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« Non, Le Bitcoin Ne Va Absolument Pas Imploser »

© Getty Images

Sous les feux des projecteurs pendant tout l’été avec sa « scission spectaculaire » en deux monnaies distinctes, le Bitcoin continue d’occuper le devant de la scène et susciter le débat. « Escroquerie » pour certains, « avènement d’un nouveau monde » pour d’autres, Jean-David Bénichou, fondateur de Via.io et investisseur actif dans les « cryptocurrencies » passe en revue, pour Forbes France, l’actualité du Bitcoin.

Pensez-vous, à l’instar du PDG de JPMorgan, que le bitcoin n’est qu’une fraude et qu’il ne va pas tarder à imploser ? Rappelons également que Jamie Dimon a déclaré qu’il licencierait « dans la seconde » un trader qui échangerait de la crypto-monnaie ?

Non absolument pas. Je pense surtout que Jamie Dimon est d’une très grande mauvaise foi. Preuve en est : JPMorgan a essayé de déposer 173 brevets autour de la technologie de la blockchain au cours des trois dernières années tandis que son ancienne directrice générale est devenue la dirigeante d’une société de bitcoins à New York. Il a, mieux que quiconque, parfaitement compris l’enjeu colossal incarné par les cryptomonnaies. Son attitude est une posture purement défensive de sa part afin que les grands mastodontes institutionnels conservent leur pré carré et, surtout, évitent d’accumuler trop de retard. Ces déclarations à l’emporte-pièce ne doivent rien au hasard car elles interviennent au même moment que les investigations de la SEC (organisme de régulation des marchés financiers aux Etats-Unis) et du gouvernement américain qui désirent encadrer les émissions de Token dans le cadre des ICO (Initial Coin Offering, soit l’équivalent de levée de fonds en monnaie virtuelle), marché qui explose et dont les pouvoirs publics sont totalement exclus.

Comment expliquez-vous que ces monnaies virtuelles suscitent de plus en plus la défiance ? La Chine a, par exemple, ordonné la fermeture des plateformes où s’échangent des cryptomonnaies.

Ces monnaies virtuelles suscitent la défiance de tout ce qui est organisé et régulé. Le paradigme de base des cryptocurrencies est justement celui-ci : moins de centralisation, moins de régulation et plus de pouvoir entre les mains des utilisateurs. Si vous êtes un Etat, vous disposez de la souveraineté sur votre monnaie avec des réglementations juridiques et fiscales et tout est réglé comme du papier à musique. Et là vous voyez un « objet non identifié » qui bouscule tous ces codes,  qui échappe à ces contrôles et, surtout, qui attire de plus en plus de capitaux. Pour vous donner un ordre d’idée, la capitalisation boursière des cryptomonnaires est aujourd’hui estimée à 163 milliards de dollars. Forcément, les pouvoirs publics veulent avoir «  la main » sur ce marché, en connaître tous les rouages, et en attendant, ils décrètent – comme vous l’évoquez avec la Chine – un embargo le temps de réorganiser tout cela à leur manière.  Cependant, c’est aller à l’encontre de l’essence même des cryptomonnaies que de les « forcer » à se rallier sous la bannière des régulations nationales. Ces monnaies virtuelles sont l’émanation d’un mouvement libertarien  fondé sur des technologies en Open Source qui reposent sur deux composantes complètement autorégulées, à savoir le réseau internet et la puissance de calcul des ordinateurs qui y sont connectés.

Autre exemple, les levées de fonds en bitcoin (ICO), que vous avez évoquées en creux,  qui commencent à se démocratiser. En France, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a engagé une réflexion sur l’encadrement de ce mode de financement alternatif et appelle à la vigilance. En outre,  l’ICO a souvent tendance à être confondue avec l’IPO. Quelles sont les nuances ?

Il existe déjà, en France, un dispositif réglementaire ayant vu le jour en 2016 qui autorise les « mini bunds » – des mini prêts – à être enregistrés sur des blockchains. Pour en revenir aux ICO, il convient de bien expliquer ce dont il s’agit. Une ICO est totalement différente d’une IPO, même si leur acronyme respectif est presque similaire. Via un IPO vous achetez une action et vous devenez détenteur d’un fragment de la société tandis qu’au travers d’une ICO, vous faites l’acquisition de Tokens et vous devenez propriétaires d’un instrument de paiement, ce qui n’est pas du tout la même chose. La plupart des ICO s’effectuent par l’intermédiaire de fondations, et non de sociétés, qui émettent des Tokens qui ont le statut de cryptomonnaies. Vous n’avez donc absolument pas les mêmes droits dans le cadre d’un ICO et d’un IPO. 

Actuellement, le cours de Bitcoin oscille entre chute brutale et remontée tout aussi galopante. S’agissant d’un marché autorégulé, pensez-vous que la star des cryptomonnaies puisse être délogée de son trône à court terme, voire même disparaître ?

Si le Bitcoin a perdu 30% de sa valeur il y a deux semaines, il a néanmoins récupéré depuis 30% de sa perte. C’est un marché au sein duquel il y aura toujours énormément de volatilité. Je détiens, à titre personnel, des Bitcoins depuis 2012 et j’ai connu des mouvements particulièrement brutaux sur l’évolution du cours. En revanche, je ne crois pas du tout que le Bitcoin est voué à disparaître, je pense même qu’il est destiné à remplacer l’or. Le Bitcoin n’est pas une monnaie au sens strict du terme, mais davantage un coffre à valeur, au même titre que l’or. Il a d’ailleurs les mêmes caractéristiques que le métal jaune : il est infalsifiable et en quantité limité. D’ici cinq années, je pense que la valorisation du Bitcoin aura rattrapé celle du marché de l’or. Je suis intimement convaincu que le Bitcoin est la valeur refuge par excellence.

Que répondez-vous justement  à tous ceux qui prédisent la fin du Bitcoin ?

Il y a toujours eu des oracles de malheur. Ce sont des personnes qui, la plupart du temps, comprennent mal ce qui se passe car ils ne disposent pas, et ne maîtrisent pas, tous les outils technologiques nécessaires pour apprécier la proposition de valeur. D’ailleurs ces gens, le plus souvent issus des milieux financiers traditionnels, sont encore dans l’ancien monde et ne comprennent pas que l’on puisse embarquer sur un bateau pour aller au-delà des mers là où est censé se trouver le néant. Mais finalement, à leur grande surprise, il y a finalement un continent très riche face à leurs yeux. Ils doivent en prendre conscience : le Bitcoin n’est pas prêt d’être rayé de la carte.

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