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Après sa victoire face à Exxon, Engine No. 1 tente de réinventer le fonds indiciel

Engine No. 1 surpasse ExxonMobilAprès avoir réussi à obtenir un total de trois sièges au conseil d’administration d’ExxonMobil, la société activiste Engine No. 1 s’apprête à réinventer le fonds indiciel. | Source : Getty Images

Afin de réinventer le secteur des fonds indiciels, Engine No. 1, une petite société d’investissement activiste qui a obtenu un total de trois sièges au sein du conseil d’administration d’ExxonMobil début juin, lance un fonds indiciel coté en bourse (ETF, exchange-traded fund).

 

L’ETF Transform 500 d’Engine No. 1 ressemblera à un large fonds indiciel de marché à faible coût, tout en accordant aux investisseurs un certain pouvoir de décision dans la gouvernance d’entreprise. Avec un ratio de dépenses annuelles de 0,05 %, Engine No. 1 assurera une surveillance active de la gouvernance des sociétés détenues par le fonds. Tout cela sera rendu possible grâce à l’une des plus incroyables campagnes d’actionnariat jamais réalisés dans le monde des affaires.
L’activiste Engine No. 1 assure qu’à l’instar de sa campagne contre Exxon, il tiendra les entreprises responsables de leurs impacts environnementaux et sociaux par le biais d’un vote actif sur les questions relatives aux actionnaires. L’équipe d’investisseurs de la société militante surveillera également activement les performances des conseils d’administration sur plusieurs problématiques, notamment sur la réduction de l’empreinte environnementale de l’entreprise. En outre, elle travaillera en tant qu’actionnaire actif pour améliorer l’ensemble des performances financières à long terme. En plus des impacts environnementaux tels que les émissions de carbone et le changement climatique, Engine No. 1 abordera d’autres enjeux comme l’égalité des genres et l’égalité raciale, la transparence en matière de dépenses politiques et le développement d’une activité sûre qui offre des salaires équitables.

« Il ne devrait pas y avoir de compromis entre l’impact positif et la performance financière. VOTE [symbole en bourse du fonds indiciel, NDLR] sera une solution unique à cette préoccupation de longue date, permettant aux investisseurs indiciels de générer de la valeur à long terme tout en agissant sur les problèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance les plus critiques auxquels ces entreprises sont confrontées », a expliqué Yasmin Dahya Bilger, responsable des ETF chez Engine No. 1.

L’ETF suivra l’indice Morningstar US Large Cap Select et investira dans les 500 plus grandes entreprises américaines. Contrairement au fonds passif Vanguard S&P 500 Index, les investisseurs de l’ETF bénéficieront également d’une équipe d’investisseurs actifs. Ces derniers auront un pouvoir de décision sur les questions relatives aux actionnaires, ils fixeront des objectifs rigoureux aux conseils d’administration et pourront mener avec succès des campagnes visant à modifier les comportements allant à l’encontre des valeurs soutenues par Engine No. 1.

Selon Engine No. 1, cette stratégie poussera les entreprises à favoriser davantage les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). « Trop de stratégies d’investissement durable déplacent l’exposition d’un investisseur loin des entreprises qui doivent changer plutôt que de travailler pour les changer. Nous exploitons le pouvoir des investisseurs d’une nouvelle manière pour créer un impact réel par la manière dont nous votons nos actions et travaillons directement avec les entreprises », a déclaré le directeur général d’Engine No. 1, Michael O’Leary.
Lorsque la société militante Engine No. 1 s’est attaquée à Exxon au début de l’année, peu d’observateurs donnaient une chance à cette petite entreprise aux 250 millions de dollars d’actifs. Après tout, Exxon est le géant du pétrole le plus célèbre à travers le monde, et la petite société activiste ne détenait pas plus de 1 % des actions du groupe pétrolier. Néanmoins, la campagne d’actionnariat d’Engine No. 1 s’est révélée gagnante avec l’élection de trois nouveaux membres au conseil d’administration. Cette victoire est le fruit d’une approche unique.
L’argumentaire présenté aux actionnaires d’Exxon indiquait que les performances financières de l’entreprise de forage étaient tout simplement honteuses. Les équipes d’Engine No. 1 ont détaillé les dizaines de milliards de dollars gaspillés par le géant pétrolier dans des acquisitions, des rachats d’actions inopportuns et des programmes de forage non rentables. En outre, elles ont conclu que le statu quo conduirait Exxon sur la voie de la ruine. Dans une enquête réalisée l’année dernière, Forbes a découvert qu’Exxon faisait partie d’un groupe d’anciennes entreprises américaines de premier ordre qui avaient utilisé des dettes bon marché pour maximiser leur bilan, sans aucun résultat. Le ratio dette nette/revenu d’Exxon a été multiplié par dix en dix ans, selon Forbes.

