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Quelles Grandes Tendances Pour L’Emploi En 2018 ?

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Comment va l’emploi en 2018 ? L’économiste Alexandre Judes tente de mettre en perspective le marché français. Diplômé de l’ENSEA ParisTech, il a rejoint Indeed en 2017. L’entreprise, fondée en 2004 aux Etats-Unis et arrivée en France en 2008, se présente comme un moteur de recherche de l’emploi. Alexandre Judes a pour mission, au sein de l’institut de recherche d’Indeed, d’analyser les particularités du marché français.

 

Le taux de chômage a connu sa plus forte baisse depuis 2008. Il a reculé de 0,7 points au quatrième trimestre 2017, passant sous la barre des 9% (à 8,9%), selon les chiffres de l’Insee révélés mi-février. Comment expliquez-vous cette baisse et pensez-vous que celle-ci pourrait se poursuivre en 2018 ?

C’est une baisse qui a surpris les économistes, car nous nous attendions à une décrue lente et faible du chômage. Mais il faut toujours faire attention à regarder les chiffres du chômage sur le temps long. Par exemple, en 2018 nous nous attendons à une baisse lente, avec très probablement une légère hausse dans les mois à venir comme une correction de la baisse de février.

L’évolution du chômage est liée au nombre de postes créés et aux variations de la population active en âge de travailler. Par exemple, il y a eu un léger « baby-boom » en 2000 qui provoquera une augmentation de la population active entre 2018 et 2027 environ. Il pourrait alors y avoir une augmentation du chômage s’il n’y a pas sur la même période une augmentation des créations de postes.

Au premier trimestre 2018 on constate une augmentation de la population active plutôt faible. Donc la baisse actuelle du chômage est mécanique.

A l’avenir, il ne faudrait pas que la part conjoncturelle du chômage se transforme en part structurelle en laissant par exemple se cristalliser le chômage de longue durée.

Quelle est la particularité du marché du travail français ?

La structure du marché du travail français est un handicap pour l’avancée de la France. En effet, l’importance donnée au diplôme y est trop marquée produisant un problème de fonctionnement systémique du marché de l’emploi. Par exemple, la haute fonction publique n’a pas créée de corps de cybersécurité alors qu’existent, et depuis 200 ans, les corps des mines et des ponts.

Par ailleurs, les hauts diplômés ne montent que très rarement leur entreprise. De ce fait, les entreprises du Cac 40 sont les mêmes depuis des décennies alors que les grandes entreprises américaines sont des sociétés récentes telles que Google ou Amazon.

Si le marché français veut évoluer, il faudra que les compétences prennent le pas sur les diplômes et le statut. C’est ce qu’essaie de faire le gouvernement avec la réforme du statut de cheminot aujourd’hui, et c’est déjà ce qu’avait commencé à faire Emmanuel Macron, dès 2014, quand il s’attaquait aux professions réglementées.

Autre problème, il est très difficile de passer d’un secteur à l’autre, ou d’une entreprise à l’autre, sauf pour les personnes très diplômées. Or, le numérique touche tous les secteurs. Il est donc nécessaire d’avoir une agilité intellectuelle. Malheureusement, c’est l’inverse qui se passe : nous sommes coincés dans une sectorisation dommageable. La conséquence est de voir les travailleurs du numérique orienter leurs recherches vers les Etats-Unis.

Vous parlez du numérique. Quelles sont les nouvelles tendances de l’emploi en terme de métiers et de contrat ?

Sur les sites de recherches d’emplois sont principalement recherchés les métiers les moins qualifiés. Notamment parce que les métiers du numérique qui sont en croissance ne nécessitent pas de recherche d’emploi de la part des candidats. Ce sont les recruteurs qui viennent les contacter.

Sur les contrats, si en général est constatée une stagnation de la part des indépendants depuis trois ans, sur notre site, nous constatons une augmentation des recherches de missions en freelance depuis deux ans, notamment en septembre. Mais le contrat de travail, et notamment le CDI reste la norme.

Autre point, l’augmentation des salaires qui est moins élevée que l’an passé. Les salaires étant indexés sur l’inflation, et celle-ci étant à la hausse en 2018, les salaires vont certes augmenter, mais il n’y aura pas de coup de pousse de la part des entreprises.

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