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Santé, l’heure de la disruption ?

5g@GettyImages

Le secteur de la santé est confronté à de nombreux enjeux. Nous sommes allés à la rencontre de Patricia Baudier, professeur en marketing digital à l’EM Normandie Business School. Après 28 ans passées au sein de grandes entreprises américaines (Apple et Kodak), elle a préparé son doctorat au sein de l’IMT Business School et de l’université d’Evry. Ses recherches portent sur l’acceptation des technologies dites de rupture (Disruptives). Elle est l’auteur d’un livre « le lexique du digital » et de plusieurs articles publiés dans des revues académiques.

Patricia Baudier, qui êtes-vous ? Quels sont vos sujets de recherche ?

Je suis une éternelle étudiante, très curieuse j’aime analyser les motivations et freins à l’adoption des nouvelles technologies. Toutes les technologies qui viennent modifier la façon dont nous vivons, communiquons, travaillons m’intéressent dans tous les secteurs d’activité (Finance, Luxe, Marketing, Art, Santé…).

Mes sujets de recherche portent principalement sur l’impact des technologies disruptives comme:

-La digitalisation : la transformation digitale du secteur de l’audit, l’industrie 4.0 et les technologies disruptives.
l’intelligence artificielle (IA) : ses apports pour le secteur de la santé, son impact sur le monde de l’art, la perception des robots influenceurs par les marques de luxe et par les individus, l’utilisation des chatbots pour la gestion des services clients.
la blockchain : la blockchain et les services financiers, la blockchain et le vote en ligne, vers une meilleure traçabilité des produits dans le secteur du luxe, la blockchain et les principes de banques responsables (ONU), la blockchain et le don.
les objets connectés : l’acceptabilité de la maison connectée, les montres connectées, les bracelets connectés et la santé, le paiement sans contact en Asie et Europe pendant la pandémie de COVID-19.
– la télémédecine : l’acceptabilité par les étudiants des cabines de télémédecine, quel est le futur des cabines de télémédecine ? Enfin, COVID-19 et téléconsultation avec une analyse comparative entre plusieurs pays (Chine, France, Italie et UK), et la transformation digitale du secteur de la santé.

Quelles sont les principales innovations en matière de santé dans le monde  ?

Les innovations en matière de santé sont nombreuses comme l’impression 3D, le métaverse, la robotique, l’intelligence artificielle, la blockchain. Ces technologies doivent notamment contribuer à soutenir et former le personnel soignant, à apporter une meilleure prise en charge et du bien-être aux patients, tout en limitant les coûts…

Impression 3D
L’impression 3D permet de créer des organes adaptés à la morphologie de chaque patient à des prix qui restent raisonnables. De plus, ces organes synthétiques permettent aux étudiants en médecine de pouvoir s’entraîner sans risque.

Métaverse
Comme l’impression 3D, le métaverse est utilisé en médecine afin de former les étudiants.

Robotisation et IA
Les robots (sous la forme de bras robotisés) ont fait leur apparition au sein des blocs opératoires dans les années 80. Il est désormais courant de faire appel à des robots en salle d’opération. De plus, la robotisation permet à un chirurgien à distance, quel que soit sa localisation, d’effectuer des opérations parfois délicates nécessitant l’intervention d’un spécialiste.
L’utilisation de robots s’est avérée très utile pendant la pandémie de COVID-19 en limitant les contacts entre humains tout en fournissant un soutien aux patients, comme par exemple la désinfection d’une pièce (chambre ou autre) en évitant la contamination et en contribuant ainsi à la réduction des infections nosocomiales ou l’accueil des patients COVID-19 en prenant leurs température et taux d’oxygène. Les robots aides-soignants peuvent aussi transporter des produits (médicaments ou autres produits) ou des patients. Ils sont principalement utilisés au Japon et aux USA.
Les robots peuvent aussi être utilisés à domicile pour la surveillance de personnes nécessitant une prise en charge (désinfecter, aider, surveiller et alerter etc.). Ces robots dits sociaux doivent interagir directement avec les patients. La plupart ont des caractéristiques anthropomorphiques afin d’augmenter l’acceptabilité et de faciliter la communication.

