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Gilles August : « Il faut juste que les plus brillants viennent conseiller les meilleures entreprises »

august debouzy

INFLUENCE  | Gilles August est l’un des deux fondateurs du cabinet d’avocats August Debouzy, qui compte parmi les plus importants en Europe. Dernière recrue en date, le célèbre économiste Nicolas Baverez. Nous avons demandé à Monsieur August comment et pourquoi son cabinet rallait autant de stars.

 

Pourquoi y a-t-il autant d’éminentes personnalités chez August Debouzy ?

GILLES AUGUST : Il faut remonter à l’origine de la création du cabinet August Debouzy. La véritable force de notre association, à Olivier Debouzy et moi, ce sont nos différences. Olivier est énarque, passionné par les questions de défense et de dissuasion nucléaire, là où j’avais un cursus école de commerce-droit plus classique. Olivier était capable d’avoir une vision différente sur le monde des affaires, de voir des angles qu’un simple juriste n’était certainement pas en mesure d’observer. C’est l’association de nos compétences qui a fait que nous étions armés pour toutes les clientèles de France ou d’ailleurs. Nous étions en capacité de répondre à des objectifs stratégiques multiples. Au fil des années, c’est l’addition des métiers et des talents qui a fait de ce cabinet une firme « full service ».

Cette diversité de profils, des économistes, polytechniciens, personnalités de la sphère publique comme des anciens ministres a créé une addition d’intelligences permettant de prendre de la hauteur et de prodiguer des conseils stratégiques toujours plus qualitatifs aux clients : le principe du « think outside the box » est devenu une nécessité.

 

Les personnalités que vous recrutez apportent du réseau ?

G.A. : Bien sûr. Cela dit, chacun d’entre nous est un entrepreneur et a intérêt à développer sa clientèle. L’intérêt pour nous est d’avoir des personnalités qui savent confronter leurs points de vue. Aujourd’hui, les membres du cabinet parlent près de 14 langues, nos avocats interviennent dans plus de 50 universités et écoles à travers le monde, tout cela permet naturellement le rayonnement du cabinet à l’international. Le critère important pour notre structure, c’est avant tout d’être original. Mais la compétence juridique reste la base de départ.

 

Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, qui a côtoyé les grands de ce monde, a-t-il une capacité plus forte que d’autres dans le networking ?

G.A. : Elle est indéniablement très forte, mais au sein du cabinet, chacun est unique dans son domaine.

 

Par ailleurs, comment le fait de s’entourer de personnalités telles que Bernard Attali ou l’essayiste Nicolas Baverez est-il perçu à l’extérieur ?

G.A. : La variété des positions intellectuelles de nos associés montre que nous n’avons pas d’exclusive. Il faut juste que les plus brillants viennent conseiller les meilleures entreprises. Le bénéfice de notoriété que nous recueillons, je ne le recherche pas, mais je l’accueille avec satisfaction.

 

Pour dire les choses clairement, l’observateur que je suis se dit que si Bernard Cazeneuve, ancien chef du gouvernement de la France, rejoint August Debouzy et pas un autre cabinet, c’est sans doute parce qu’August Debouzy est très puissant et très compétent… Sa réputation rejaillit sur la vôtre.

G.A. : Oui, certainement. Je précise que Bernard Cazeneuve était avocat chez August Debouzy avant d’assurer ses fonctions au plus haut niveau de l’État. Selon notre process de recrutement, un associé doit recueillir le vote unanime des 38 associés du cabinet. Si une seule personne s’oppose à l’arrivée proposée, le candidat est refusé ! Mais cela n’est jamais arrivé.

 

Ces « stars » coûtent cher ?

G.A. : Pas particulièrement. Leur rémunération est celle d’un avocat d’affaires classique. Nous ne sommes pas un métier capitalistique, ce qui veut dire que personne ne paye pour devenir associé.

 

Est-ce comparable aux banques qui, elles aussi, recrutent des anciens ministres ou diplomates, comme senior advisor ?

G.A. : Non, ce n’est pas comparable. Chez nous, ces personnalités sont avocat de plein exercice. Bernard Cazeneuve était avocat avant d’être une personnalité de premier plan. Il est tout simplement revenu dans le cabinet où il pratiquait. Emmanuelle Mignon, ancienne conseillère de Nicolas Sarkozy, était magistrat au Conseil d’État. Elle bénéficiait donc d’une passerelle vers le métier d’avocat. Quant à l’économiste Nicolas Baverez, il était également magistrat à la Cour des comptes. Bernard Attali, conseiller Maître honoraire à la Cour des comptes aurait pu aussi devenir avocat, mais il a préféré le titre de senior counsel comme le diplomate Pierre Sellal.

 

Quand vous recrutez des personnalités politiques, vous veillez à ce qu’elles partagent vos convictions ?

G.A. : Non. Je suis un gaulliste-chiraquien depuis toujours, donc pas du même bord que Bernard Cazeneuve, par exemple. Chacun est libre d’avoir ses convictions.

 

Vous évitez quand même les extrémistes du RN ou de la France insoumise ?

G.A. : Des gens aux opinions extrémistes ne seraient pas les bienvenus. Nous n’excluons jamais personne, mais nous ne sommes pas en accord avec des conceptions contraires au droit et à la justice. Des gens qui s’opposent à la Constitution ou à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, nous nous trouverons immédiatement en face d’eux.

 

Vous essayez de respecter un équilibre politique au sein du cabinet ?

G.A. : Non. C’est le hasard des rencontres et des intelligences.

 

Nombre d’anciens ministres ou parlementaires qui deviennent avocats font de la médiation. Pourquoi ?

G.A. : La médiation est un métier qui n’est pas nécessairement exercé par des avocats. Elle nécessite des qualités de stratégie, de psychologie, d’analyse transactionnelle, plus que des compétences en droit. Cela consiste à juger en équité plutôt qu’en droit. Cette pratique implique une absence de conflits d’intérêts difficile à obtenir dans un cabinet tel que le nôtre qui représente 1 200 clients par an. Nous sommes très vigilants sur l’éthique, c’est dans notre ADN.

 

Bernard Cazeneuve vient d’annoncer qu’il lançait son mouvement politique. Ça vous impacte ?

G.A. : Non, il est parfaitement libre de le faire. Chacun des associés du cabinet fait ce qu’il veut. Quand vous travaillez avec des intellectuels, moins vous les contraignez, mieux c’est.

 

Avoir un ancien président de la République chez August Debouzy, ce serait une consécration ?

G.A. : Nous parlons à toutes les personnes qui ont envie de nous rejoindre. La question est plutôt de savoir si nous avons plus besoin d’un ancien chef d’État que d’un spécialiste en biochimie moléculaire ? Je ne sais pas. En revanche, la certitude, c’est qu’il faut apporter à nos clients du conseil stratégique à très forte valeur ajoutée !

Je sais que dans les prochaines années, l’IA va révolutionner notre métier, mais je suis convaincu que l’humanité aura toujours besoin d’intelligence naturelle, appuyée par l’intelligence artificielle. Et non l’inverse !

 

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