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Faire face à l’obsolescence programmée du corps humain au travail

exosquelettes

Dans l’imaginaire collectif, l’exosquelette incarne la quintessence de la fusion entre l’homme et la machine, une thématique récurrente dans la science-fiction, illustrant à la fois nos plus grandes aspirations et nos peurs les plus profondes. Des armures surhumaines de « Starship Troopers » aux exosuits de « Edge of Tomorrow », ces dispositifs ont longtemps symbolisé un futur où l’humanité transcende ses limites physiques grâce à la technologie.

Une contribution de Antoine Noël, Co-fondateur et CEO de Japet Medical

 

Pourtant, loin des projecteurs du cinéma, la réalité est ici, palpable et criante d’urgence : les exosquelettes représentent une nécessité impérieuse pour contrer une « mécanisation » du travail humain et une réponse pragmatique à l’usure physique inéluctable des salariés.

Vers une révolution Copernicienne du monde du travail

Il est temps de concevoir l’évolution des relations entre l’homme et la technologie comme la « Révolution Copernicienne » du monde du travail : une transformation majeure où l’humain reste au cœur de l’activité, épaulé par la technologie, sans être éclipsé. Loin de constituer une menace, des innovations comme l’exosquelette symbolisent un outil d’empowerment pour les individus, soulignant l’importance cruciale de l’interaction humaine avec la technologie. Cette perspective promeut une harmonie où les contributions de chacun sont valorisées, favorisant un partenariat mutuellement bénéfique plutôt qu’une concurrence.

Alors que depuis la révolution industrielle, le recours aux machines est largement répandu pour renforcer la productivité mais également pour soutenir les salariés au niveau des charges lourdes ou de leurs tâches répétitives, ces dernières ont un pouvoir limité notamment dans leur capacité d’adaptation.

Aujourd’hui, l’exosquelette sort du cadre des récits futuristes pour entrer dans nos vies, apportant soutien et assistance à ceux qui en ont le plus besoin. Regardez-y à deux fois, votre boulanger en est peut-être équipé !

Loin d’être des gadgets de science-fiction, les exosquelettes modernes sont des outils conçus pour s’intégrer harmonieusement à l’activité humaine. En augmentant les capacités physiques sans ôter l’essence de l’humain, ils révèlent un futur où la technologie agit en partenaire de l’homme, et non en rival.

 

Pourquoi chaque salarié à risque n’est-il pas encore équipé ?

La question est aussi pertinente qu’elle est alarmante. Alarmante face à une réalité où les TMS et lombalgies (qui sont la première cause des arrêts de travail en France) pèsent sur le budget des entreprises et de l’Etat (800 millions d’euros) : en 10 ans les TMS ont augmenté de 60% et représentent 20% des accidents de travail (pour une perte totale d’un millard d’euros par an pour les entreprises). Cependant, sur les 1,8 million de salariés exposés au risque de lombalgie, le fossé entre le nombre de ceux équipés d’exosquelettes et ceux qui ne le sont pas interroge.

La première barrière réside sans doute dans la perception collective de ces technologies : loin d’être des accessoires de super-héros ou des reliques futuristes, les exosquelettes sont des alliés du quotidien, cruciaux pour préserver le bien-être physique des travailleurs. La seconde barrière est d’ordre économique. Certes, l’investissement initial peut sembler substantiel, mais quelle est la valeur d’un employé en bonne santé, productif et engagé ? La rentabilité, au-delà d’une simple équation financière, doit intégrer le bien-être humain et la durabilité de la force de travail.

 

Révolutionner le travail : un impératif économique et humain

Dans les secteurs où les tâches répétitives et les efforts physiques sont monnaie courante, les exosquelettes se révèlent être des alliés inestimables. Ils permettent de lutter activement contre les troubles musculo-squelettiques, offrant aux travailleurs la possibilité de réaliser leurs missions sans sacrifier leur santé. Par exemple, sur les chaînes d’assemblage dans l’industrie automobile, où les techniciens assemblent des dizaines de fois par jour la même lourde pièce mécanique sur un véhicule dans une posture inconfortable (penchés en avant ou les bras en l’air) les exosquelettes fournissent un soutien physique crucial. Associés à une vraie démarche de QVT, cela peut se traduire par une diminution des arrêts maladie et une amélioration générale de la productivité et du bien-être au travail. Un autre domaine où l’impact des exosquelettes est notable est celui de la construction. Les travailleurs bénéficient d’assistances pour déplacer les charges lourdes qui ne sont pas prises en charge par les machines d’assistance.

Le coût de l’inaction devient, avec le vieillissement de la population active et la crise du recrutement dans les secteurs exigeants physiquement, insoutenable.

 

Vers un nouvel horizon

Il est impératif de briser les chaînes de l’appréhension et de l’ignorance. Les exosquelettes ne sont pas un luxe mais une nécessité, un outil indispensable dans l’arsenal de toute entreprise soucieuse de l’avenir de ses employés et de sa propre pérennité. Enrichir le travail humain par la technologie, c’est ouvrir la voie à un futur où l’usure physique n’est plus une fatalité mais un défi relevé avec intelligence et humanité.

Parce que si nous contemplons l’avenir du travail, en lien avec l’obsolescence programmée du corps humain, les exosquelettes représentent bien plus qu’une simple solution aux défis actuels : ils incarnent la promesse d’une révolution dans de nombreux secteurs d’activité, qui, hier encore, relevaient de l’imaginaire.

Alors, imaginez un monde où chaque tâche, des plus routinières aux plus complexes, bénéficie de l’assistance mécanique pour réduire la fatigue et augmenter la précision. Des secteurs traditionnels comme la construction et la manufacture aux domaines plus inattendus comme l’agriculture de précision, la logistique, et même les soins de santé, les exosquelettes pourraient transformer radicalement la manière dont nous travaillons. En agriculture, par exemple, ils pourraient permettre aux travailleurs de manipuler des équipements lourds avec une facilité déconcertante, augmentant ainsi la productivité tout en réduisant les risques de blessures. Dans le secteur des soins de santé, des exosquelettes spécialisés pourraient assister le personnel soignant dans le déplacement et le soutien des patients, allégeant le fardeau physique de ces tâches essentielles.

Et au-delà de l’amélioration de la productivité et de la sécurité, les exosquelettes ont le potentiel d’élargir les horizons professionnels pour de nombreuses personnes, y compris celles à mobilité réduite. Ils pourraient non seulement ouvrir de nouveaux chemins de carrière mais aussi prolonger la vie professionnelle active des individus en atténuant les contraintes physiques associées à certains métiers.

Loin de la dystopie souvent évoquée dans la science-fiction, nous nous trouvons à un tournant décisif : continuer sur la voie de l’usure et de l’obsolescence ou embrasser une vision où chaque travailleur est valorisé, protégé et équipé pour faire face aux exigences de son métier.

Cette réflexion représente une opportunité de redéfinir le travail et d’adopter une vision avant-gardiste de la collaboration entre l’humain et la technologie, au bénéfice de tous. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer la qualité de vie au travail ; il s’agit de redéfinir notre rapport à l’effort, à la santé et à la technologie, au service de l’humain et… de la performance.

 


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