Intelligence Artificielle
Comme vu précédemment l’IA a permis le développement de robots, elle permet aussi d’aider les médecins pour la détection ou l’évolution d’une maladie, on parle alors de médecine prédictive. L’IA est souvent utilisée afin d’établir un diagnostic, de prescrire un médicament mieux adapté… grâce à des outils d’aide à la décision. J’ai lu que l’intelligence artificielle pourrait permettre au secteur de la santé de faire un bond en avant équivalent à celui fait grâce à l’avènement des rayons X.

Blockchain
Une des principales caractéristiques de la blockchain est de garantir la confidentialité des données, ce qui s’avère primordial compte tenu de la teneur des données stockées et traitées. De plus, ces données doivent être mises à jour et doivent être transférées entre médecins en toute sécurité (exemple : dossiers médicaux des patients). Certaines données sont collectées grâce à des objets connectés, la blockchain aide au stockage de ces données. Enfin, la blockchain permet de certifier l’origine des produits et d’éviter ainsi la contrefaçon comme par exemple les médicaments.

Quelles sont vos observations sur l’innovation en Asie ?

l’Asie est très en avance concernant l’utilisation de robots en contact direct avec la patientèle. Pendant la Pandémie, certains hôpitaux utilisaient des robots humanoïdes qui filtraient et guidaient les patients limitant ainsi les risques de contamination. Il existe aussi aux USA et au Japon des robots infirmiers qui communiquent avec le personnel soignant. Le personnel soignant indique au robot leurs besoins (médicaments/matériel etc.) via SMS et le robot effectue la livraison directement dans la chambre du patient, leur permettant ainsi de consacrer plus de temps à des tâches à plus forte valeur ajoutée. En 2015, le Japon a développé un robot Ours du nom de Robear qui a pour mission d’assister dans leurs déplacements les personnes à mobilité réduite. Il peut soulever des patients jusqu’à 130 kilos et est particulièrement apprécié par les enfants. Enfin, Taiwan utilise dans certaines unités gériatriques des robots en soutien de personnes atteintes de démence.
Ces robots viennent en soutien du personnel soignants afin de les décharger de taches pénibles ou chronophages.
Cette liste n’est pas exhaustive, il existe de nombreux projets utilisant les technologies disruptives en médecine.

En France, quelles sont les tendances et innovations à venir ?

Selon l’institut Montaigne (2018), la France souhaite développer un pôle de compétitivité et d’attractivité à l’échelle internationale en créant un label French Healthcare en favorisant et simplifiant les échanges entre acteurs de la santé. Les besoins de financement dans ce secteur sont très importants pour aider les Medtechs et les Biotechs. Selon BPI France (2023) , les Medtechs au nombre de 1300 représentent un CA de 28 milliards € . Il faudra donc soutenir les entreprises innovant dans ce secteur. Enfin, si les technologies disruptives notamment les robots (de services ou sociaux) sont déjà largement utilisés dans les hôpitaux aux USA et en Asie ce n’est pas encore le cas en France il faut donc « faire des hôpitaux des acteurs centraux de la diffusion de l’innovation ». Les quatre leviers identifiés par l’institut Montaigne pour l’innovation en santé sont de former et d’identifier « des hommes et des talents », « de créer un écosystème puissant et visible » de proposer des « financements», et enfin d’« établir un environnement réglementaire propice à un accès rapide et sécurisé du patient aux meilleures innovations ».
Il faudra aussi s’interroger sur les apports de l’IA en médecine afin de proposer une médecine de plus en plus personnalisée et ciblée aussi bien en terme de traitements que de médicaments. De plus, se pose a) la question de l’utilisation des objets connectés et en quoi ils permettent d’améliorer le suivi médical des patients et b) des usages de ChatGPT en médecine. Enfin, toutes ces technologies doivent être encadrées afin de protéger les données des patients, de lutter contre le « hacking ».

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