Explosion des surclassements de vols pour les voyages d’agrément

VOYAGES | La classe affaires est en perte de vitesse depuis le début de la pandémie. Cependant, peu d’experts auraient pu prédire le regain d’intérêt des voyageurs d’agrément pour les classes supérieures, obligeant les compagnies aériennes du monde entier a développé leurs espaces First et Premium pour faire face à cette forte demande.

 

Les voyages en classe affaires sont largement dépassés

Avant la pandémie, les compagnies aériennes gagnaient de l’argent grâce aux voyageurs en classe affaires. Puis la pandémie a montré que les cadres pouvaient travailler efficacement depuis leur domicile et très peu d’entreprises veulent désormais payer des prix élevés pour que les cadres voyagent alors qu’elles peuvent organiser des réunions en ligne.

La tendance aux voyages « Bleisure » (combinaison de voyages d’affaires, business, et d’agrément, leisure) s’est imposée. Les cadres travaillent de plus en plus où ils le souhaitent, voyagent plus longtemps et travaillent à partir de destinations de vacances, découvrant de nouvelles villes et de nouveaux endroits. Ce que les experts ne pouvaient prédire, en revanche, c’est la manière dont les voyageurs d’agrément comblent le vide laissé par les voyageurs d’affaires.

Il semble que l’arrivée de la tendance « Bleisure » ait tué les voyages d’affaires et divisé le marché des voyages d’agrément en deux : les voyageurs qui peuvent se le permettre se dirigent vers les classes Premium et Première, tandis que tous les autres se dirigent vers la classe économique.

Les voyageurs d’agrément sont de plus en plus nombreux à passer en première classe

En neuf ans à la tête de la compagnie aérienne allemande Lufthansa, jamais Carsten Spohr n’aurait cru que la compagnie aurait besoin de plus d’espace en première classe.

Comme le rapporte Bloomberg, de plus en plus de personnes dépensent 10 000 dollars ou plus pour un aller simple avec tous les extras de l’aéroport, tels que le service de voiturier et l’assistant personnel.

Les analystes ne pensent pas qu’il s’agisse simplement d’une tendance à l’augmentation du nombre de voyages à la suite de la pandémie (qui a un impact sur les prix de la classe économique), mais plutôt d’un changement structurel dans la manière dont les personnes aisées dépensent davantage pour les loisirs et les articles de grande classe. La même tendance est observée pour les montres et les voitures haut de gamme.

Explosion des voyages haut de gamme

Cette tendance ne concerne pas seulement la première classe. Le voyageur d’agrément haut de gamme qui n’a pas les moyens de s’offrir la première classe est tenté par les sièges de la classe Premium. Les cabines Premium d’Air France ont atteint leur taux d’occupation le plus élevé et la compagnie vend tous ses billets Premium, en particulier pour les vols à destination de Paris.

Selon le New York Times, de nombreuses compagnies aériennes envisagent d’augmenter de 25 à 75 % le nombre de sièges haut de gamme dans certaines de leurs flottes. Air France a l’habitude de réduire le nombre de sièges en classe affaires avant la période estivale, mais cette année, elle les laissera en place pour répondre à la demande.

De même, à l’heure où vous lisez ces lignes, au moins quatre personnes tentent d’acheter un billet en classe affaires au départ de Londres sur un vol d’Emirates Airlines.

L’ensemble de ces tendances permettent aux compagnies aériennes d’enregistrer d’importants bénéfices, ce qui ne manquera pas de se poursuivre, d’autant que les compagnies aériennes cherchent également à améliorer l’expérience en classe économique, à l’image de l’arrivée de nouveaux lits en classe économique, loués par période de quatre heures, sur certains avions de Qantas à partir de 2025.

La démocratisation des jets privés se poursuit

Le passage à la classe Premium et à la première classe suit la tendance à la démocratisation de l’utilisation des jets privés : ils ne sont plus réservés aux plus riches de la planète.

Alors que Bloomberg annonçait un ralentissement de l’utilisation des jets privés en 2023, leur utilisation a décollé pendant la pandémie, en grande partie parce qu’ils ont tendance à partir d’aéroports plus petits où il y a moins de foules et de risques d’infection.

Grâce à de nouvelles applications et à de nouveaux services, il est désormais beaucoup plus facile d’améliorer son voyage, ne serait-ce que pour un aller simple, en louant un avion privé lorsqu’il revient chercher quelqu’un d’autre. À titre d’exemple, Air Charter Service, le plus grand courtier en avions-privés au monde, a augmenté sa clientèle de 25 % en 2021 et la demande s’est maintenue au cours des deux dernières années.

D’autres entreprises, comme SetJet, fonctionnent sur la base d’un système d’adhésion. Pour une cotisation mensuelle de 100 dollars, les vols aller simple commencent à 750 dollars sur les itinéraires au départ de Los Angeles et de Las Vegas.

L’environnement est le seul perdant dans cette affaire. En 2022, le trajet en jet privé le plus fréquent était Paris-Nice (pour ceux qui se rendent au festival de Cannes, par exemple). Selon les calculs du Monde, pour le même trajet, un vol en avion commercial est quatre fois moins polluant. En outre, par rapport au train, un Paris-Nice en jet privé est 800 fois plus polluant !

C’est bien la preuve que les voyages sont toujours une histoire à double tranchant et cet été ne fait pas exception à la règle. Alors que la classe économique est rare, très demandée et extrêmement chère, il semble probable que le chemin à parcourir pour atteindre ces sièges dans l’avion sera de plus en plus long.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Alex Ledsom

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