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Basquiat Et Schiele : Les Enfants Terribles

Photo by Lee Jaffe/Getty Images

Rien de plus réjouissant que de pénétrer dans l’édifice aux douze voiles de verre qu’est la Fondation Louis Vuitton pour  découvrir 2 expositions majeures et magistrales. Basquiat et Schiele cohabiteront sous le même toit jusqu’au 14 janvier 2019 partageant la même énergie, l’intensité, la prolixité.

Bien que disparus prématurément à l’âge de 28 ans, ils ont réussi à rassembler des corpus importants et diversifiés, inspirés et parfois soutenus par ces figures paternelles que furent pour Schiele, Gustave Klimt et, pour Basquiat, Andy Warhol.

 

Acrylique et crayon gras sur châssis en lattes de bois croisées.
Jean-Michel Basquiat. Dos Cabezas, 1982. Acrylique et crayon gras sur châssis en lattes de bois croisées. 152,4 x 152,4 cm. Collection particulière © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York. Photo : © Robert McKeever

 

Egon Schiele Danaé 1909 Huile et peinture métallique sur toile The Lewis Collection

 

Artistes  incontournables du XXème siècle, ils peuvent être rapprochés par leur destin, leur fortune et leur thématique commune : « Le Corps » et sa quête d’identité.

Schiele multiplie les autoportraits, quand Basquiat, passionné d’anatomie grâce à un livre offert par sa mère à la suite d’un accident à l’âge de 7 ans, se passionnera pour les corps à part entière.

 

Acrylique, marqueur, crayon gras et papiers collés sur toile montée sur châssis en lattes de bois croisées.
Jean-Michel Basquiat. Santo versus Second Avenue, 1982. Acrylique, marqueur, crayon gras et papiers collés sur toile montée sur châssis en lattes de bois croisées. 153,6 x 121,9 cm. Collection M. et Mme Patrick Demarchelier © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York. Photo : Courtesy of Mr & Mrs Patrick Demarchelier

 

Egon Schiele. Autoportrait au coqueret, 1912. Huile et gouache sur bois. 32,2 x 39,8 cm. Leopold Museum, Vienne. Photo : © Leopold Museum, Vienne

 

Deux artistes, deux styles, mais la même virtuosité, la même rage, la même révolte. Ces 2 génies sont taraudés par quelque chose qu’ils n’ont pas atteint. Ils imposent leur brûlante actualité transcendant le temps. Ils osent regarder l’être humain.

Schiele, au même titre que Basquiat, est observateur de sa génération. Ils cherchent à comprendre et à décrypter leur environnement. Ils deviennent les témoins d’une histoire, d’une époque d’une humeur. Leurs peintures colorées et figuratives sont d’une intensité singulière… la représentation ci-dessous, « Irony of Negro policeman » d’un policier, fournit à Basquiat l’occasion d’un commentaire social, émotionnellement chargé, sur les relations raciales et les luttes de pouvoir.

 

Basquiat – Irony of Negro policeman, 1981 Acrylique et crayon gras sur bois

 

L’amitié et la générosité des plus fervents admirateurs de Basquiat ont permis de réunir des œuvres irremplaçables et décisives dans une carrière dont la brièveté nous rappelle celle de Schiele.

Nous devons tous quelque chose à Jean-Michel Basquiat, un sourire, la fraîcheur de ses couleurs, la lumière sur une génération, la gaieté, la réjouissance, la curiosité, l’expression. On lui doit beaucoup de notre passion pour l’art en général et pour l’art contemporain en particulier. L’artiste absorbe tout tel un buvard, mixant l’apprentissage de la rue à un répertoire d’images, de héros et de symboles issus de cultures les plus diverses.  Il affirme son caractère précurseur pour le XXI siècle. Répétition, collage, inscriptions fonctionnant en réseau font de lui une figure annonciatrice de l’ère d’internet telle que nous la connaissons aujourd’hui.

En résonance à Basquiat s’impose la figure de Schiele. Les 2 expositions forment un ensemble cohérent représentatif du génie des artistes.

Dessinateur compulsif, Schiele traite fondamentalement, non sans narcissisme, à la fois sexualité et mort…

Romantique, observateur, intrépide, implacable et sexué, il interroge sans répit l’existence et le danger. Schiele est fasciné par le cycle perpétuel de la vie, la juxtaposition de la naissance et de la mort.

Basquiat, quant à lui, se reflète comme en miroir dans ses figures de boxeur noir, de musicien de jazz mais aussi comme victime de la brutalité policière. Basquiat semble entretenir un lien organique avec New York des années 80 et sa scène underground.

Egon Schiele reste dans son œuvre, indissociable de cette Vienne de fin de siècle. Il émerge dans une période de tensions ou s’affrontent les traditions d’une monarchie austro-hongroise étouffante et de grands bouleversements intellectuels, sensibles et artistiques.

 Pour info :

Un tableau sans titre de Jean-Michel Basquiat a été vendu, jeudi 18 mai 2017, 110,5 millions de dollars (99,5 millions d’euros) lors d’enchères organisées par Sotheby’s à New York. C’est un record pour le peintre new-yorkais.

 Anecdote :

La mémoire de l’esclavage et de l’Afrique était des sujets récurrent pour Basquiat… Il se lavait cependant au savon de goudron, savon habituellement utilisé pour humilier les esclaves. Il aimait se charger d’histoire, lui donner de la force et la réinventer. Le mot « TAR » souvent inscrit sur ses toiles signifie Goudron en anglais.

Citations :

Basquiat

«I am not a black artist, I am an artist ».

«I wanted to be a star, not a gallery mascot ».

«I wanted to build up a name for myself ».

 

Schiele

«Je ne nie pas avoir réalisé des dessins et des aquarelles à caractère érotique. Mais il n’en demeure pas moins que ce sont des œuvres d’art ».

L’art ne peut pas être moderne, l’art est éternel ».

Qui désavoue le sexe est une ordure qui souille de la plus vile façon ses propres parents qui l’ont engendré ».

 

Où trouver l’expo :

 8 avenue Mahatma Gandhi

75116 Paris

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