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Maud Caillaux, cofondatrice de Green-Got : « Votre argent ne financera plus le pétrole, le charbon ou le gaz »

green gotAndrea Ganovelli et Maud Caillaux, cofondateurs de Green-Got

Conscients que l’argent de nos comptes en banque représente le premier poste d’émissions carbone, Andrea Ganovelli et Maud Caillaux ont lancé la néobanque à impact Green-Got en mars 2021. Maud Caillaux a accepté cet entretien pour expliquer en détail comment Green-Got garantit que notre argent ne financera plus directement ou indirectement le pétrole, le charbon ou le gaz, tout en faisant en sorte de contribuer au développement de projets d’énergies renouvelables, d’assainissement de l’eau, de protection des forêts, d’agriculture durable ou encore d’économie circulaire.


 

Quand est née Green-Got et dans quel but ?

Maud Caillaux : Green-Got est née du constat et de la surprise de découvrir que l’argent mis sur un compte bancaire a un impact sur la planète puisqu’il est investi ou permet des investissements dans des projets polluants. Selon le dernier rapport d’Oxfam France, l’argent de nos comptes en banque représente notre premier poste d’émissions de CO2. Cela correspond à 12 tonnes d’émissions annuelles par Français alors que les projections des Accords de Paris recommandent 2 tonnes pour rester en dessous des 2°C.

Le système bancaire actuel finance massivement l’extraction d’énergies fossiles alors que la transition énergétique et écologique a besoin de millions pour se mettre en place et c’est en ce sens que notre argent peut être un catalyseur de solution pour faire avancer le monde sur les enjeux climatiques.

La finance est un domaine clé car les investissements générés peuvent aller bien au-delà des frontières. C’est dans ce but que nous avons créé Green-Got, pour activer cet incroyable levier qu’est la Finance et pour qu’elle fasse partie de la solution et non plus du problème.

 

En quoi consiste votre offre de compte courant ? Dans quelle mesure répond-elle à des enjeux climatiques ?

Grâce à Green-Got vous avez un triple impact : avec votre compte courant, à chaque paiement, vous financez la dépollution des océans, l’achat de parcelles en Amazonie pour les sanctuariser ou encore le développement des énergies renouvelables dans les pays au mix électrique encore très carboné. Ce même compte vous permet de mesurer et contrôler les émissions de CO2 liées à vos dépenses. Enfin, avec votre compte épargne vous financez directement la transition écologique et énergétique. Résultat : plus 1 centime ne finance les énergies fossiles !

Tout ça pour un abonnement tout compris à 6€ par mois, sans frais cachés, ni aucun frais à l’étranger et un service client qui est à votre disposition tout le temps.

 

La compensation carbone n’est-elle pas une manière de se dédouaner de toute responsabilité ?

Si. C’est bien pour ça que nous ne proposons pas de compensation carbone, qui n’a pas vraiment de sens à l’échelle d’une personne ou même d’une entreprise. Nous préférons essayer de prendre en compte l’ensemble des SCOP 1, 2 et 3 dans la réduction de notre impact et favoriser l’investissement dans des projets concrets. Il faut continuer ce travail de pédagogie pour bien faire prendre conscience que la compensation n’est pas une vraie solution.

Avec Green-Got, notre premier impact c’est bien le fait que notre argent ne financera plus directement ou indirectement le pétrole, le charbon ou le gaz. Diminuer le brun en 1 et augmenter le vert en 2, en faisant en sorte que notre argent permette le développement de projets d’énergies renouvelables, d’assainissement de l’eau, de protection des forêts, d’agriculture durable ou encore d’économie circulaire.

 

Quel établissement de crédit assure le cantonnement de vos fonds ?

Nous avons choisi de travailler avec Arkea, une des seules banques à mission en France. C’est une banque bretonne avec une vision très locale du changement des territoires et son savoir-faire technologique apporte une des sécurités les plus avancées dans le secteur. Le Graal serait d’obtenir un agrément bancaire pour devenir nous-même un établissement de crédit mais ça sera pour dans quelques années ; le processus auprès de l’ACPR est long.

 

Les banques traditionnelles proposent-elles vos produits ?

Aucune grosse banque ne propose Green-Got et ce n’est pas sa vocation. Notre idée est bien d’avoir le plus d’impact mais nous avons aussi bien conscience que le temps qu’on devienne aussi gros que BNP Paribas, si ces gros acteurs ne changent pas d’ici là, nous aurons déjà tous les pieds dans l’eau.

On aura un impact de plus en plus fort en ayant de plus en plus de personnes qui utilisent Green-Got, mais notre impact est aussi dans cette communication qui trouve beaucoup d’écho et qui met en lumière ce que font les grandes banques derrière le rideau. Il faut continuer à informer le public sur ces enjeux pour que les grandes banques changent aussi, et vite.

 

Nous pourrons donc arriver à changer les choses par notre compte en banque, une sorte de révolution par le bas en soi ?

Je crois beaucoup en la puissance de notre communauté de plus de 100 000 personnes et qui grossit tous les jours. De nombreuses personnes viennent nous voir en nous racontant qu’ils ont découvert le rôle des banques dans la crise climatique grâce à nous et nos réseaux et qu’ils sont allés voir leur banquier et banquière pour leur dire qu’ils n’étaient pas d’accord. Ce genre d’évènements va se multiplier et va remonter jusqu’aux oreilles des dirigeants des grands paquebots bancaires. Le changement de direction peut prendre un peu de temps mais il faut que nos banques changent de cap dès maintenant.

On continue à expliquer et à alerter sur le fonctionnement système bancaire par exemple. Personnellement, j’ai beau avoir fait une prépa en école de commerce, je n’ai jamais appris comment fonctionne réellement le système financier. Il y a un énorme enjeu d’éducation et si les gens savaient comment fonctionne le système bancaire, cela changerait beaucoup de choses. C’est notamment ce que nous expliquons avec nos vidéos Youtube.

 

 

Dans un récent entretien, Benjamin Pedrini, fondateur d’Epsor, a constaté un manque de transparence autour du label ISR et une situation de monopole dans le monde des fonds d’investissement…

Oui le label ISR est un peu léger, il n’y a pas de critères précis et il se base sur les piliers Environnement et/ou Social et/ou Gouvernance, c’est-à-dire qu’être bon dans seulement un de ces 3 piliers suffit. Or vous pouvez être une entreprise d’extraction de pétrole avec une très bonne gouvernance ! Ce label n’est pas assez contraignant selon nous.

Nous sommes davantage intéressés par le label Greenfin qui est un peu plus strict. Nous nous appuyons sur les labels pour une première sélection puis nous appliquons nos critères, définis avec nos experts, pour être sûrs de l’impact de l’investissement. Notre objectif est de mettre en avant les experts et les méthodologies qui abordent ce sujet et surtout d’être parfaitement transparents.

 

Quels conseils donner aux personnes qui souhaitent trouver l’offre responsable qui leur convient ?

Il y a une offre pour toutes et tous, cela dépend de votre degré de connaissance en finance et du temps que vous pouvez y consacrer. Nous nous proposons une solution tout en un, avec un compte courant et un compte épargne pour suivre en toute sérénité son impact, c’est comme cela qu’on a voulu créer Green-Got.

 

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