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Maud Bailly, La Star Du Digital

Maud Bailly

Maud Bailly aime la vitesse. Celle qui est aujourd’hui, à 40 ans, la Chief Digital Officer (CDO) du groupe hôtelier Accor a toujours mené sa carrière, sa vie et ses engagements tambour battant. Alors une rencontre avec Maud Bailly, ce sont des images fortes, des concepts, des punchlines. Et quelques convictions aussi.

 

Maud Bailly, beaucoup l’ont découverte grâce à une vidéo captée lors d’une conférence intitulée « Voyage en intelligences » et à une image, celle du sachet de thé. Autour d’une table, plusieurs personnes débattent de transformation des entreprises, de digitalisation. Quand la CDO du groupe Accor prend la parole, c’est pour tenter d’expliquer le concept de matricialité : « Comme tout le monde doit se digitaliser, comme tout le monde doit se disrupter, je n’existe que dans ma propension à me diffuser et à être approprié. Donc, je suis un sachet de thé. » Pour elle, un concept fort vaut mieux que de très long discours. En quelques jours, la vidéo est devenue virale. Et Maud Bailly, une star du digital.

En France et à l’international

Nul ne sait si c’est ce concept qui a séduit les jurés qui lui ont remis un Next Leaders Award en 2018, mais une chose est sûre, Maud Bailly est désormais l’une des femmes digitales les plus suivies et les plus observées. Les plus jalousées, peut-être aussi.
La rançon du succès pour cette inspectrice des finances, diplômée de Normale sup, de l’ENA et de Sciences-Po. Loin des clichés d’une haute fonction publique déconnectée des réalités, elle réalise à très grande vitesse, pendant quatre ans, des missions d’audit stratégique en France. Elle commencera par numériser les données de la BNF, avant de vérifier des trésoreries et des centres de douane et d’auditer les Voies navigables de France (VNF). Elle exerce aussi à l’international avec des missions de benchmark des stratégies de réforme de l’État, d’assistance pour la Banque mondiale au Burkina Faso ou pour l’ONU à la suite du séisme en Haïti.
À peine le temps de souffler que Guillaume Pepy, le président de la SNCF, lui propose de rejoindre son cabinet. Elle accepte, mais pour suivre une formation de cheffe de gare, avant d’être nommée directrice de la gare de Paris Montparnasse et directrice déléguée de l’animation du produit TGV sur la région de Paris-Rive gauche. C’est elle qui a fait venir les pianos dans les gares. Anecdotique, mais révélateur du personnage ! En 2014, elle devient directrice des trains. Sa mission : l’animation du réseau et surtout la transformation du métier des 10 000 contrôleurs et 3 000 agents d’escale. Consolidation, transformation. Encore.

En mai 2015, nouveau virage. Digital, cette fois. Maud Bailly rejoint le cabinet de Manuel Valls, alors Premier ministre, pour devenir cheffe du pôle économique, chargée des affaires budgétaires, fiscales, industrielles et du numérique. Elle s’empare du périlleux chantier de la transformation digitale de la sphère publique et pilote en direct des dossiers ayant trait à l’open data, à la modernisation du système informatique de l’État et aux nouveaux usages du numérique. Elle quitte Matignon en décembre 2017 pour rejoindre l’Inspection générale des finances où elle dirige une mission sur les enjeux du véhicule connecté. Mais déjà Maud Bailly imagine la suite de sa carrière. Dans le privé.
Son profil est recherché. Elle le sait. Alors elle prend son temps pour mûrir les différentes propositions. Les patrons du CAC 40 rêvent d’accrocher cette étoile du digital. Ils patientent. Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, va être le plus motivé. Quand il rencontre Maud Bailly à un « Dîner du siècle », un club très select de patrons, il est sous le charme. Mais il ne sait pas encore quel poste lui proposer. Son groupe n’est pas vraiment en avance en matière de digital. Sans véritable stratégie numérique, il s’est fait tailler des croupières par les géants Booking et Hotels.com.

En avril 2017, Maud Bailly signe pour un poste de Chief Digital Officer, en charge du digital, de la distribution, des ventes et des systèmes d’information, membre du comité exécutif du groupe Accor. Sa feuille de route est simple : accompagner l’évolution d’un portefeuille passé de 12 à près de 30 marques, au sein d’une équipe de plus de 1 500 personnes au service de plus de 100 pays. Insuffler une vraie culture numérique globale dans le groupe. Pas simple dans une entreprise où l’un des deux fondateurs, Gérard Pelisson, avait longtemps interdit les ordinateurs ! Maud Bailly doit donc « infuser » dans la matrice pour transmettre à ses collaborateurs le droit à l’erreur, l’audace d’arrêter ce qui ne fonctionne pas, la culture du produit, le sens du travail en codesign, le culte de l’usage…

Accompagnement et transformation

Une évangélisation que la CDO poursuit hors de la tour Accor d’Issy-les-Moulineaux. Elle explique les enjeux de performance et de transformation digitale aussi bien aux élèves de l’ENA et de Sciences-Po que dans des écoles de commerce privées. Elle fait aussi du coaching pour des femmes défavorisées et du mentoring, notamment au sein de l’association Prométhée Éducation. Pour cette fille d’enseignant de banlieue parisienne, c’est une façon de rendre une partie de ce qu’elle a reçu.
En mai 2018, Maud Bailly a également rejoint le Conseil national du numérique, un cercle de 30 personnes nommées par le secrétaire d’État chargé du Numérique, qui travaille sur différents sujets liés au digital, avec un focus sur les enjeux et perspectives en France de la transition digitale sur la société, l’économie, les entreprises, les organisations, et les territoires. Car Maud Bailly a des convictions, notamment en matière de mixité dans l’entreprise. « La diversité est un levier de performances collectives », explique-t-elle. Cela tombe bien, Accor est signataire du programme d’égalité HeForShe lancé par l’ONU. Elle a commencé par rebooster des programmes internes tels que le WAAG – Women at AccorHotels Generation –, un réseau mixte international qui lutte contre les stéréotypes sexistes à travers des actions de sensibilisation. Et elle ne compte pas en rester là. Un nouveau programme, RIISE, démarre pour accélérer le mouvement. Next step ? « Mon fil rouge est l’accompagnement et la transformation, après tout est possible », assure cette jeune mère d’une fille de 6 ans.

Pour l’instant, elle est concentrée sur le tout nouveau programme de fidélisation Accor Live Limitless (ALL), qui a été annoncé à grand renfort de communication, notamment avec le partenariat signé avec le PSG. Reste à en inventer le contenu. Et vite !

 

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