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Gabriel Thierry, CEO de Karmen : « Notre solution permet de soutenir les PME en démocratisant l’accès au financement. »

Gabriel Thierry, CEO de Karmen.Gabriel Thierry, CEO de Karmen.

Alors que l’année 2022 a été marquée par des difficultés d’accès au financement traditionnel – avec des levées de fonds plus rares et des prêts bancaires proches du taux d’usure, les entreprises et startup françaises cherchent des alternatives. Gabriel Thierry, CEO et cofondateur de Karmen, nous explique dans ce contexte pourquoi sa solution de Revenue based financing gagne de l’ampleur.

Comment vous est venue l’idée ?

L’idée est venue du constat des difficultés des PME à accéder au digital, notamment dans le cadre de leur gestion financière. L’économie digitale est dès à présent la colonne vertébrale des marchés et ces entreprises sont souvent mal accompagnées par les acteurs bancaires traditionnels, qui finance par exemple beaucoup plus facilement les actifs tangibles comme des locaux commerciaux et très peu les besoins en marketing ou de gestion de stock.

Avant de créer Karmen, je travaillais aux États-Unis pour un fonds de private equity et de venture capital et je me suis rendu compte que le Revenue Based Financing (RBF) était un modèle de financement intelligent qui explosait à l’époque outre-Atlantique et intéressant à importer en Europe.

Le Revenue Based Financing est un financement dont le montant se calcule à partir des performances et de l’anticipation des revenus futurs. Contrairement à la levée de fonds, le RBF est non dilutif et plus facile à obtenir comparé à la dette bancaire.

À qui s’adresse votre solution de financement ?

Nous adressons en majorité les PME et les TPE dans toute la France qui ont besoin de financer leurs projets de croissance- comme le recrutement de commerciaux, l’augmentation de leur budget marketing, leurs stocks, etc.. Ces entreprises ont souvent du mal à capter des fonds, surtout si elles ne sont pas basées à Paris. Chez nous, 55% des entreprises que nous accompagnons sont situées en dehors de la région parisienne.

Comment percevez-vous ce contexte d’incertitude qui se ressent du côté des entreprises dans leur accès aux financements ?

Il y a trois tendances que j’ai identifiées au vu du contexte. Au niveau macroéconomique, je pense que ce n’est pas si alarmant car un retour à la normale est attendu prochainement avec des fondamentaux plus sains et équilibrés.

Cette période est à la fois une bonne et une mauvaise chose de notre point de vue. Il faut être honnête : le resserrement sur les liquidités nous permet de prendre de l’importance. Les taux de crédit bancaire se sont multipliés par 2 voire 3, ce qui rend notre coût plus attractif.. Cette situation contribue grandement à ce que le RBF s’inscrive de manière pérenne dans la structure des capitaux des entreprises.

Néanmoins, il y a aussi un risque avec des entreprises qui se fragilisent à mesure que l’inflation stagne et que le coût de l’énergie et des matières premières continue de progresser. Le RBF se positionne donc comme un chevalier blanc pour continuer de financer des projets. Notre outil dispose par ailleurs d’un avantage technologique pour proposer ce type de financement car les fonds peuvent se débloquer en seulement 48 heures. La plateforme permet aussi de prendre des décisions risquées plus facilement.

Le RBF est donc plus avantageux que l’equity selon vous ?

Ce n’est pas vraiment comparable car les deux montages financiers sont différents et s’adaptent en fonction des besoins. Les acteurs qui souhaitent financer un modèle pérenne sur le long terme vont généralement s’intéresser à l’equity. Tandis que les projets sur le court ou moyen terme vont plutôt se tourner vers le RBF. Mais l’un n’empêche pas l’autre et les deux moyens de financement peuvent être cumulables.

Puisque toutes les PME n’auront pas la chance d’accéder au capital-risque, pourquoi le RBF s’impose comme une bonne alternative selon vous ?

La première raison est le fait que le RBF est 100% non dilutif. Cela signifie que peu importe si vous êtes une TPE, une PME ou une startup, vous garderez toujours le contrôle de l’entreprise. En opposition, quand vous passez par de l’equity, vous faites entrer des actionnaires : même si vous accédez à plus de capitaux et d’expertise, il ne faut pas négliger le fait que l’équipe dirigeante perd en indépendance.

La deuxième raison est que l’accès au financement est plus rapide que dans le cadre d’un prêt bancaire ou d’une levée de fonds. Cela rejoint d’ailleurs notre raison d’être : notre solution de RBF permet de soutenir les PME en démocratisant l’accès au financement.

Le RBF peut notamment aider les entreprises qui ont des besoins en fonds de roulement. Concrètement, un acteur e-commerce doit payer ses fournisseurs, assurer son stockage ou encore financer ses efforts en marketing. C’est là que notre solution peut grandement leur servir.

Est-ce que contexte de contraction des investissements ne signe-t-il pas également une phase d’assainissement – souhaitable – du marché de la tech ?

Je suis d’accord et nous sortons justement à mon sens d’un paradigme économique biaisé où le succès est uniquement jaugé en termes de valorisation. Nous faisons dès à présent davantage attention à la rentabilité et les perspectives de croissance se basent sur des fondamentaux plus sains.

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises pour assurer leur pérennité économique ?

Nous préconisons d’optimiser sa structure de capital pour ne pas devenir totalement dépendant d’un acteur en particulier. Comme je le précisais, il existe des solutions alternatives à l’equity comme le RBF ou la dette bancaire qui permettent d’atomiser les besoins selon les cas d’usage à financer.

Lorsqu’un consommateur souhaite financer un prêt auto, il n’utilise pas sa carte bancaire personnelle. Il n’a pas une seule dette ou un seul patrimoine. C’est la même chose qui s’impose dans le monde des entreprises – en particulier pour les PME : il faut diversifier ses modes de financement.

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