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Eugène Delacroix à L’Alhambra, fantastique !

« L’Alhambra ! l’Alhambra ! palais que les Génies, ont doré comme un rêve et rempli d’harmonies » écrivait Victor Hugo dans son recueil les Orientales. Si l’orientalisme a profondément marqué la littérature, la peinture fut tout aussi influencée par ce mouvement comme en témoigne l’exposition Odalisques. D’Ingres à Picasso inaugurée par les rois d’Espagne début juin à l’Alhambra à Grenade. Retour pour Forbes France sur l’un des monuments les plus visités d’Espagne avec la directrice de l’Alhambra Rocío Diaz Jimenez.

 

Odalisques. D’Ingres à Picasso – Une exposition exceptionnelle

L’Alhambra propose, et ce jusqu’au mois de septembre prochain, l’exposition « Odalisques. D’Ingres à Picasso », proposant des œuvres des deux artistes mais aussi de Delacroix, Chassériau, Gérôme, Constant, Bernard et encore Matisse. Ces tableaux proviennent d’institutions prestigieuses comme de collections privées : Musée du Louvre, le Musée d’Orsay, le Musée de l’Orangerie, le Centre Georges Pompidou ou encore le Musée Picasso de Paris. Cette exposition constitue ainsi un bel exemple de coopération culturelle franco-espagnole !
Une odalisque est une esclave vierge, qui peut accéder jusqu’au statut de concubine ou de femme dans les sérails ottomans, mais dont la plupart sont au service du harem du sultan. Le mot vient du turc odalık, qui signifie « femme de chambre », d’oda, « chambre ». « L’exposition s’attache à étudier, et c’est une première, la façon dont le sujet artistique de l’odalisque, principalement créé par la peinture française, incarne les grandes innovations esthétiques des XIXe et XXe siècles, tout en représentant une bonne partie des fantasmes de la société » explique la directrice de l’Alhambra.

Cet ensemble de pièces exceptionnelles sera accompagné d’objets qui ont fait partie des harems nasrides du XIIIe au XVe siècle, issus du musée de l’Alhambra, ainsi que de photographies et d’un audiovisuel sur les odalisques des XIXe et XXe siècles dans la danse et au cinéma. Cette exposition mettra en lumière la vie quotidienne de ces femmes, tout en soulignant les différences entre la réalité des sources historiques et l’imaginaire pictural des artistes.

 

Patio de Comares © Le Patronat de l’Alhambra et du Généralife

 

Le Parnasse Andalou

L’Alhambra peut être considéré comme le mont Parnasse de l’Andalousie : Victor Hugo (les Orientales), René Chateaubriand (Les Aventures du dernier Abencerage, une tribu arabe maure du royaume de Grenade au xve siècle) Alexandre Dumas (Impressions de voyage : De Paris a Cadix) ou encore l’écrivain américain Washington Irving (Les Contes de l’Alhambra) y trouvèrent inspiration. La musique de l’eau, créée par un riche ensemble de fontaines, inspira aussi de nombreux musiciens : Manuel de Falla (La Vida Breve), Luigi Cherubini (les Abencérages) Claude Debussy (Lindaraja, un nom pour désigner un type de cours à l’Alhambra) ou encore Isaac Albéniz (Recuerdos de viaje). Tous ces voyageurs romantiques ont aidé à sauver l’Alhambra qui était tombé dans l’oubli depuis des siècles. « Le renouveau de l’Alhambra en tant que monument national en 1870 a donné lieu à d’importantes interventions mises en œuvre au xxe siècle et encouragées, entre autres, par Leopoldo Torres Balbás, architecte considéré comme le père de la restauration moderne. » révèle la directrice. 

 

Visiter l’Alhambra post Covid

« De nombreux bouleversements ont eu lieu depuis le 13 mars 2020, jour où le monument emblématique de Grenade a fermé pour la première fois ses portes aux publics pendant trois longs mois » continue la directrice Rocío Diaz Jimenez. La capacité d’accueil a été par exemple réduite et reste aujourd’hui à 75 % de sa capacité originale et tous les espaces ont été adaptés aux conditions de sécurité et d’hygiène.   « C’est aujourd’hui le meilleur moment pour visiter l’Alhambra afin de revivre avec plus de tranquillité son histoire et profiter de ce monument éclatant de sagesse, de beauté et de sensibilité. L’Alhambra est un livre de pierre où la succession des salles se laisse découvrir comme les pages d’un ouvrage d’histoire »

 

Détails des murs de la salle du Trône soulignant l’importance de l’écrit dans la civilisation arabe © Le Patronat de l’Alhambra et du Généralife

 

L’Alhambra — moteur économique régional et national

« L’Alhambra s’avère aussi être un moteur de l’économie et de l’emploi de Grenade et de l’Andalousie qui a beaucoup à apporter dans la reprise des activités. Le Patronat de l’Alhambra et du Généralife, en tant qu’agence administrative, constitue un cas bien particulier » explique Rocío Diaz Jimenez. D’un point de vue budgétaire, l’intégralité de ses besoins de dépenses est en effet financée par les revenus perçus par le monument lui-même. Le site ne reçoit donc aucune subvention ni aucun virement provenant du budget de dépenses du gouvernement d’Andalousie. Le Patronat de l’Alhambra et du Généralife emploie plus de 350 travailleurs et son budget approuvé pour cette année 2021 avoisine les 30 millions d’euros. Mais le site génère indirectement plusieurs autres dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires avec les près de 2,8 millions de touristes qui viennent admirer l’un des monuments les plus visités d’Espagne.

 

Alhambra
La directrice Rocío Diaz Jimenez © Le Patronat de l’Alhambra et du Généralife

 

La directrice Rocío Diaz Jimenez ajoute « Au niveau professionnel, être à la tête de la direction de l’Alhambra est un réel défi et une énorme responsabilité. Sur le plan personnel, c’est un véritable honneur de pouvoir diriger un monument que des millions de personnes rêvent de visiter au moins une fois dans leur vie. »
Interrogée sur ses préférences dans l’ensemble architectural, la directrice Rocío Diaz Jimenez répond : « Il est difficile de choisir une partie précise face à tant de beauté. En raison de son caractère unique, mon choix se porterait sur le Baño de Comares, les seuls bains arabes du Moyen Âge presque entièrement conservés en Occident. Il s’agit d’un espace unique au monde, dont la visite ne déçoit jamais et fait systématiquement naître en chacun l’envie d’y revenir, le désir irrésistible de rester à jamais dans cet endroit merveilleux. »

 

Les Carmens de Grenade

L’Alhambra n’est pas le seul moment à visiter dans la ville. L’Albaicin, qui hébergeait le noyau primitif de la cité antique de Grenade est aussi inscrit à l’UNESCO. Il se compose de bâtisses blanches et de rues étroites avec des carmens, une maison typique à Grenade qui donna le nom à l’Opéra éponyme de Bizet. Celle-ci possède un jardin avec des vignes et des arbres fruitiers et un mur élevé qui le sépare de la rue. Le mot vient du terme arabe karm qui veut dire vigne. L’Hotel Casa 1800 de Grenade (qui possède aussi un Hôtel au pied de la cathédrale de Séville), au cœur de l’Albaicin, constitue un choix idéal pour visiter l’Alhambra et vivre une expérience authentique à Grenade.

 

Alhambra
Vue magnifique depuis un Carmen — © Hotel Casa 1800 Granada

 

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