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Edtech : Ne Laissons Pas Les GAFAM Envahir Les Salles De Classe

par Getty Images

Jean-Michel Blanquer a donné,  en cette période de rentrée des classes, ses grandes orientations pour redonner confiance en l’école. Il a annoncé un ensemble de mesures visant à ouvrir l’école à l’expérimentation d’outils numériques : l’edtech pour  les apprentissages fondamentaux dans les classes dédoublées à l’école primaire,  pour accompagner le dispositif « Devoirs faits » , pour l’enseignement professionnel et technologique…

C’est un ensemble de bonnes résolutions qui promettent d’intensifier les partages d’innovations, de projets, de retours sur expérience.

Mais la France avance trop lentement dans l’ère du numérique éducatif, l’edtech, d’expérimentation en expérimentation.

L’éducation nationale n’a pas déployé les moyens nécessaires pour contribuer à l’éclosion d’un écosystème edtech robuste.

Jean-Michel Blanquer a annoncé un plan « Intelligence Artificielle et Education « de 8 millions d’euros.

C’est très faible, au regard des 100 000 enfants décrocheurs pour qui l’IA permettrait une individualisation des parcours et une inclusion dans le système scolaire. Le coût pour la société à long terme de chaque enfant décrocheur est de 230 000 euros sans compter les drames personnels induits. Pour la France, c’est près de 30 milliards d’euros de dette contractée chaque année.

8 millions d’euros, c’est très insuffisant au regard des investissements de pays voisins comme l’Angleterre qui va investir 1 milliard dans l’IA, dans une logique de partenariats public –privés pour entre autres former 8000 professeurs à l’informatique.

8 millions d’euros, c’est tragique, quand on se compare avec les investissements des USA et de la Chine, qui a annoncé vouloir investir 30 milliards de dollars dans l’edtech d’ici 2020.

A quand la création d’une véritable filière edtech en France ? A quand la mise en place d’une réelle stratégie industrielle pour faire rentrer la France dans l’éducation du XXIe siècle ?

Nos voisins anglais avaient lancé une offensive gouvernementale pour faire rentrer leurs école dans l’ère du numérique. Aujourd’hui, l’edtech en Angleterre, c’est 900 millions £ de dépenses annuelles par an. La France dépense dix fois moins !

Comment faire ? Les budgets sont contraints

30 millions d’euros sont dédiés aux ressources numériques mais 400 millions sont dépensés sur des livres scolaires pas toujours ouverts et le budget photocopie dépasse les 60 euros par élève et par an.

En un an, Jean-Michel Blanquer a pris des mesures simples, lisibles, ciblées, comme les dédoublements dans le primaire, les devoirs faits au collège, le grand oral au lycée, le retour aux parcours d’excellence, l’autonomisation des décisions de la communauté enseignante, pour amorcer le chantier du retour à la confiance des parents dans l’école, tout en réduisant les inégalités.

Il est urgent maintenant de déployer des investissements massifs pour moderniser plus radicalement l’éducation, pour investir dans l’IA, la R&D, dans de nouveaux outils, visant à individualiser les parcours de formation, pour former les enseignants.

Il s’agit d’une priorité nationale

Les GAFAM se battent aux USA pour rentrer dans la salle de classe et capter les enfants dès leur plus jeune âge.

Ils sont déjà présents dans notre éducation nationale. La vocation hégémonique de ces groupes ne laisse aucune chance aux hésitants, leur tendance monopolistique étouffe les nouveaux entrants.

Soit la France reconnait l’urgence d’investir dans l’éducation numérique, en donnant une autonomie aux directeurs d’établissements et les enseignants pourront choisir des outils adaptés à leurs besoins, soit l’éducation numérique sera dominée durablement dans sa conception, ses objectifs et sa distribution par les GAFAM, dont l’usage des données personnelles peut inquiéter.

Le danger est réel. Chaque année de retard sera difficile à rattraper pour nos edtechs françaises. Nous devons immédiatement préparer nos enfants aux métiers de demain : 60% des enfants en primaire feront demain un métier qui n’a pas encore été inventé.

Si nous souhaitons conserver la maîtrise de nos moyens pédagogiques, si nous voulons développer et traduire nos valeurs démocratiques dans l’enseignement, si nous voulons porter haut et fort dans le monde les couleurs de « l’éducation à la française », si nous croyons que retrouver la confiance en l’école, c’est restaurer notre contrat social, les annonces, les demi-efforts, le conformisme budgétaire ne sont plus des options. Il y a urgence à agir.

Il faut sauver l’élève Jean-Michel Blanquer et lui donner les véritables moyens de tenir ses bonnes résolutions.

Faire recopier ce texte dix fois à Gerard Darmanin et Bruno Le Maire.

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