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Singulart : L’Art À Portée de Clics

De gauche à droite : Denis Fayolle, Vera Kempf et Brice Lecompte ©Singulart

Loin de se résumer aux toiles de maître destinées à affoler les compteurs des plus prestigieuses salles de vente du monde, Christie’s et Sotheby’s en tête, le marché de l’art est aussi une entreprise florissante sur le Web portée notamment par des market places prospères. Avec ces 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel en 2018 (un record depuis 1945 !), le secteur ne connaît pas la crise. Tableaux, sculptures, photographies, estampes… ce sont en effet plus de 539 000 lots  qui ont trouvé acquéreurs à travers le monde. Les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni s’adjugent à eux trois 85% du commerce selon la dernière étude d’Artprice (entreprise de cotation du marché de l’art). En France, de nombreuses jeunes pousses essaiment dans ce secteur à l’instar de la galerie d’art en ligne, Singulart, accompagnée à ses débuts en 2017 par Bpifrance à hauteur de 500 000 euros ainsi que par des business angels qui ont investi 1,1 millions d’euros. L’entrepreneure Vera Kempf, co-fondatrice de la start-up, est l’une des porte-étendard de cette Artech qui a aboli plus d’une frontière.

S’émouvoir sur une magnifique esquisse d’un artiste émergent finlandais ou sud-africain depuis son canapé parisien ou londonien et matérialiser son coup de cœur numérique par une commande en ligne est devenu une réalité dans un marché que l’on a longtemps cru élitiste, fermé et à jamais figé. « Le marché de l’art est encore déterminé par pays – avec des biais culturels et des collectionneurs très différents selon les régions. De fait, il est difficile pour les artistes de trouver acquéreur à l’étranger quand ce ne sont pas des grands noms. Grâce à Internet, nous voulons faire sauter les barrières à l’international », introduit Vera Kempf, cofondatrice de Singulart aux côtés de ses associés Brice Lecompte et Denis Fayolle. Déverrouiller un univers qui peine encore à résoudre la double équation de rapprocher le créateur de ses potentiels collectionneurs et de lui permettre de rayonner en dehors du calendrier des grandes foires internationales « où peu de galeries sont admises », est le credo de l’entrepreneure. « Les établissements traditionnels ne vont pas encore sur Internet et les artistes n’aiment pas se vendre », poursuit la vingtenaire qui convient de la nécessité de « faire de la pédagogie ».

Pari réussi en moins de deux ans d’activité puisque Singulart réalise déjà 95% de ses ventes à l’export, affiche une croissance de 700% sur 2018, recense 2 200 artistes de 80 nationalités et des collectionneurs dans 40 pays – du Brésil à l’Algérie en passant par la France ou l’Australie. Au total, la plateforme propose 45 000 œuvres, avec une fourchette de prix allant entre 250 à 200 000 euros l’œuvre – le prix étant laissé à la libre appréciation des artistes. « Nous avons trois profils type : il y a une majorité de cadres supérieurs, attirés par l’art et n’ayant pas le temps de se rendre pendant plusieurs jours dans une foire. Nous avons aussi des collectionneurs avertis en quête d’un artiste précis et à l’affût de nouvelles découvertes ou qui s’inscrivent dans une optique d’investissement. Sans oublier les architectes d’intérieur pour lesquels nous représentons une mine de propositions à destination des projets de leurs clientèles. Enfin, nous avons des primo-accédants qui n’osaient pas sauter le pas de la galerie physique, expérience assez intimidante. Au final, nos clients cherchent avant tout à avoir une émotion face à une œuvre. Le panier moyen se situe entre 2 500 à 3 000 euros », développe celle qui a intégré cette année le prestigieux palmarès Under 30 de nos collègues américains.

Créer de la différentiation

Quant à la sélection des artistes, elle obéit à des critères objectifs : les profils doivent vivre de leur art et avoir acquis des signes de reconnaissance propres au marché dans leurs pays respectifs (distinctions, expositions, publications…). En clair, Singulart veut réunir toute la création contemporaine internationale – après un travail de curation qualitatif – pour faciliter le dialogue artistique entre exposants et amateurs d’art en vue de déclencher le coup de cœur numérique.

L’une des forces de Singulart est sa capacité à « penser global » : déclinaison du site en six langues, une équipe multiculturelle et une logique d’acquisitions comme cheval de Troie. Après le rachat en septembre dernier de leur concurrent britannique, New Blood Art, la start-up peut désormais s’appuyer sur « une expertise de 15 années sur le marché de l’art britannique. L’entreprise est également spécialisée dans les talents émergents en sortie d’école, un secteur que l’on souhaite développer », expose la femme d’affaire. Plus stratégique encore, les ambitions chinoises de Singulart. L’Empire du milieu est une porte d’entrée dans le sémillant marché asiatique : « La Chine est le deuxième marché de l’art contemporain dans le monde et enregistre la plus belle croissance depuis 10 ans. Cela va nous demander du temps pour bien appréhender ce marché, mais c’est un investissement pour l’horizon 2020-2025. Nous sommes en train d’apprendre sur le goût des collectionneurs. C’est une culture différente, nous avons dû retirer certaines œuvres », partage la diplômée de Sciences-Pô.

L’entrepreneure Vera Kempf fait partie des Under 30 européen à surveiller

Parmi les grands sujets qui occuperont le trio fondateur, Vera Kempf, Brice Lecompte et Denis Fayolle, la construction de la « marque » Singulart à travers une couverture des foires ou le développement d’une offre BtoB. Il est aussi question de créer de la différentiation auprès des artistes (data partagée, renforcement de la visibilité, fonctionnalités innovantes…) pour s’afficher comme un acteur incontournable de l’Artech. Enfin, une nouvelle levée de fonds est prévue à la rentrée, objectif : investir le marché de la revente.

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