Outre l’argument économique cinglant, Engine No. 1 a également mis en avant un argument environnemental. Les dépenses inutiles d’Exxon ont eu un coût, a fait valoir la société militante, tout en soulignant que le géant pétrolier n’avait pas investi de manière appropriée dans les énergies renouvelables et les infrastructures à faible émission de carbone. De plus en plus, les services publics favorisent la production d’énergie renouvelable dans leurs dépenses d’investissement. Les grandes entreprises et leurs propriétaires surveillent de près cette tendance et réduisent leurs émissions de carbone pour minimiser leur empreinte environnementale. Ainsi, des constructeurs automobiles tels que General Motors ou Ford ont misé sur les véhicules électriques comme solution pour l’avenir, délaissant le moteur à combustion. Selon Engine No. 1, Exxon n’a pas investi suffisamment pour suivre le rythme de ces changements.
Ces arguments ont su trouver un public réceptif au sein des actionnaires d’Exxon. La campagne de l’entreprise militante a ainsi pu bénéficier de l’aide d’une équipe d’investisseurs très expérimentés dont la crédibilité leur a permis d’obtenir le soutien des principaux fonds indiciels et fonds communs de placement.
Charles Penner, le responsable de la campagne d’Engine No. 1, était associé au fonds spéculatif activiste Jana Partners. Le fondateur du fonds indiciel d’Engine No. 1, Chris James, a créé deux sociétés de gestion d’investissements de plusieurs milliards de dollars. La PDG de la société activiste, Jennifer Grancio, a participé à la création de l’activité iShares de BlackRock, qui connaît un énorme succès. Enfin, le directeur général, Michael O’Leary, a participé à la création du fonds Double Impact de Bain Capital, en collaboration avec l’ancien gouverneur du Massachusetts, Deval Patrick. Ces différents acteurs ont nommé ensemble des administrateurs expérimentés ayant la crédibilité nécessaire pour obtenir le soutien d’investisseurs institutionnels comme Vanguard, State Street et BlackRock.

Ces compétences et ces expériences vont maintenant être intégrées au sein même du fonds indiciel à faible coût, qui vient compléter le fonds spéculatif ESG d’Engine No. 1. L’ETF Transform 500 sera négocié sous le ticker VOTE, soulignant ainsi sa mission d’engagement dans le changement des entreprises.
La société militante a déjà reçu un soutien important : un investisseur institutionnel anonyme s’est engagé à verser 100 millions de dollars en tant qu’investisseur initial du fonds. En outre, Engine No. 1 a conclu un partenariat avec le conseiller virtuel Betterment, dont les actifs s’élèvent à 31 milliards de dollars et qui intègrera le fonds dans ses portefeuilles ESG.

« L’année dernière, nous avons remarqué qu’il y avait cet écart particulièrement flagrant entre les fonds indiciels qui rassemblaient tous ces actifs comme Vanguard et BlackRock. Ils avaient tendance à avoir des résultats inexplicablement catastrophiques lorsqu’il s’agissait de voter leurs actions sur les propositions d’actionnaires liées au climat et au développement durable », a expliqué Boris Khentov, vice-président directeur des opérations chez Betterment.

« Pouvoir participer à ce type de campagne et savoir que mon portefeuille en fait partie est une véritable transformation. Nous pensons que ce produit est révolutionnaire et qu’il va créer sa propre catégorie de produits », a ajouté Boris Khentov.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Antoine Gara

 

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