups de boutoir des frondeurs, pas sûr que cela soit le modus operandi le plus pertinent. Le but étant d’éviter que le quinquennat d’Emmanuel Macron soit une « recyclerie » du précédent.

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