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Comment Emmanuel Macron A Ubérisé Le Parti Socialiste

© Getty Images

Chantre d’une recomposition du paysage politique qu’il appelait de ses vœux, le président élu a réussi, en un peu plus d’un an avec son mouvement « En Marche! », à bouleverser les codes au point de menacer l’existence même du Parti socialiste.

« Son diagnostic est creux. Il n’y a rien dedans ! Il est où son programme ? Qui sont ses soutiens ? Le candidat de l’ubérisation politique qu’il veut être, ça ne marche pas ! ». Le propos en date d’octobre 2016, et signé Luc Carvounas, sénateur socialiste et soutien historique de Manuel Valls, prête à sourire au lendemain de la victoire sans coup férir d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Mais pour être tout à fait juste, « l’oracle » Carvounas est loin d’avoir été « isolé » au moment de tirer à boulets rouges sur Emmanuel Macron et sa démarche : se présenter à l’élection présidentielle sans l’appui d’aucune formation politique préétablie. En effet, pléthore de ténors socialistes, dont le « premier » d’entre-eux Jean-Christophe Cambadélis ont tenté de pilonner, dès le 6 avril 2016 et la naissance officiel d’En Marche!,  l’innovation et le vent de fraîcheur apportés, quoi qu’on en dise par ailleurs, par le mouvement, remettant en cause les certitudes du « vieux-monde » incarné par les partis de gouvernement classiques.

23 avril 2017 : le Parti socialiste, majoritaire à l’Assemblée nationale, réalise un score historiquement bas. Avec 6,26% des suffrages, la formation de la majorité présidentielle sortante et son candidat Benoît Hamon, pourtant désigné par la « primaire de la Belle Alliance populaire », sont laminés dans les urnes. Le parti Les Républicains tout aussi « installé », en dépit de ses multiples changements d’appellation (RPR,UMP puis Les Républicains) enregistre un score plus honorable mais rate néanmoins la marche pour le second tour, ce qui constitue également une première pour la droite républicaine. En ce sens, Emmanuel Macron a réussi son pari, à savoir renvoyer à leurs turpitudes respectives les deux formations qui ont successivement présidé aux destinées de la France. En Marche! réussissant le prodige de porter un candidat à la tête du pays après seulement 13 mois d’existence. Ou quand l’agilité l’emporte sur l’immobilisme. Et les deux figures de proue de la politique française – à plus forte raison le Parti socialiste- d’être littéralement « ubérisés ».

« Pulvérisé » par la start-up En Marche!

« L’Uberisation, tout le monde en parle aujourd’hui : tous les business models des grands groupes seraient sur le point d’être disruptés, ubérisés, désintermédiés, commoditisés, en un mot pulvérisés par une multitude de startups beaucoup plus agiles et innovantes ». Cette définition est signé Guillaume Sarlat, polytechnicien et inspecteur des finances dans les colonnes du Figaro. Et nul besoin d’être un fin connaisseur des arcanes de la nouvelle économie pour constater que les termes agilité et innovation sont loin d’être le « cri de ralliement » du Parti socialiste, qui après mis un genou à terre lors de cette élection présidentielle, pourrait pousser son dernier souffle à l’issue des élection législatives qui se profilent.

Et le bord de l’abîme n’a jamais été aussi proche pour celui qui est encore, pour quelques jours, le parti de la majorité présidentielle. Ainsi, Selon un sondage OpinionWay – SLPV analytics pour « Les Echos » et Radio Classique, En Marche! – désormais rebaptisé La République en Marche- deviendrait avec 249 à 286 sièges, deviendrait la première puissance régnante de l’Assemblée nationale à quelques encablures de la majorité absolue (290 sièges). Suivi par Les Républicains-UDI crédités de 200 à 210 sièges soit peu ou prou leur niveau actuel. Mais ce sont les estimations concernant le Parti socialiste qui interpellent.

28 à 43 sièges pour le Parti socialiste

En effet, dans « l’hypothèse haute », la formation de Jean-Christophe Cambadélis remporterait 43 sièges! Une véritable bérézina assimilable à celles des législatives de 1993 pour un Parti socialiste à l’époque lessivé par deux septennats consécutifs de François Mitterrand. Désireux d’échapper à ce massacre, certains des plus anciens éminents représentants du parti ont décidé de signer son avis de décès avant que le PS ne pousse son dernier râle. C’est notamment le cas de Manuel Valls. L’ancien Premier ministre ayant fait part de son souhait de briguer l’investiture En Marche! et ainsi se rattacher à la majorité présidentielle.

Mais d’essuyer les remontrances des instances d’En Marche! qui, à la manière d’un DRH, ont -pour le moment- rejeté « la candidature Valls ». « A ce jour, il n’est pas dans les critères d’acceptation de sa demande d’investiture et donc (…) la commission nationale d’investiture que je préside ne peut pas analyser la candidature de M. Valls », a déclaré ledit président de la Commission, Jean-Paul Delevoye. Et d’ajouter, froidement. « Nous mesurons bien le courage qu’il a eu de quitter un Parti socialiste aujourd’hui en décomposition et nous voyons bien aujourd’hui qu’il n’est pas forcément opportun pour le mouvement En marche ! d’intégrer cette candidature, quel que soit le passé ». Ou comment écarter un futur-ex rival avec « modernité ».

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