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Football Leaks : « Il Existe Une Forme D’Acharnement Contre Le PSG »

Getty Images

Agent d’image de Raphaël Varane pendant plus de 8 ans, et actuellement agent d’image de Lucas Hernandez et Kevin Gameiro notamment, Frank Hocquemiller, fondateur de VIP-Consulting et HAT-TRICK Management, revient pour Forbes sur les révélations « Football Leaks » concernant le PSG et pointe une volonté de nuire sciemment au club de la capitale.

Quel est votre sentiment sur les « Football Leaks » ? Ces révélations vous étonnent-elles ?

Cela ne m’étonne pas plus que cela.  En revanche, le « timing » me surprend davantage. Cela donne l’impression d’un véritable acharnement autour du ‘cas’ Paris-Saint-Germain.  Je conçois que de telles révélations puissent troubler l’opinion publique mais il convient de garder à l’esprit que le football est un immense business. Nous sommes, pour aller plus loin, au sein d’une véritable industrie du spectacle. Dès lors, lorsque vous êtes l’organisateur de diverses compétitions, vous vous devez de faire attention aussi bien au « petit Poucet » qu’à celui et à ceux qui font et assurent le spectacle. A travers les Football Leaks, on essaie d’instiller l’idée que ce sont les clubs les plus puissants qui sont favorisés, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. C’est avec les plus forts qu’il faut discuter car ce sont eux qui disposent des plus gros budgets et qui sont les puissances régnantes de ce sport. Qu’on le veuille ou non, sans argent, il n’y a pas de spectacle. Ce sont les mêmes qui s’offensent aujourd’hui que le PSG puisse être soi-disant avantagé et qui poussaient des cris d’orfraie quand nos clubs de Ligue 1 étaient incapables d’aller loin en Ligue des Champions et que nous étions, globalement, les derniers de la classe en Europe.  Attention, encore une fois, je ne dis pas qu’il faille favoriser les plus grands clubs, j’affirme juste que ceux-ci doivent être les principaux interlocuteurs car ils assurent l’essentiel du spectacle. Si vous pensez que le Real Madrid, le Bayern Munich ou la Juventus de Turin qui jouent les premiers rôles en Ligue des champions n’ont pas eu quelque traitements de faveur de temps en temps alors vous avez tout faux.

Vous estimez donc qu’il serait naïf de croire que le PSG est avantagé par rapport à ces grands d’Europe que vous mentionnez ?

Tout à fait. Ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. Je pense que ce qui dérange, pour revenir plus spécifiquement sur le cas du Paris Saint-Germain, c’est que le club se construit et se finance avec des capitaux étrangers. C’est ce qui passe relativement mal auprès du public français. Il est assez démagogique, à mon sens, de « taper » sur ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Cela revient à des raccourcis très « franco-français » comme clouer au pilori tous les patrons.  Sauf que sans patron il n’y a pas d’entreprise et sans entreprises il n’y a pas d’emplois.  Ce sont ceux qui prennent les risques qui sont le plus exposés et qui, en cas de succès, de facto, en récoltent les fruits. Ce « système » dénoncé par les Football Leaks fait vendre du papier et laisse aussi libre cours à des raccourcis très périlleux. L’industrie du football a besoin d’être alimentée et elle ne peut l’être que par l’argent.  Je suis un véritable amoureux des valeurs du sport mais je ne suis pas naïf au point de penser qu’on peut jouir d’un beau spectacle sur la pelouse sans argent.  Sans moyens financiers vous n’avez pas les meilleurs et vous n’êtes, par voie de conséquence, pas compétitifs. Et parfois même vous avez une magnifique équipe et vous ne parvenez pas à en tirer la quintessence. Le football n’est pas une science exacte, et c’est justement ce qui plaît autant aux quatre coins du monde.

Parmi les raccourcis que vous évoquez figurent en première ligne les fameux 375 000 euros versés à Neymar pour « aller applaudir les spectateurs ». Comment expliquez-vous que cette « révélation »  largement incomplète se soit aussi rapidement répandue dans les médias ?

Peut-être parce qu’en France, mais pas seulement, le quotidien est difficile pour la majeure partie de la population.  Ces révélations, parfois erronées, au mieux incomplètes, font vendre du papier et font parler. Attention, une fois de plus je ne dis pas que le secret doit être la règle. Je trouve simplement qu’au sein d’enquêtes de ce type on n’explique pas suffisamment les choses. Cela permettrait au lecteur de mieux appréhender les rouages de ce système. Certains joueurs de football sont loin d’être irréprochables, mais avec un minimum de contextualisation, on pourrait également mieux comprendre certains aspects de leur quotidien. Cela va dans les deux sens. Le « dossier » de la prime éthique de Neymar est plus complexe que se borner à dire « tu vas applaudir les supporters en échange de 375 000 euros ». La prime éthique a été mise en place, au sein des clubs, pour plusieurs raisons : financières ou fiscales mais également, comme je l’évoquais plus haut, parce que les joueurs n’ont pas toujours le comportement adéquat et exemplaire qu’ils devraient avoir.  Certains, dans leur tour d’ivoire, n’appréhendent pas le monde de la même façon que les supporters, par exemple. Cette prime sert à les « ramener à la réalité ». Elle ne se limite donc pas, loin de là, à aller applaudir les supporters mais également à se conformer au règlement intérieur du club, à faire montre de discipline ou encore à respecter l’institution. D’ailleurs, on parle de Neymar mais tous les joueurs sont logés à la même enseigne. Neymar est « mis en avant » car c’est celui qui gagne le plus et dispose donc d’une prime éthique en adéquation avec ses revenus.   Voilà où je voulais en venir lorsque je disais qu’il est fondamental de disposer de tous les éléments pour comprendre et appréhender la réalité des faits.

La cote d’amour du PSG n’est pas au plus haut en France. Ces épisodes pourraient-ils lasser les propriétaires qataris du club ? 

Je ne pense pas. Il existe, sans conteste, une différence culturelle mais je doute qu’ils se lassent. Ils sont présents depuis suffisamment longtemps dans le sport français (depuis 2011 au PSG, ndlr) pour comprendre comment fonctionne le système.  Les propriétaires qataris savent pertinemment que la vie d’un club n’est pas un long fleuve tranquille. Et puis, cela fait vendre de parler de l’argent du Qatar, du PSG et de, parfois, multiplier les amalgames.  Mais aujourd’hui les clubs de football sont des grandes entreprises, et pour certains des multinationales. Quand un patron dispose d’une rémunération confortable, soyez certains que c’est parce qu’il rapporte 10 fois plus à l’entreprise. Les clubs de football sont dans la même logique : être le plus compétitif possible, et vous n’attirez pas les meilleurs joueurs avec autre chose que de l’argent et un projet sportif. Et le PSG réunit, aujourd’hui, ces deux éléments.  Incontestablement.

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