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Changement climatique : Larry Fink (BlackRock) demande aux PDG de s’investir davantage

Source : Getty Images

Cette année, dans sa lettre aux PDG, le président de BlackRock, Larry Fink, enjoint les dirigeants et les conseils d’administration à intégrer la problématique du changement climatique au cœur de leurs préoccupations stratégiques. Par ailleurs, il encourage les entreprises à mettre l’accent sur les questions de race et d’ethnicité dans leurs stratégies de perfectionnement des compétences et de conservation des effectifs.

 

L’objectif du président de BlackRock est d’inciter les entreprises à s’engager davantage pour soutenir les mesures et les initiatives en matière de changement climatique et de justice sociale. Larry Fink met en avant le rôle des initiatives socialement progressistes dans le développement des entreprises.

Ce message s’inscrit dans la lignée de ses précédentes lettres aux PDG. Dans ces dernières, Larry Fink soulignait l’existence d’une relation entre rentabilité à long terme et objet social. En outre, il demandait aux entreprises de prendre en compte non seulement les actionnaires, mais aussi l’ensemble des parties prenantes liées à l’entreprise. Depuis longtemps, le président de BlackRock sensibilise aux répercussions des actions socialement nuisibles des entreprises sur la valeur actionnariale. En outre, il plaide en faveur d’un objet social fort et d’un engagement envers les parties prenantes comme moyen efficace pour les entreprises de se rapprocher de leurs clients et de s’adapter à l’évolution des exigences de la société.

Cette année, dans sa lettre, Larry Fink met l’accent sur les points suivants.

 

  1. Les répercussions du changement climatique. La crise provoquée par la pandémie mondiale a permis d’insister sur la nécessité de relever le défi mondial posé par le changement climatique, de réfléchir à ses répercussions sur la vie quotidienne et d’y apporter une réponse internationale et ambitieuse. Par de nombreux exemples, Larry Fink montre les potentielles conséquences financières du changement climatique sur les entreprises. Ainsi, certaines entreprises du secteur de l’énergie affichent des dépréciations de plusieurs milliards de dollars, en lien avec le changement climatique, du fait de leurs actifs « échoués ». Quant aux instances de réglementation, elles se concentrent sur le risque climatique dans le système financier mondial. Le président de BlackRock cible également les opportunités possibles en cas de transition énergétique juste et équitable.
  2. L’accélération du mouvement tectonique. La réaffectation des capitaux s’est accélérée encore plus vite que ne l’avait imaginé Larry Fink, et cela même durant la pandémie. Cette évolution a été possible grâce au développement de l’offre et au coût abordable de solutions d’investissement durable. Le mouvement tectonique, induit par les comportements des investisseurs, s’accélérera à mesure que les gestionnaires d’actifs proposeront des portefeuilles indiciels personnalisés à un public beaucoup plus large d’investisseurs. Par ailleurs, ce mouvement progressera d’autant plus quand les gouvernements adopteront des mesures politiques fortes pour répondre aux enjeux climatiques.
  3. La transition vers l’objectif de zéro émission nette. Selon Larry Fink, « nulle entreprise n’est à l’abri d’une profonde transformation de son modèle économique par la transition vers une économie à zéro émission nette, c’est-à-dire une économie qui n’émet pas plus de dioxyde de carbone qu’elle n’en retire de l’atmosphère. » Ainsi, pour se distinguer auprès de leurs parties prenantes, les entreprises devront adopter une stratégie à long terme bien définie pour assurer la transition vers l’objectif zéro émission nette. Ces entreprises inspireront confiance dans leur capacité à gérer cette transition. Pour celles incapables de mettre en place une telle stratégie, les répercussions financières seront importantes.
  4. Les données et le reporting. Pour garantir la transition énergétique, BlackRock demandera aux entreprises de son portefeuille de publier un plan indiquant comment leur modèle économique sera compatible avec une économie à zéro émission nette. Par ailleurs, les entreprises devront préciser la manière dont ce plan s’intègre à leur stratégie à long terme et indiquer dans quelle mesure ce plan a été évalué par le conseil d’administration.
  5. Les questions de race et d’ethnicité. La multinationale américaine spécialisée dans la gestion d’actifs attend des entreprises de son portefeuille qu’elles adoptent une stratégie de gestion des effectifs leur permettant de bénéficier d’une plus grande diversité de talents. Elle estime que les entreprises n’adoptant pas cette démarche auront davantage de difficultés à attirer des clients et des talents, d’autant plus compte tenu des attentes de la jeunesse qui souhaite voir ses valeurs se refléter dans l’entreprise. BlackRock demande donc aux entreprises de son portefeuille de veiller à ce que les informations communiquées en matière de stratégie de gestion des talents reflètent pleinement leurs projets à long terme pour améliorer la diversité, l’équité et l’inclusion.

 

Les recommandations de Larry Fink sur les enjeux climatiques et la justice raciale arrivent à point nommé. Tout d’abord, toutes les parties prenantes (y compris celles non traditionnelles) incitent de plus en plus les entreprises à s’impliquer davantage dans les questions sociales et politiques sensibles. Enfin, le nouveau gouvernement Biden met en avant le concept de citoyenneté d’entreprise.

Le moment choisi est d’autant plus pertinent si l’on considère que la population est plus réticente à croire en la capacité des gouvernements à traiter efficacement des questions sociales sans un partenariat avec le monde de l’entreprise. Concernant les décisions et les stratégies adoptées par les conseils d’administration, les réactions des employés se font plus sévères. En outre, les entreprises sponsors souhaitent avoir une influence directe sur les actions des gouvernants. Les vendeurs, les fournisseurs et les annonceurs repensent leurs relations commerciales en fonction de la position de leurs partenaires sur les questions d’importance publique. Pour finir, les activistes sociaux et les cabinets qui défendent les intérêts du public intentent des actions dérivées pour appuyer le changement social des entreprises.

Le statut de BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, garantit une large audience au message de son président sur le risque climatique et la justice raciale. Les conseils d’administration des entreprises du portefeuille de la multinationale américaine, mais aussi les nombreuses autres entreprises dans le monde entier seront sensibles à ce message.

Toutes ces problématiques interviennent à un moment où les conseils d’administration disposent vraisemblablement d’une marge de manœuvre limitée pour y répondre. En effet, les dirigeants peinent déjà à gérer les répercussions immédiates de la pandémie : ralentissement économique, incertitude politique et résilience des entreprises. Ainsi, les pressions extrêmes et les urgences induites par la situation actuelle limitent forcément la volonté (et la capacité) des entreprises à porter une attention particulière aux questions de responsabilité sociale.

Néanmoins, les conseils d’administration doivent être prêts à s’adapter, et la direction doit être prête à encourager ce changement. Aux États-Unis, le comité d’experts de la National Association of Corporate Director (NACD) a rédigé un rapport, intitulé « Fit for the Future » (« S’adapter pour l’avenir », NDLR) dans lequel le changement climatique est identifié comme une menace existentielle. Toujours dans ce rapport, la NACD recommande aux conseils d’administration de renforcer leur capacité à affronter les enjeux liés à ce phénomène.

À l’avenir, les questions sur la responsabilité sociale sont susceptibles d’occuper davantage de place dans l’agenda des conseils d’administration. Le message de Larry Fink, comme celui d’autres acteurs, contribuera à affirmer que le changement climatique et une stratégie inclusive des talents sont des préoccupations légitimes en termes de gouvernance d’entreprise.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Michael Peregrine

 

<<< À lire également : Le PDG de BlackRock veut que les entreprises éliminent les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050

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