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Vélos En Libre-Service : La Grande Désillusion

© Getty Images

Longtemps « monopolistique », le marché du vélo libre-service parisien s’est ouvert à la concurrence en fin d’année 2017 et le fameux Vélib’ lui-même a changé de « propriétaire » ralliant la bannière de la PME montpelliéraine Smovengo. Mais les déconvenues pour les nouveaux entrants, à Paris ou ailleurs, se multiplient au point de voir ce marché, pourtant prometteur, flirter avec l’abîme.

Tout beau, tout rutilant, le « nouveau Vélib », après des années de partenariat avec le géant de l’affichage publicitaire JCDecaux, faisait peau neuve en ce début d’année 2018 avec comme nouveau « chaperon » la PME Montpelliéraine Smovengo. La feuille de route était simple : donner un nouvel élan à « une belle endormie » qui s’est longtemps reposée sur ses lauriers, faute de concurrence. Mais c’était sans compter sur l’incursion de Gobee.bike, fin 2017, pionnier du vélo libre-service géolocalisé dans l’Hexagone, et qui ringardisait son illustre devancier, les montures « vert pomme » de Gobee.bike n’ayant, de facto, besoin d’aucune borne de stationnement. Mais l’expérience a malheureusement tourné court. Si la société, fondée par un entrepreneur français mais basée à Hong-Kong, est toujours présente à Paris, elle a revanche déjà retiré de la circulation sa flotte à Bruxelles, Lille et Reims. Raison invoquée : les mauvais traitements subis par les vélos. Dans un communiqué, la start-up expliquait notamment que ses moyens financiers ne suffisaient plus à faire face au vandalisme et vol qui ont touché, dit-elle, 80 à 90% de son contingent de vélos mis en place dans la capitale belge et dans ces deux villes françaises.

Pourtant la promesse était belle, avec en tête de gondole la géolocalisation. Un procédé qui permettait à chaque usager de ne plus être tributaire des « fameuses » bornes et ainsi disposer d’une marge de manœuvre accrue pour déposer sa bicyclette sur un simple parking à vélos.  Finis ainsi les sempiternels détours pour trouver une borne avec des places disponibles. Une petite « révolution » à laquelle les services de scooters en libre-service comme CityScoot ou encore Coup ont déjà souscrit, faisant de la géolocalisation leur marque de fabrique. Le mode opératoire de « location » diffère également du « grand frère » Vélib’. Les « montures » vert pomme de Gobee.bike sont ainsi disponibles par l’intermédiaire d’une application mobile, celle-ci permettant aux usagers de localiser les vélos à proximité. Ils pourront, une fois le choix effectué, les déverrouiller via un QR Code unique. Une fois l’usager arrivé à bon port, les vélos pourront être déposés sur un parking dévolu à cet effet et, pour mettre officiellement un terme à la location, l’utilisateur n’aura qu’à abaisser manuellement un verrou situé sur la roue arrière. 

Vélib’ n’en profite pas

Seulement voilà, ce modèle semble « déjà » avoir vécu. Si Gobee.bike, comme évoqué en préambule, reste présent à Paris où la jeune pousse est en concurrence notamment avec le chinois Ofo et le singapourien O’Bike, d’autres acteurs ont définitivement quitté la scène.  Dernier en date : la société BiCycle, numéro un du secteur des vélos en libre-service en Chine, qui a annoncé la fin de ses activités seulement six mois après son lancement. Dans un communiqué, BiCycle justifie l’arrêt de ses activités par un remaniement de sa direction exécutive. Elle ne précise pas ce qu’elle va faire de ses vélos mais indique qu’elle remboursera les dépôts de garantie jusqu’au 12 février. Quelques mois auparavant, en novembre, c’est Bluegogo qui avait mis la clé sous la porte. A l’instar de Gobee.bike, ces deux protagonistes disséminaient des vélos dans des villes et offraient à leurs utilisateurs la possibilité de trouver un vélo libre via une application sur leur smartphone, de le louer puis de le laisser là où ils le souhaitaient.

Une véritable « crise de croissance » pour cette activité du vélo partagé sans borne dont les utilisateurs ne prennent pas véritable grand soin. Doux euphémisme. Plusieurs internautes avaient même publié sur les réseaux sociaux le cliché d’une monture estampillée Gobee.bike sur le quai d’un métro… Dans ce contexte de déconfiture et de flou artistique, l’occasion était trop belle, à Paris, pour le Vélib « New Look » de retrouver son trône après avoir été sévèrement bousculé par l’arrivée de ces impétueux fantassins. Que nenni.  La « transition » JCDecaux – Smovengo ne s’est pas faite sans heurt et les retards de livraisons de vélos dans les stations se sont multipliés. Au point de déclencher le courroux des Parisiens, peu connus pour leur patience.

Les usagers Vélib’ en colère

Au point de voir Anne Hidlago, l’édile de Paris monter au front et menacer la PME montpelliéraine de lourdes sanctions financières.  « Changer d’opérateur est une chose compliquée. Mais cela ne justifie pas pour autant les retards », développe Anne Hidalgo qui se dit également favorable au remboursement des usagers pour les mois de janvier et de février. Les usagers Vélib’ ont battu le rappel et fait part de leur colère devant la lenteur du processus, se servant des réseaux sociaux comme exutoire. Et pour cause : alors que 600 stations auraient dû ouvrir le 1er janvier , seulement 220, soit moins de la moitié, étaient disponibles le 5 février. « La seule façon de ne pas avoir de problème avec Vélib’, c’est de renoncer à l’utiliser », tweetait une utilisatrice désabusée.  Le retour à l’ordinaire s’annonce particulièrement long et fastidieux.

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